S. m. (Anatomie) il a la figure d'un cœur irrégulier ; il est aponévrotique dans son milieu ; du contour de ce cœur tendineux partent des fibres musculeuses qui vont se terminer aux côtes, avec les particularités suivantes : le paquet qui part de la pointe Ve s'attacher au cartilage xiphoïde ; les paquets qui sont à côté de celui-là, ne se touchent pas ; ils laissent entr'eux et ce paquet un intervalle vide de fibres musculeuses ; les fibres suivantes, c'est-à-dire tous les rayons musculeux, vont s'attacher aux côtes ; pour l'échancrure qui est à la base du cœur, plusieurs des bandes rayonnées qui en partent, se réunissent de chaque côté en une, et se terminent par une queue tendineuse ; on nomme ces deux bandes les piliers du diaphragme ; mais étant arrivés à trois doigts de leur origine, le pilier droit envoye un faisceau de fibres qui vont se réunir au pilier gauche, et de même le pilier gauche donne des fibres au pilier droit : ces deux piliers se croisent ainsi alternativement plusieurs fais, et après ces divers croisements, ils continuent leur route sur les vertèbres en forme de cône, et vont se réunir à des tendons qui sont d'une longueur inégale, et qui s'implantent sur les vertèbres.

Le diaphragme ressemble à une voute coupée obliquement ; les parties latérales de cette voute sont concaves ; elles se collent toujours aux ailes des poumons qu'elles suivent dans tous leurs mouvements ; leur concavité n'est point formée par les viscères de l'abdomen : comme il n'y a point d'air entre le poumon et le diaphragme, ils sont unis étroitement, et l'un est obligé de suivre l'autre dans tous ses mouvements. Si on en doute, on n'a qu'à percer le diaphragme, l'air qui entrera par cette ouverture affaissera d'abord cette cloison voutée.

Les piliers ne paraissent pas aussi concaves que les poches latérales ; ils s'attachent en-haut au médiastin, de même qu'une portion assez large du centre nerveux : il n'est donc pas possible que la partie moyenne du diaphragme descende dans l'inspiration.

La partie supérieure des piliers se voute, et ils reçoivent l'oesophage dans l'espace qu'ils laissent entr'eux depuis leur origine jusqu'au croisement des fibres. Si de chaque côté les fibres des piliers descendaient en ligne droite, leur action n'eut rien produit sur l'oesophage, elles n'auraient pu le presser en se raccourcissant : deux lignes droites tirées par les extrémités ne pressent point ce qui est à leurs côtés : de plus, le haut des piliers est immobîle ; il ne peut donc être tiré en-bas ; par conséquent, si les fibres des piliers descendaient en ligne droite, ils n'auraient point d'action sur l'oesophage ; mais les fibres des piliers se croisent à leur naissance, ensuite elles se croisent par une direction contraire au-dessous de l'oesophage : ce tuyau est donc entre les fibres qui l'étranglent, pour ainsi dire : le croisement des fibres donne donc à l'oesophage une espèce de sphincter.

Il fallait que la partie moyenne du diaphragme fût fixe ; la position du cœur demandait un soutien qui ne fût pas exposé à des secousses continuelles ; aussi ces attaches au médiastin affermissent-elles le centre nerveux : il n'y a donc que les parties latérales postérieures qui soient en mouvement ; ce sont les voutes formées par les parties latérales, qui s'aplatissent et se courbent alternativement : le fond de ces deux voutes descend, quand les fibres musculeuses sont en contraction ; il monte quand les ailes du poumon l'entraînent : l'air ne pouvant s'insinuer entre le poumon et le diaphragme, les colle toujours de telle manière qu'il n'y a point d'espace entre ce muscle et la base du poumon.

Les poches ou les voutes latérales du diaphragme sont deux des principaux instruments de la respiration ; mais voyons si le diaphragme est d'une nécessité absolue dans l'inspiration.

Dès que les côtes se leveront par l'action des muscles intercostaux, il est certain que l'inspiration se fera ; or les côtes peuvent s'écarter sans le secours du diaphragme : il est donc évident qu'il n'est pas absolument nécessaire pour l'inspiration, aussi trouve-t-on des diaphragmes collés au foie, et des animaux, comme la taupe, lesquels ont le diaphragme membraneux. Et enfin les nerfs diaphragmatiques étant coupés dans un chien, l'inspiration marche à-peu-près comme auparavant.

Quoique le poumon puisse absolument se gonfler sans que le diaphragme y contribue, il faut avouer que ce muscle aide les muscles intercostaux. Si ces muscles tendent à écarter les côtés des poumons, la contraction du diaphragme tend à écarter de la partie inférieure du poumon, la convexité des poches de ce muscle. Il se formerait donc un double vide, si le poumon ne se remplissait d'air ; l'un de ces vides serait à côté, et l'autre au bas des poumons : mais le mouvement des côtes et du diaphragme donne au poumon la facilité de se gonfler des deux côtés : car il s'étend vers les côtes et vers l'abdomen.

En même temps que le diaphragme favorise l'inspiration, il parait y apporter quelqu'obstacle ; car l'inspiration se forme en partie par l'écartement des côtes : or le diaphragme par son action s'oppose à cet écartement, puisque les fibres musculeuses ne peuvent se raccourcir, sans tirer vers le centre nerveux les côtes auxquelles elles sont attachées : l'expérience confirme cette retraction. Quand on coupe les nerfs diaphragmatiques, les côtes inférieures se jettent extraordinairement en-dehors ; de-là il s'ensuit que l'action du diaphragme est double : elle applanit les concavités de ce muscle, et elle retient les côtes qui seraient trop emportées en-dehors par les muscles inspirateurs.

On ne peut pas révoquer en doute que le diaphragme ne soit un muscle inspirateur, mais on ne peut prouver qu'il est inspirateur et expirateur ; car dans l'inspiration les fibres antérieures ne s'affaissent pas comme les poches latérales, leur position en est une preuve, elles sont presque droites ; de plus elles sont attachées à des points fixes par le médiastin : il est donc impossible qu'elles entraînent ces points vers les côtes : ce sera donc ces côtes qui seront portées vers ces points fixes par la contraction de ces fibres : donc elles peuvent servir à l'expiration.

L'action du diaphragme a paru difficîle à expliquer ; mais après ce que nous avons dit, rien ne peut obscurcir cette action : cependant s'il restait quelque difficulté, voici un exemple qui fera voir ce que fait cette cloison dans la respiration.

Prenez un vaisseau de verre qui n'ait pas de fond, et dont l'ouverture soit étroite : insinuez un tuyau à l'orifice d'une vessie, que vous y attacherez étroitement : mettez cette vessie dans le vaisseau de verre, de telle manière que le tuyau passe par l'orifice : fermez exactement l'espace qui se trouvera entre le tuyau et les parois de l'orifice du vaisseau : alors prenez une membrane dont vous fermerez le fond de ce vaisseau, de telle manière qu'elle soit lâche, et qu'elle soit enfoncée en-dedans : quand vous l'aurez attachée aux bords, tirez le fond avec un fil en-dehors, et vous verrez que la vésicule se gonflera. Voilà la véritable action du diaphragme, qui, lorsqu'il est tiré vers l'abdomen, donne lieu à l'air de gonfler les vésicules pulmonaires. M. Senac, essais de Phys.

Quelques auteurs ont avancé sans fondement que le diaphragme n'était pas nécessaire pour la respiration. Nous avons Ve plus haut le contraire.

Ortobelius prétend que les mouvements du diaphragme dépendent du cœur ; mais il est certain que les mouvements du cœur et du diaphragme ne se font pas en même temps. (L)