S. f. (Médecine) nom entièrement français, par lequel on désigne la non-pureté des premières voies, c'est-à-dire, l'état de l'estomac et des intestins infectés, altérés et corrompus, il répond au mot grec . Il s'annonce par des pesanteurs d'estomac, douleurs de tête, diarrhées, vomissement, rots, défaut d'appétit ; la langue est chargée, amère etc. Ce vice est fameux en Médecine par les distinctions minutieuses, et innombrables qu'on en a établi, et par les rôles multipliés qu'on lui a fait jouer dans la production des maladies. En effet, quelques écrivains spéculatifs ont divisé et subdivisé les impuretés, sabure, crudités, en acide, alkaline, muriatique, insipide, bilieuse, pituiteuse, etc. et chaque vice particulier a été censé le germe d'une maladie différente ; le passage des impuretés dans le sang renferme presque toute la theorie moderne, c'est la base de toutes les maladies aiguës, la célèbre cause morbifique à combattre, et dont il faut empêcher l'augmentation pour prévenir les redoublements ; c'est aussi le foyer qu'il faut vider dans toutes les maladies généralement, parce qu'il n'en est point, disent-ils, qui ne soient produites, ou du moins entretenues par un foyer d'impuretés, par un levain vicieux placé dans les premières voies ; et c'est enfin la source de ces indications toujours les mêmes, toujours semblables et toujours uniques, de purger et de rétablir les digestions dans des maladies essentiellement différentes, c'est ce qui fait redouter la saignée à quelques médecins dans les maladies aiguës, dans la crainte d'augmenter le repompement de ces impuretés ; car tel est le danger de ces théories, qu'elles influent sur la pratique, et la rendent de plus en plus incertaine, au grand détriment de l'humanité.

Ces impuretés sont le plus souvent la suite et le résidu d'une mauvaise digestion ; quelquefois aussi elles dépendent d'une altération générale des humeurs ; elles sont la cause la plus fréquente des indigestions. Voyez ce mot. Pour les dissiper, il ne faut ordinairement que du régime, une diete sévère ; car, remarque avec raison le divin Hippocrate, aphoris. 10. lib. II. plus on nourrira un corps impur, et plus on augmentera le mal. Celse recommande aux personnes chargées d'impuretés, de ne pas se baigner, corpora impura non sunt balneanda. Si quelques jours de diete ne dissipaient pas ces mauvais sucs, il faut donner un purgatif doux, ou un émétique, suivant l'indication ; mais il faut avoir soin de préparer à la purgation par beaucoup de lavages, de délayans, c'est un précepte du grand Hippocrate ; lorsqu'il s'agit de purger les corps impurs, dit-il, aphor. 9. lib. II. il faut rendre les matières fluxiles ; les purgatifs réussissent alors beaucoup mieux, et ne sont sujets à aucuns inconvéniens. On peut avant et après la purgation faire usage de quelque léger stomachique. On peut parmi ces remèdes en choisir d'agréables, et qui n'en sont pas moins efficaces ; tels sont les vins robustes d'Alicante, de Malaga, de Bordeaux, etc. Un mets ou un remède qui plait, quoique moins bon, doit être préféré à ceux qui, avec plus de vertu, seraient desagréables. Hippoc. aphor. 38. lib. II.

IMPURETE, sub. fém. IMPUR, adj. (Morale) le mot d'impureté est un terme générique qui comprend tous les dérèglements dans lesquels l'on peut tomber, relativement à la jonction charnelle des corps, ou aux parties naturelles qui l'opèrent. Ainsi la fornication, l'adultère, l'inceste, les péchés contre nature, les regards lascifs, les attouchements déshonnêtes sur soi ou sur les autres, les pensées sales, les discours obscènes, sont autant de différentes espèces d'impureté.

Il ne suffit pas d'être marié pour ne point commettre d'actions impures avec la personne que l'hymen semble avoir livrée entièrement à nos désirs. Si la chasteté doit régner dans le lit nuptial, l'impureté peut aussi le souiller ; on ne doit point, comme Onan, tromper les fins de la nature. Les plaisirs qu'elle nous offre sont assez grands, sans qu'un raffinement de volupté nous fasse chercher à les augmenter : il est même des temps où elle nous les défend par les obstacles qu'elle y apporte, et que nous devons respecter. L'ancienne loi ordonnait la peine de mort contre le mari qui dans ces momens-là ne mettait pas de frein à ses sales désirs, et contre la femme qui se prêtait à ses honteuses caresses.

Au reste, nous ne prétendons pas suivre l'impureté dans toutes ses routes, ni entrer dans des détails que la décence ordonne de supprimer. Nous ne discuterons pas jusqu'à quel point peuvent aller les attouchements voluptueux, sans devenir criminels ; nous ne chercherons pas les circonstances où ils peuvent être permis ou même nécessaires ; nous nous garderons bien de décider, comme l'a fait un honnête jesuite, que le mari a moins à se plaindre, lorsque sa femme s'abandonne à un étranger d'une manière contraire à la nature, que quand elle commet simplement avec lui un adultère ; parce que, dit-il, de la première façon on ne touche pas au vase légitime sur lequel seul l'époux a reçu des droits exclusifs. Il faut laisser toutes ces horreurs ensevelies sous les cendres des Filliutius, des Escobar, et des autres casuistes leurs confrères, dont le parlement de Paris par arrêt du six Aout 1761, vient de faire bruler les ouvrages, pour une raison plus importante encore.

Il y avait dans l'ancienne loi une impureté légale qui se contractait de différentes façons, comme par l'attouchement d'un mort, etc. on allait s'en purifier par certaines cérémonies. C'est encore une des choses que Mahomet a prises chez les Juifs, et qu'il a transportées dans son alcoran.

La religion des Payens était remplie de divinités qui favorisaient l'impureté. Vénus en était la déesse, et les bois sacrés qu'on trouvait ordinairement autour de ses temples, étaient les théâtres de sa débauche. Il y avait même des pays où toutes les femmes étaient obligées de se prostituer une fois en l'honneur de la déesse ; et l'on peut juger si la dévotion naturelle à leur sexe, leur permettait de s'en tenir-là. S. Augustin, dans sa cité de Dieu, rapporte que l'on voyait au capitole des femmes impudiques qui se destinaient à satisfaire les besoins amoureux de la divinité, dont elles ne manquaient guère de devenir enceintes. Il est à croire que les prêtres s'en aidaient un peu, desservaient alors plus d'un autel. Le même père dit qu'en Italie, et surtout à Lavinium, dans les fêtes de Bacchus, on portait en procession des membres virils, sur lesquels la matrone la plus respectable mettait une couronne. Les fêtes d'Isis en d'autres pays étaient semblables à celles-là : c'était même relique et mêmes cérémonies.

On trouve encore dans la cité de Dieu, (lib. VI. cap. ix.) l'énumération des divinités que les Payens avaient créées pour le mariage, et auxquelles ils avaient donné des fonctions assez déshonnêtes, et qui présentaient des images fort impures. Lorsque la fille avait engagé sa foi à son époux, les matrones la conduisaient au dieu Priape, qui avait toujours un membre d'une grosseur monstrueuse, sur lequel on faisait asseoir la nouvelle mariée. On lui ôtait sa ceinture, en invoquant la déesse appelée Virginiensis ; le dieu Subigus soumettait la femme aux transports de son mari ; la déesse Préma la tenait sous lui pour empêcher qu'elle ne se remuât trop ; et venait enfin la déesse Pertunda, comme qui dirait perforatrice. Son emploi était d'ouvrir à l'homme le sentier de la volupté : heureusement que cette fonction avait été donnée à une divinité femelle ; car, comme le remarque très-bien S. Augustin, le mari n'eut pas souffert volontiers qu'un dieu lui rendit ce service ; et (pourrait-on ajouter encore) qu'il lui donnât du secours dans un endroit où trop souvent il n'a guère besoin d'aide.