S. m. (Médecine) les corps vivants dans l'état de santé ont un mouvement perpétuel produit par l'organe vital et particulier, mais indépendant de l'organe animal. Le mouvement vital qui procede d'irritation devient d'autant plus grand, que la cause qui lui donne naissance agit avec plus de force. Il n'en est pas de même du mouvement animal, qui ne peut s'augmenter que par une cause très-violente. Mais si cette loi de la nature change, de façon que par la cause la plus légère, qui, dans un homme en santé n'exciterait aucun mouvement, il en résulte un considérable qui aille jusqu'au désordre, ou qu'une cause ordinaire augmente ce trouble, ou qu'enfin, sans cause quelconque, les parties souffrent des mouvements violents et confus, un tel changement de disposition s'appelle orgasme ; d'autres le nomment irritabilité, oscillation violente, mobilité, crispation.

On remarquera très-souvent un tel état dans l'organe vital et particulier, 1°. dans l'âge tendre ; et il est d'autant plus grand, que l'enfant est nouvellement né. 2°. Dans un corps valétudinaire, surtout après des évacuations trop abondantes, et de longues maladies. 3°. Dans ceux qui sont accablés de chagrin, et sujets à quelque grande passion de l'âme. 4°. Dans les femmes, et encore plus particulièrement dans celles qui ont des fleurs blanches, ou qui sont attaquées d'une suppression de règles, ou qui les ont trop abondantes. 5°. Dans les hommes qui ont les humeurs tenues et âcres. 6°. Dans toutes les parties privées de mucosité ou de l'épiderme, leur tégument naturel. 7°. Dans l'idiosyncrasie, et lorsque les causes qui produisent cet accident surviennent inopinément.

Les effets qui en résultent, varient autant que l'état même. L'affoiblissement succede ordinairement aux paroxysmes. Dans le temps de l'orgasme, on observe des mouvements déréglés toniques dans le mouvement vital, et même dans le mouvement animal, quand le mal est augmenté. De-là les malades sont attaqués de syncopes, de douleurs de tête, de flatuosités, de borborygmes, de douleurs des lombes, souvent accompagnées de froid, de tension dans les viscères, de constipation, de tympanite qui se dissipe et qui reparait, de mouvements épileptiques, de vertiges, de tintements d'oreilles, du sentiment d'une grosseur qui monte du bas-ventre vers la gorge ; voilà ce qu'on appelle la passion hystérique.

Ce n'est pas tout, on éprouve des commotions dans l'hypocondre droit ou gauche, ou au milieu du ventre, comme si un animal vivant y était caché. On souffre des palpitations de cœur, et des anxiétés spontanées dans les parties voisines de ce viscère. Les malades dont nous parlons tombent aisément en syncope, à l'occasion d'une odeur déplaisante, de quelque passion, enfin de quelque mouvement extraordinaire ; le plus léger médicament émétique ou purgatif dérange singulièrement toute leur économie animale.

Dans les attaques d'orgasme leur urine est d'abord blanche, épaisse, ensuite aqueuse, limpide, et claire comme de l'eau de roche. S'il arrive une colliquation, on y remarque de petits grains. Assez souvent il survient aux femmes qui sont dans cet état, la suppression de leurs règles. Si elles sont à la fin de leur grossesse, elles sont sujettes à grand nombre de symptômes effrayans. Elles ne digèrent point leur nourriture, et pour l'ordinaire elles la vomissent. Enfin, ce mal est un prothée qui revêt toutes sortes de formes. Avant que d'indiquer la méthode curative, il faut rapporter ici quelques observations. 1°. Tous les évacuans augmentent et confirment ce mal. 2°. Les résolutifs et les attenuans le rendent plus fâcheux. 3°. Les martiaux corroborants causent quelquefois au commencement de grands troubles. 4°. Les volatils et les âcres, donnés à une trop forte dose, sont souvent suivis de convulsions. Les relâchans, et surtout les anodins, ont coutume de diminuer les symptômes, mais ils ne guérissent point la maladie, et l'usage qu'on en fait fréquemment pour calmer les douleurs, rend d'ordinaire le mal incurable.

La méthode curative change suivant les causes et les temps ; car dans le paroxysme, on doit se proposer pour but de calmer les mouvements déréglés, en employant les anodins, les volatils, les aromatiques, combinés avec les résineux nervins ; mais hors du paroxysme, la faiblesse qui est survenue peu-à-peu, doit être traitée par les corroborants ; il convient aussi d'y recourir pour empêcher le progrès de la dissolution des humeurs ; il faut les joindre aux antiseptiques échauffans, pour s'opposer à une corruption spontanée ; les mêmes remèdes corrigent la crudité de l'acrimonie ; on recommencera par les plus doux, donnés à petite dose, et on les continuera longtemps : mais de crainte que la nature ne s'accoutume au même remède, il convient de les changer, en conservant toujours la même indication curative. Si la constipation survient aux malades, il faut, pour la guérir, joindre aux remèdes qu'on vient d'indiquer les purgatifs anodins. (D.J.)