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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Anatomie
(Anatomie) un des muscles de la cuisse et de la jambe : son nom latin s'est conservé dans notre langue, et est beaucoup plus usité que celui de membraneux, qui lui est donné par un petit nombre de nos auteurs.

Il a son attache fixe antérieurement à la lèvre externe de la crête de l'os des iles, par un principe en partie charnu et en partie aponévrotique. Le corps charnu de ce muscle, qui n'a guère plus de cinq travers de doigt de longueur sur deux ou trois de largeur, est logé entre les deux lames d'une aponévrose, dans laquelle ce muscle se perd par un grand nombre de fibres tendineuses très-courtes. C'est la grande étendue de cette aponévrose qui a fait donner à ce muscle le nom de fascia-lata, c'est-à-dire bande large, quoique ce nom semble plutôt devoir appartenir à l'aponévrose qu'au muscle même : M. Winslow le nomme le muscle du fascia-lata.

Cette aponévrose est attachée antérieurement à la lèvre externe de la crête des os des iles, depuis l'épine antérieure et supérieure de cet os, jusqu'environ le milieu de cette crête ; elle s'attache ensuite au grand trochanter, et postérieurement vers le milieu du fémur et à la partie supérieure du péroné ; après quoi elle se continue tout le long du tibia, en s'attachant à sa crête, et se termine enfin à la partie inférieure du péroné. Dans ce trajet, cette aponévrose couvre les muscles qui lui répondent : savoir, une portion considérable du grand et du moyen fessier, toutes les muscles qui sont couchés le long de la cuisse, principalement ceux de sa partie latérale externe, et ceux qui sont couchés antérieurement le long de la jambe entre le tibia et le péroné.

Cette aponévrose reçoit encore un très-grand nombre de fibres des muscles qu'elle couvre ; mais surtout du grand et du moyen fessier, de la courte tête du biceps muscle de la jambe, des péroniers, du jambier antérieur, et du long extenseur des orteils, avec tous lesquels muscles cette aponévrose se trouve comme confondue. Il est même à remarquer, à l'égard de la plupart de ces muscles, que cette aponévrose leur fournit des cloisons qui les séparent les uns des autres. La même chose s'observe à l'aponévrose qui couvre les muscles de l'avant-bras, et principalement ceux qui sont couchés extérieurement entre ses deux os.

Nous venons de donner la description du fascia-lata d'après les plus grands maîtres ; mais il faut convenir que cette enveloppe tendineuse, qui embrasse les muscles de la partie antérieure de la cuisse, et qui communique avec plusieurs autres, est aussi difficîle à décrire qu'à démontrer, parce qu'il n'est pas aisé d'en reconnaître les bornes ; de sorte qu'il ne faut pas s'étonner que les Anatomistes ne s'accordent point sur son étendue. Quoique tous les muscles qui composent la cuisse soient recouverts par une enveloppe qui parait être continue, on peut cependant dire que le fascia-lata n'embrasse que les quatre antérieurs, et que tout ce qui est postérieurement ne lui appartient point. En effet, les cloisons tendineuses qui séparent les muscles vastes des muscles postérieurs, semblent être formées du concours de deux membranes, paraissant plus fortes et plus épaisses que les parties qui les produisent prises séparément. Le fascia-lata est donc une partie aponévrotique, qui enveloppe les quatre muscles qui font l'extension de la jambe, appelés droit, crural, vaste interne, et vaste externe.

Cette membrane a plusieurs usages ; car outre qu'elle forme une gaine très-solide qui contient les quatre muscles que nous venons de nommer, elle reçoit le tendon de l'épineux, et une partie de celui du grand et du moyen fessier : elle fournit de plus une attache solide à une partie du petit fessier, du vaste externe, et de la petite tête du biceps. La membrane qui recouvre le grand fessier, et qui produit des cloisons particulières pour les trousseaux des fibres dont ce muscle est composé, peut être regardée comme une production du fascia-lata, qui communique encore avec le ligament inguinal et l'aponévrose de l'oblique externe.

Les Chirurgiens doivent soigneusement observer que lorsqu'il se forme un abcès sous le fascia-lata, le pus s'échappe aisément dans l'interstice des muscles qui sont au-dessous, parce que la matière de l'abcès a plus de facilité à se glisser dans l'espace de ces chairs flexibles, qu'à pénétrer le tissu de la membrane qui forme le fascia-lata, lequel est fort serré. Il faut alors, pour prévenir cet épanchement du pus entre ces muscles, faire une grande incision selon la longueur de cette membrane, afin de donner une issue suffisante au pus contenu dans le sac de l'abcès, et empêcher qu'il n'y fasse une long séjour : pour cet effet, après l'incision faite, il faut glisser le doigt indice sous la membrane, et en rompre et détacher toutes les adhérences, afin que le pus sorte librement de toutes parts. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.