S. f. (Médecine) qualité d'une maladie, par laquelle elle peut passer du sujet affecté à un sujet sain, et produire chez le dernier une maladie de la même espèce.

Les maladies contagieuses se communiquent, soit par le contact immédiat, soit par celui des habits ou de quelques meubles ou autres corps infectés, soit même par le moyen de l'air qui peut transmettre à des distances assez considérables certains myasmes ou semences morbifiques.

Ces myasmes sont plus ou moins legers, plus ou moins mobiles, selon l'espèce de maladie contagieuse à laquelle ils appartiennent : ceux de la gale par exemple, ne s'étendent presque pas au-delà de la surface de la partie affectée : ceux de la rage, qui ne se communiquent que par l'application immédiate de la bave de l'animal enragé sur une partie blessée, ou recouverte seulement d'une peau très-mince, comme les lèvres, la langue, etc. ceux de la rage, dis-je, paraissent plus fixes encore : le virus vérolique n'a pas non plus, pour le bien de l'espèce humaine, une atmosphère fort étendue. Voyez GALE, RAGE, ROLEROLE. Les myasmes pestilentiels, au contraire, ceux de la dyssenterie, ceux de la petite vérole et de la plupart des maladies éruptives, se répandent assez loin, supposé pourtant qu'ils existent réellement ; car c'est précisément par la peste et les maladies pestilentielles ou malignes, qu'a commencé l'incrédulité des médecins sur la contagion des maladies. Voyez PESTE.

Rien n'est peut-être moins décidé en Médecine que l'existence ou la non-existence de la contagion de cette dernière classe de maladies, et de beaucoup d'autres que le peuple croit contagieuses sans le moindre doute, et que plusieurs médecins déclarent non-contagieuses sans avoir assez douté : mais l'explication de ce phénomène qu'ils sont contraints d'avouer pour la gale, la rage, les maladies vénériennes, et un petit nombre d'autres, est un problême bien plus embarrassant encore dans la doctrine regnante : les humoristes modernes, surtout, n'en trouveront la solution qu'avec peine dans les épaississements, les dissolutions, les acrimonies des humeurs, leurs hérences, stagnations, arrêts, orgasmes, etc. ils ne trouveront que très-difficilement, dis-je, le rapport de quelqu'un de ces vices considérés comme effets, comme dû. à des myasmes, avec l'action de cette matière insensible, son énergie, son aptitude à disposer les humeurs et les organes de la façon nécessaire pour produire une maladie d'une espèce déterminée.

Cette spécification de la maladie produite, ou ce qui revient au même, cette qualité exactement séminale du myasme, laissera vraisemblablement encore longtemps une lacune dans la théorie pathologique ; à moins cependant qu'on ne voulut recevoir pour des explications les ingénieuses métaphores de Vanhelmont, recourir à cet ordre de causes qu'il désignait sous les noms de lumières, d'idées irradiées, de semences incorporelles, de gas, &c.

Mais dans le fond et à examiner la chose de près, sommes-nous bien fondés à rejeter ces explications ? Ne nous fournissent-elles pas de legeres approximations ? Pouvons-nous prétendre à davantage, toutes les fois qu'il s'agit d'expliquer des vertus séminales ? Et ne vaut-il pas mieux se contenter de signes proportionnés à l'obscurité de l'idée que nous avons de ces agens insensibles, que de tomber dans des erreurs manifestes, en s'obstinant, pour s'en former des notions plus claires, à les ramener aux lois mécaniques si peu faites pour ces corps ? On serait fort mal reçu, à la vérité, si on voulait en faire encore aujourd'hui des êtres moyens entre la matière et l'esprit, ou entre la substance et l'accident : mais en ramenant ces anciennes idées au ton de notre philosophie, il doit nous être permis d'avancer que les agens séminaux doivent être regardés comme les extrêmes dans la classe des êtres matériels, comme placés, pour ainsi dire, sur les confins par lesquels ces derniers touchent aux êtres abstraits. Or les signes réels, les expressions propres, doivent nécessairement nous manquer pour des êtres de cette espèce : on est donc forcé de se contenter d'une image à peine sensible, qu'il sera toujours très-ingénieux de saisir, et très-utîle de présenter, et qui vaudra mieux sans contredit qu'une ombre vaine, que l'obscurité absolue, et surtout que l'erreur. Voyez MYASME, MEDICAMENT, POISON, SEMENCE, GENERATION.

Par exemple, pour nous en tenir au cas particulier de la contagion, ces énonciations indéterminées vaudront mieux que l'opinion de M. Cheyne, qui a assuré dans une petite dissertation sur la contagion, que les myasmes étaient de nature alkaline volatîle : opinion déclarée vraisemblable par un célèbre professeur en Médecine. Ces deux auteurs ont expressément admis la prétendue qualité septique des alkalis volatils, et la tendance spontanée des fluides des animaux à l'alkalinité : deux dogmes du Boerhavisme également gratuits, et également démentis par l'expérience. Celle de M. Pringle qui n'a pas trouvé d'assaisonnement plus efficace pour la conservation des viandes que l'alkali volatil, est surtout remarquable dans cette occasion. Le dernier des partisans du sentiment que nous venons d'exposer, après l'avoir proposé en ces mots, verisimîle est... hasce lues esse indolis alkalinae, corosivae, septicae, in quam animalium omnium fluida sponte tendunt ; ajoute forte insecta quaedam Americana venenatissima hisce affluviis originem dederunt, ut canes, lupi virus hydrophobicum primi parant, etc. (Sauvages, patholog.) J'observerai à propos de ce soupçon, que la première origine ou la matrice des myasmes, nous est aussi inconnue que leur nature.

Au reste il ne faut pas oublier que les semences morbifiques n'opèrent pas indistinctement sur tous les sujets, mais seulement sur ceux qui sont disposés de leur côté d'une manière propre à recevoir l'impression du venin, et à concourir à son action. La nécessité de ce rapport a été observée dans toutes les maladies contagieuses. Toutes les personnes mordues par des chiens enragés n'ont pas contracté la rage, lors même qu'elles ont négligé l'usage des préservatifs ordinaires (voyez RAGE) : toutes celles qui ont eu des commerces impurs n'ont pas été infectées du virus vénérien (voyez VEROLE), etc. mais le concours de cette disposition du sujet est encore plus sensible et remarquable par plus de circonstances dans la petite vérole. Voyez PETITE VEROLE. Voyez les moyens généraux de se garantir autant qu'il est possible des impressions des myasmes et de l'air infecté au mot PRESERVATIF ; et les secours découverts ou proposés contre chaque différent myasme, aux articles particuliers, RAGE, VEROLE, PESTE, DYSSENTERIE, etc. (b)