S. f. pl. (Anatomie) Ces deux espèces de crêtes d'un rouge vermeil dans les jeunes filles, une de chaque côté, qui descendent en grossissant jusque vers le milieu de la vulve, s'appellent nymphes, parce qu'on a cru qu'elles dirigeaient le cours de l'urine. Elles ne sont ni de même longueur dans tous les sujets, ni toujours de même grosseur l'une que l'autre ; et elles s'allongent tellement dans quelques femmes, particulièrement de certains pays, qu'on est obligé de les couper.

Les nymphes, en latin nymphae, sont deux plis prominens de la peau intérieure de la grande aîle extérieure, étendus depuis le prépuce du clitoris jusqu'au grand orifice de la matrice, de l'un et de l'autre côté. Ces plis sont d'abord fort étroits ; ils prennent de la largeur à mesure qu'ils descendent, et ils vont ensuite en se retrécissant vers leur extrémité inférieure.

Ils sont d'une substance spongieuse, composée de membrane délicate, de vaisseaux très-deliés et parsemés de petites glandes sebacées, dont plusieurs sont sensibles à la vue. Cette disposition intérieure les rend capables de se gonfler à proportion du clitoris, lorsque le sang et les esprits leur sont portés en abondance.

La situation des nymphes est oblique ; leurs extrémités supérieures sont fort approchées : la distance qui est entre leurs extrémités inférieures est plus grande ; elles sont pourvues de quantité de mamelons qui les rendent fort sensibles ; elles reçoivent des artères et des veines des vaisseaux honteux, et leurs nerfs viennent des intercostaux.

Les filles ont ces parties si fermes et si solides, que l'urine sort de l'urethre entre leurs parois avec une espèce de sifflement ; mais elles sont plus ou moins flasques et flétries dans les femmes mariées, à proportion des enfants qu'elles ont eu et de leur âge.

Les nymphes sont quelquefois si larges ou si allongées, qu'elles prominent hors des lèvres des parties naturelles, et qu'elles incommodent en marchant, en s'asseyant, et même dans les plaisirs de l'amour : quand ce cas existe, on est obligé de les couper. Mauriceau dit avoir fait à Paris le retranchement des deux nymphes à une femme qui l'en pria très-instamment, tant parce qu'étant obligée, à ce qu'elle lui dit, d'aller souvent à cheval, l'allongement de ses nymphes, qu'elle avait très-grandes, lui causait par le froissement une douloureuse cuisson, que parce que cette difformité lui déplaisait fort, aussi bien qu'à son mari.

Pour faire cette opération, on étend la personne sur le dos, on lui écarte les cuisses et les lèvres des parties naturelles : ensuite le chirurgien prend avec sa main gauche l'une ou l'autre des nymphes, et en coupe, avec une paire de ciseaux qu'il tient de la droite, autant qu'il est nécessaire. Il a soin de se pourvoir de styptiques pour arrêter l'hémorrhagie, et des autres remèdes dont il pourrait avoir besoin si la malade tombait en défaillance. Il panse ensuite la blessure avec quelques baumes vulnéraires, et il parvient facilement à la guérir d'après cette méthode. On trouve dans Sollingen, observat. 80. un cas dans lequel la mortification des nymphes en rendit l'amputation nécessaire.

L'excision des nymphes a été pratiquée chez les Egyptiens, et dans quelques endroits de l'Arabie et de Perse. Strabon dit que les femmes égyptiennes recevaient la circoncision. Bélon nous apprend, dans ses observations, livre III. chap. xxviij. que cet usage, qui subsistait encore de son temps, était simplement fondé sur des raisons naturelles qui même n'ont pas lieu dans toutes les femmes de ce pays-là.

Cette incommodité est assez commune en Afrique, et il y a des hommes si l'on en croit Léon l'africain, qui n'ont d'autre métier que de savoir retrancher aux femmes les nymphes trop allongées ; ils crient à haute voix dans les rues : Qui est celle qui veut être coupée, etc. (D.J.)