S. m. en Anatomie, nom de certaines tumeurs naturelles qu'on observe dans quelques nerfs. Voyez NERF.

M. Lancisi est l'auteur qui parait s'être le plus attaché à la recherche de la structure des ganglions des nerfs, et de la conformation singulière qu'il croit y avoir découverte ; il conclut que les ganglions sont propres à modérer et à diriger le mouvement des esprits animaux. Ut quoniam, dit-il, ganglia nihil aliud esse deprehendimus quam muscularia sui generis corpora, quae tendineis nervis sanguinea praesertim vasa et musculorum fibras veluti claviculis sic apprehendunt, ut ad dirigendum, moderandumque animalis arbitrio liquidorum in illa influxum comparata fuisse videantur.

Si les observations particulières que j'ai faites sur les ganglions ne détruisent point celles de M. Lancisi, au-moins font-elles naître de si grands doutes, que les observations de cet auteur paraissent exiger un examen plus scrupuleux et plus recherché ; en effet l'Anatomie nous apprend que, toutes choses d'ailleurs égales, les ganglions sont plus petits dans le fétus que dans les jeunes sujets, dans les jeunes sujets que dans les adultes. C'est un fait que j'ai confirmé par la dissection de cadavres de différents âges, et j'ai souvent observé que lorsque les trois ganglions supérieurs du nerf intercostal étaient plus gros que l'ordinaire dans les adultes, dans ce cas-là même les ganglions de ce nerf qui s'observent ordinairement sur les parties latérales des vertèbres du dos et des lombes, et sur celles de l'os sacrum, n'étaient presque pas sensibles, pour ne pas dire point-du-tout. Au reste aucun anatomiste n'ignore que rien ne varie plus que ces sortes de tumeurs ; et il n'est pas qu'on n'ait remarqué que les filets que le nerf intercostal puise au cœur, s'unissent et s'enchainent quelquefois les uns avec les autres, de manière qu'il se trouve un petit ganglion dans chaque endroit de leur union ; j'en ai même observé jusqu'à trois dans chaque endroit.

Observons en second lieu que les ganglions sont tous en général situés dans des endroits où ils paraissent le plus exposés au tiraillement et au frottement ; la tumeur même dans certains nerfs ne parait saillir que dans la partie du nerf qui y est la plus exposée. C'est ainsi, par exemple, que dans les nerfs qui partent de la moèlle épinière, et sont formés par des filets qui se détachent de la partie antérieure, et d'autres qui partent de la partie postérieure ; c'est ainsi, dis-je, que dans ces nerfs la tumeur se trouve vis-à-vis des apophyses obliques des vertèbres lorsqu'ils passent les trous de l'épine, et même le ganglion ne s'observe que dans le cordon formé des filets qui naissent de la partie postérieure de l'épine, et cette tumeur est immédiatement placée sur l'articulation des deux apophyses obliques ; les ganglions du nerf intercostal sont aussi situés de façon qu'il y a tout lieu de présumer que ses nœuds sont un produit du frottement, du tiraillement, etc.

Disons en troisième lieu que la structure des ganglions parait bien moins compliquée que M. Lancisi ne l'a voulu faire entendre dans les descriptions et les figures qu'il en a données ; en effet lorsqu'on examine dans le fétus les ganglions vertébreux, on observe distinctement que chaque filet postérieur qui concourt à former le cordon est gonflé, et que chacun d'eux se sépare facilement l'un de l'autre, parce qu'alors le tissu cellulaire qui les unit, est bien moins fort et moins serré qu'il ne l'est dans les adultes. Je serais volontiers porté à croire que c'est-là la cause pour laquelle ces filets sont si intimement unis dans les adultes, qu'on soupçonnerait d'abord lorsqu'on les a ouverts, qu'ils sont musculeux ; cependant on vient à bout par la macération de relâcher le tissu cellulaire, et de séparer les uns des autres ces filets nerveux gonflés.

Ajoutons en quatrième lieu, que presque tous les auteurs ont dit unanimement que les nerfs liés ne se gonflaient point ; cependant M. Molinelli dit dans les commentaires de l'académie de Boulogne, qu'après avoir lié le même nerf dans deux endroits différents et fort près l'un de l'autre, le nerf se gonfle entre les deux ligatures ; mais dans les expériences que j'ai faites, je l'ai Ve gonflé au-dessus de la ligature ; il est bien vrai que cela n'arrive pas aussi-tôt et aussi sensiblement que dans les vaisseaux sanguins.

Ceci est confirmé par les observations que j'ai eu occasion de faire sur les cadavres de deux malades auxquels on avait amputé à l'un la jambe, et à l'autre la cuisse. J'ai Ve les nerfs sensiblement gonflés dans l'endroit où ils avaient été liés, et j'ai même observé la même disposition dans leurs filets gonflés que dans ceux des ganglions vertébreux. J'ai outre cela trouvé dans le cadavre d'un homme mort paralytique, une tumeur ganglioforme de la longueur de 7 à 8 lignes sur 4 à 5 de diamètre dans la huitième paire, un peu au-dessus de l'endroit où le nerf recurrent se détache de cette paire ; les glandes jugulaires étaient gonflées au-dessus de cette tumeur ; le malade avait perdu l'usage de la parole quelque temps avant sa mort ; cependant la huitième paire du côté opposé paraissait dans son état naturel ; j'ouvris cette tumeur, et j'observai deux membranes très-distinctes qui enveloppaient un corps transparent, comme de la gelée, mais beaucoup plus solide. J'ai eu d'ailleurs occasion de voir plusieurs fois les ganglions extraordinairement gonflés, mais les glandes conglobées qui les environnaient l'étaient aussi.

Tout ceci ne donne-t-il pas lieu de présumer que le tiraillement, le frottement, la compression, ou d'autres mouvements mécaniques font former ces tumeurs ? et ne semblerait-t-il pas même qu'on pourrait en déduire la présence d'un fluide, tel qu'il puisse entrer dans les nerfs ? (L)

GANGLION, (Chirurgie) tumeur circonscrite, mobile, sans douleur, et sans changement de couleur à la peau, qui vient dans les parties membraneuses sur les articulations des of du carpe et du tarse. Ces tumeurs sont du genre des enkistées. Elles se forment communément sans qu'il ait précédé aucun accident. Si elles ne se dissipent pas d'elles-mêmes, ce qui arrive quelquefois, ou qu'on ne les détruise point par les secours convenables, lorsqu'elles sont encore récentes, elles parviennent souvent à une grandeur considérable. Elles deviennent alors incommodes, en gênant le mouvement de la partie, et le rendant pénible et douloureux.

La cause de ces tumeurs est une lymphe retenue dans une cellule du tissu folliculeux qui est entre les tendons et les of du poignet. Les contusions, les distensions violentes, les coups, les chutes en sont ordinairement les causes occasionnelles. La mobilité de la tumeur montre bien qu'originairement elle ne tient ni aux os, ni aux tendons.

Les remèdes résolutifs, discussifs, et fondants ne sont pas de grande utilité dans la cure de cette maladie, quoique les auteurs rapportent en avoir éprouvé de bons effets dans les ganglions récemment formés. La compression a communément plus de succès. On recommande aux personnes qui en ont, de les frotter fortement avec le pouce plusieurs fois par jour. Ces attritions répétées usent le kiste ; et il est ordinaire de sentir enfin la tumeur se dissiper absolument sous l'action du doigt qui la frottait.

C'est pour favoriser l'ouverture du kiste et l'évacuation de l'humeur lymphatique, qu'on fait porter une plaque de plomb bien serrée sur la tumeur. On la fait frotter de vif-argent du côté qui touche à la peau ; ce qui ne parait pas donner à cette plaque plus de vertu. On a des exemples de guérisons subites des ganglions par une forte compression qui rompait ou faisait crever le kiste. Muys voulait qu'on la fit avec le pouce ; Job à Mecustren recommandait que la main fût posée sur une table, et qu'on frappât plusieurs fois le ganglion à coups de poing ; d'autres se sont servis avec succès d'un marteau de bois pour cette percussion : Sollingen, fameux chirurgien hollandais, propose l'extirpation des ganglions ; d'autres auteurs rejettent cette opération ; elle n'est pas sans inconvénient, par rapport aux parties circonvoisines. Mais comme il est constant par toutes les cures qu'on a faites en comprimant, qu'il suffit que la membrane soit ouverte en un point quelconque de sa circonférence, pour laisser échapper l'humeur qu'elle renferme ; on ne courait aucun risque de piquer le kiste avec une lancette, comme on ouvre une veine en saignant. M. Warner, de la société royale et chirurgien de l'hôpital de Guy à Londres, vient de nous donner dans un recueil d'observations de Chirurgie le détail de deux cures de ganglions très-considérables, qu'il a jugé à-propos d'extirper ; ils étaient devenus adhérents aux tendons des doigts ; il a été obligé de couper dans son opération le ligament transversal du carpe : les malades qui ne pouvaient plus fermer la main, ni mouvoir les doigts, ont recouvré parfaitement l'usage de ces parties, après la guérison qui fut accomplie en 40 jours. L'auteur convient que ces opérations peuvent être suivies d'inflammation et d'abcès ; il ajoute qu'il ne connait point de cas où ils se soient mal terminés.

Parlerons-nous des moyens superstitieux auxquels quelques personnes ont la faiblesse d'avoir confiance pour la cure des ganglions ? L'application de la main d'un homme à l'agonie, jusqu'à ce qu'il soit mort, et tant qu'il conserve encore de la chaleur. Frotter la tumeur avec la chemise d'un homme qui vient de mourir, et qui est encore moite par la sueur de son corps. J'ai connu qu'on ne persuadait pas de la sottise de ces moyens les gens qui s'étaient proposé d'y avoir recours ; je me suis plusieurs fois prêté dans les hôpitaux à ces tentatives ridicules, après avoir perdu mes raisons pour en détourner. (Y)