LE, adj. (Anatomie) qui appartient aux lèvres. L'artère labiale.

LABIALE, adj. fém. (Grammaire) ce mot vient du latin labia, les lèvres ; labial, qui appartient aux lèvres.

Il y a trois classes générales d'articulations, comme il y a dans l'organe trois parties mobiles, dont le mouvement procure l'explosion au son ; savoir, les labiales, les linguales et les gutturales. Voyez H et LETTRES.

Les articulations labiales sont celles qui sont produites par les divers mouvements des lèvres ; et les consonnes labiales sont les lettres qui représentent ces articulations. Nous avons cinq lettres labiales, Ve f, b, p, m, que la facilité de l'épellation doit faire nommer ve, fe, be, pe, me.

Les deux premières v et f exigent que la lèvre inférieure s'approche des dents supérieures, et s'y appuie comme pour retenir le son : quand elle s'en éloigne ensuite, le son en reçoit un degré d'explosion plus ou moins fort, selon que la lèvre inférieure appuyait plus ou moins fort contre les dents supérieures ; et c'est ce qui fait la différence des deux articulations v et f, dont l'une est faible, et l'autre forte.

Les trois dernières b, p, et m, exigent que les deux lèvres se rapprochent l'une de l'autre : s'il ne se fait point d'autre mouvement, lorsqu'elles se séparent, le son part avec une explosion plus ou moins forte, selon le degré de force que les lèvres réunies ont opposé à son émission ; et c'est en cela que consiste la différence des deux articulations b et p, dont l'une est faible, et l'autre forte : mais si pendant la réunion des lèvres on fait passer par le nez une partie de l'air qui est la matière du son, l'explosion devient alors m ; et c'est pour cela que cette cinquième labiale est justement regardée comme nasale. M. l'abbé de Dangeau, opusc. pag. 55, observant la prononciation d'un homme fort enrhumé, remarque qu'il était si enchifrené, qu'il ne pouvait faire passer par le nez la matière du son, et qu'en conséquence par-tout où il croyait prononcer des m, il ne prononçait en effet que des b, et disait banger du bouton, pour manger du mouton, ce qui prouve bien, pour employer les termes mêmes de cet habîle académicien, que l'm est un b passé par le nez.

L'affinité de ces cinq lettres labiales fait que dans la composition et dans la dérivation des mots, elles se prennent les unes pour les autres avec d'autant plus de facilité, que le degré d'affinité est plus considérable. Ce principe est important dans l'art étymologique, et l'usage en est très-fréquent, soit dans une même langue soit dans les diverses dialectes de la même langue, soit enfin dans le passage d'une langue à une autre. C'est ainsi que du grec et , les Latins ont fait vivo et vita ; que du latin scribo, ou plutôt du latin du moyen âge, scribanus, nous avons fait écrivain ; que le b de scribo se change en p, au prétérit scripsi, et au supin scriptum, à cause des consonnes fortes s et t qui suivent ; que le grec changé d'abord en bravium, comme on le trouve dans Saint Paul selon la vulgate, est encore plus altéré dans praemium ; que marmor a produit marbre ; que et ne sont point étranges l'un à l'autre, et ont entr'eux un rapport analogique que l'affinité de et de ne fait que confirmer, etc.

LABIAL, (Jurisprudence) signifie ce qui se dit de bouche seulement ; on appelle offres labiales celles qui ne sont faites que de bouche, ou même par écrit, mais sans exhiber la somme que l'on offre de payer, à la différence des offres réelles qui se font à deniers découverts. Voyez OFFRES. (A)