S. f. pl. en Anatomie, se dit des cavités dans lesquelles les dents sont placées. Voyez DENT. Ce mot vient du latin alveoli.

Les alvéoles dans le foetus ne sont pas toutes formées, et il n'y a dans chaque mâchoire que dix ou douze dents ; elles ont peu de profondeur, les cloisons qui les séparent sont très-minces ; on les distingue par dehors par autant de bosses ; leur entrée est fermée par la gencive, de manière qu'elles demeurent dans cet état jusqu'à l'âge de six ou sept mois, ce qui était nécessaire pour que l'enfant ne blessât point le téton de la nourrice ; les germes des dents sont enfermés dans ces alvéoles. Voyez GERME.

Les alvéoles dans la mâchoire d'un adulte sont plus profondes, plus dures, et plus épaisses ; elles sont garnies d'une matière spongieuse et d'un diploé qui sépare les racines des molaires, et elles sont en plus grand nombre ; elles peuvent se rélargir et se retrécir suivant que les causes de compression agiront du centre à la circonférence, et de la circonférence au centre : c'est ce qui fait que les alvéoles se dilatent quelquefois si fort, que les dents ne sont plus affermies dans ces cavités, et qu'elles disparaissent dans les jeunes comme dans les vieux sujets.

Les alvéoles sont tapissées d'une membrane très-sensible qui parait être nerveuse, et qui enveloppe les racines de chaque dent : c'est de cette membrane et du nerf de la dent que vient la douleur appelée odontalgie, ou mal de dent. Voyez ODONTALGIE et MAL DE DENT. (L)

ALVEOLE, s. m. alveolus. On a donné ce nom aux petites cellules dont sont composés les gâteaux de cire dans les ruches des abeilles. Voyez ABEILLE. Elles construisent ces alvéoles avec la cire qu'elles ont avalée. On a Ve au mot ABEILLE, que les ouvrières, après avoir avalé la cire brute, la changeaient dans leur estomac en vraie cire. Voyez CIRE. L'abeille rend par la bouche la cire dont elle forme l'alvéole : cette cire n'est alors qu'une liqueur mousseuse, et quelquefois une espèce de bouillie qu'elle pose avec sa langue, et qu'elle façonne avec ses deux dents ; on voit la langue agir continuellement et changer de figure dans les différentes positions où elle se trouve ; la pâte de cire se seche bientôt et devient de la vraie cire parfaitement blanche, car tous les alvéoles nouvellement faits sont blancs ; s'ils jaunissent, et même s'ils deviennent bruns et noirs, c'est parce qu'ils sont exposés à des vapeurs qui changent leur couleur naturelle. On ne peut pas douter que la cire ne sorte de la bouche de l'abeille ; car on la voit allonger un alvéole sans prendre de la cire nulle part, et sans en avoir aucune pelote à ses jambes ; elle n'emploie pas d'autre matière que celle qui sort de sa bouche ; il faut même qu'elle soit liquide pour être façonnée, ou au moins elle ne doit pas être absolument seche. On croit que les raclures d'un alvéole nouvellement fait, c'est-à-dire, les petites parties que les ouvrières enlèvent en le réparant, peuvent servir à en construire d'autres : mais il est certain qu'elles n'emploient jamais de la cire seche ; on leur en a présenté sans qu'elles en aient pris la moindre particule ; elles se contentent de la hacher pour en tirer tout le miel qui peut y être mêlé. Les alvéoles sont des tuyaux à six pans, posés sur une base pyramidale. Le fond de ces tuyaux est un angle solide, formé par la réunion de trois lames de cire de figure quadrilatérale ; chacune de ces lames a la figure d'un rhombe, dont les deux grands angles ont chacun à-peu-près, 110 degrés, et dont les deux petits angles ont par conséquent chacun environ 70 degrés. Cette figure n'est pas exactement la même dans tous les alvéoles ; il y en a où les lames du fond paraissent carrées : on trouve même des cellules dont le fond est composé de quatre pièces, quelquefois il n'y a que deux de ces pièces qui soient de figure quadrilatérale, les autres ont plus ou moins de côtés. Enfin ces pièces varient de figure et de grandeur : mais pour l'ordinaire ce sont des losanges ou des rhombes plus ou moins allongés, et il n'y en a que trois ; elles sont réunies par un de leurs angles obtus, et se touchent par les côtés qui forment cet angle. Voilà une cavité pyramidale dont le sommet est au centre ; la circonférence a trois angles saillans ou pleins, et trois angles rentrants ou vides. Chaque angle saillant est l'angle obtus d'un losange dont l'angle opposé est au sommet de la pyramide ; chaque angle rentrant est formé par les côtés des losanges qui ne se touchent pas, et qui sont par conséquent au nombre de six dans la circonférence du fond de l'alvéole. Ce fond est adapté à l'extrémité d'un tuyau exagone dont les pans sont égaux. Cette extrémité est terminée, comme les bords du fond, par trois angles saillans ou pleins, et par trois angles rentrants ou vides placés alternativement. Les arêtes qui sont formées par la réunion des pans du tuyau exagone, aboutissent aux sommets des angles qui sont à son extrémité, alternativement à un angle saillant et à un angle rentrant. L'extrémité du tuyau étant ainsi terminée, le couvercle le ferme exactement ; ses angles saillans sont reçus dans les angles rentrants de l'extrémité du tuyau dont il reçoit les angles saillans dans ses angles rentrants. Il y a toujours quelqu'irrégularité dans la figure des alvéoles. Les arêtes du tuyau exagone, qui devraient aboutir aux sommets des angles rentrants du fond, se trouvent un peu à côté. Ce défaut, si c'en est un, se trouve au moins dans deux angles, et souvent dans tous les trois ; soit parce que les losanges du fond ne sont pas réguliers, soit parce que les pans de l'exagone ne sont pas égaux ; il y en a au moins deux qui ont plus de largeur que les quatre autres, et qui sont opposés l'un à l'autre ; quelquefois on en trouve trois plus larges que les trois autres. Cette irrégularité est moins sensible à l'entrée de l'alvéole, que près du fond. Les tuyaux des alvéoles sont posés les uns sur les autres, et pour ainsi dire, empilés, de façon que leurs ouvertures se trouvent du même côté, et sans qu'aucune déborde de la surface du gâteau de cire qu'elles composent. Voyez GATEAU DE CIRE. L'autre face du gâteau est composée d'une pîle de tuyaux disposés comme ceux de la première face ; de sorte que les alvéoles de l'une des faces du gâteau et ceux de l'autre face se touchent par leur extrémité fermée. Toutes les alvéoles d'un gâteau étant ainsi rangées, se touchent exactement sans laisser aucun vide entre elles. On conçoit aisément qu'un tuyau exagone, tel qu'est un alvéole posé au milieu de six autres tuyaux exagones, touche par chacune de ses faces à une face de chacune des autres alvéoles ; de sorte que chaque pan pourrait être commun à deux alvéoles : ce qui est bien éloigné de laisser du vide entr'eux. Supposons que les deux piles de tuyau qui composent le gâteau, et qui se touchent par leurs extrémités fermées, c'est-à-dire par leurs fonds, soient séparées l'une de l'autre, on verra à découvert la face de chaque pîle sur laquelle paraitront les parois extérieures des fonds des alvéoles. Ce fond qui est concave en-dedans, comme nous l'avons déjà dit, est convexe en-dehors, et forme une pyramide qui se trouve creuse lorsqu'on regarde dans l'intérieur de l'alvéole, et saillante à l'extérieur. Si on se rappelle la figure des parois intérieures du fond qui est composé de trois losanges, etc. on aura la figure des parois extérieures ; ce sont les mêmes losanges réunis par un de leurs angles obtus. Ils se touchent par les côtés qui forment cet angle. La circonférence est composée de trois angles saillans et de trois angles rentrants, et par conséquent de six côtés. Toute la différence qui se trouve à l'extérieur, c'est que le centre est saillant. Les tuyaux exagones des alvéoles étant disposés comme nous avons dit, considérons un alvéole, et les six autres alvéoles, dont il est environné. Les fonds pyramidaux de ces six alvéoles, forment, en se joignant avec le fond de l'alvéole qui est au centre, trois pyramides creuses et renversées, semblables à celles qui sont formées par les parois intérieures des fonds ; aussi ces pyramides renversées servent-elles de fond aux alvéoles qui remplissent l'autre face du gâteau que nous avons supposé être partagé en deux parties.

M. Koenig a démontré que la capacité d'une cellule à six pans et à fond pyramidal quelconque fait de trois rhombes semblables et égaux, était toujours égale à la capacité d'une cellule à fond plat dont les pans rectangles ont la même longueur que les pans en trapese de la cellule pyramidale, et cela quels que soient les angles des rhombes. Il a aussi démontré qu'entre les cellules à fond pyramidal, celle dans laquelle il entrait le moins de matière avait son fond composé de trois rhombes dont chaque grand angle était de 109 degrés 26 minutes, et chaque petit angle de 70 degrés 34 minutes. Cette solution est bien d'accord avec les mesures précises de M. Maraldi, qui sont de 109 degrés 28 minutes pour les grands angles, et de 70 degrés 32 minutes pour les petits. Il est donc prouvé, autant qu'il peut l'être, que les abeilles construisent leurs alvéoles de la façon la plus avantageuse pour épargner la cire : cette sorte de construction est aussi la plus solide ; chaque fond d'alvéole est retenu par les pans des alvéoles qui se trouvent derrière : cet appui parait nécessaire, car les fonds et les pans de l'alvéole sont plus minces que le papier le plus fin. Le bord de l'alvéole est trois ou quatre fois plus épais que le reste ; c'est une espèce de bourlet qui le rend assez fort pour résister aux mouvements des abeilles qui entrent dans l'alvéole et qui en sortent. Ce bord est plus épais dans les angles de l'exagone, que sur les pans ; il est pour ainsi dire presqu'impossible de voir dans les ruches, et même dans les ruches vitrées qui sont faites exprès pour l'observation, quelles sont les parties de l'alvéole que les abeilles forment les premières. Il y a un moyen plus simple ; il faut prendre des gâteaux, surtout ceux qui sont nouvellement faits, et examiner les cellules qui se trouvent sur leurs bords, elles ne sont que commencées : il y en a dont la construction est plus ou moins avancée ; on a reconnu que les abeilles commençaient l'alvéole par le fond, qu'elles formaient d'abord un des rhombes ; elles élèvent sur les deux côtés de ce rhombe, qui doivent se trouver à la circonférence du fond, la naissance de deux pans de l'exagone ; ensuite elles font un second rhombe du fond avec les commencements de deux autres pans de l'exagone, et enfin le troisième rhombe complete le fond, et deux pans qu'elles ajoutent ferment l'exagone. Le fond étant fait, et le tuyau exagone commencé, elles l'allongent et le finissent en appliquant le bourlet sur les bords de l'ouverture. Elles construisent en même temps plusieurs fonds les uns à côté des autres ; et pendant que les unes font des cellules sur l'un des côtés de ces fonds, les autres en construisent de l'autre : de sorte qu'elles font les deux faces d'un gâteau en même temps. Il leur en faut beaucoup pour dresser les parois des cellules, pour les amincir, pour les polir : chaque cellule ne peut contenir qu'une ouvrière ; on la voit y entrer la tête la première ; elle ratisse les parois avec ses dents ; elle fait une petite pelote grosse comme la tête d'une épingle avec les particules de cire qu'elle a détachées, et à l'instant elle emporte la pelote : une autre fait la même manœuvre, et ainsi de suite jusqu'à ce que l'alvéole soit fini.

Les alvéoles servent de dépôt pour conserver le miel, les œufs, et les vers des abeilles : comme ces œufs et ces vers sont de différente grosseur (Voyez ABEILLE), les abeilles font des alvéoles de différente grandeur pour les loger. Les plus petits sont pour les vers qui doivent se changer en abeilles ouvrières ; le diamètre de ces cellules est d'environ deux lignes 2/5, et la profondeur est de cinq lignes 1/2, et le gâteau composé de deux rangs de ces cellules a environ dix lignes d'épaisseur ; les cellules où doivent naître les faux bourdons sont profondes de huit lignes, souvent plus, et quelquefois moins ; elles ont trois lignes 17/50, ou à-peu-près trois lignes et un tiers de ligne de diamètre pris dans un sens : mais le diamètre qu'on prend en sens contraire est plus petit d'une neuvième partie ; cette différence vient de ce que l'exagone de ces alvéoles a deux faces opposées plus petites que les quatre autres ; il y a aussi quelque différence, mais bien moins sensible entre les diamètres des petites cellules. Les deux sortes d'alvéoles dont on vient de donner les dimensions, ne servent pas seulement à loger les œufs et ensuite les vers ; souvent les abeilles les remplissent de miel lorsqu'elles les trouvent vides. Il y a aussi des cellules dans lesquelles elles ne mettent jamais que du miel, celles-ci sont plus profondes que les autres : on en a Ve qui n'avaient pas plus de diamètre que les plus petites, et dont la profondeur était au moins de 10 lignes. Lorsque la récolte du miel est abondante, elles allongent d'anciens alvéoles pour le renfermer, ou elles en font de nouveaux qui sont plus profonds que les autres. Lorsque les parois de la ruche ou quelque autre circonstance gênent les abeilles dans la construction de leurs alvéoles, elles les inclinent, elles les courbent, et les disposent d'une manière irrégulière.

Les alvéoles destinés à servir de logement aux vers qui doivent se métamorphoser en abeilles mères, sont absolument différents des autres alvéoles : on n'y voit aucune apparence de la figure exagone ; ils sont arrondis et oblongs ; l'un des bouts est plus gros que l'autre ; leur surface extérieure est parsemée de petites cavités. Ces cellules paraissent être grossièrement construites, leurs parois sont fort épaisses ; une seule de ces cellules peut peser autant que 150 cellules ordinaires : le lieu qu'elles occupent semble être pris au hasard ; les unes sont posées au milieu d'un gâteau sur plusieurs cellules exagones ; d'autres sont suspendues aux bords des gâteaux. Le gros bout est toujours en haut ; ce bout, par lequel les ouvrières commencent la construction de l'alvéole, est quelquefois suspendu par un pédicule : mais à mesure que l'alvéole s'allonge, il s'étrécit ; enfin il est terminé par le petit bout qui reste ouvert. La cellule entière a quinze ou seize lignes de profondeur ; lorsque ces, alvéoles ne sont qu'à demi faits, leur surface est lisse ; dans la suite les ouvrières y appliquent de petits cordons de cire qui y forment des cavités. On croit que ces cavités sont les premiers vestiges des cellules ordinaires qui seront construites dans la suite sur ces grands alvéoles. Lorsque les abeilles femelles sont sorties de ceux qui pondent aux bords des gâteaux, les ouvrières raccourcissent ces alvéoles, et les enveloppent en allongeant les gâteaux ; ils sont alors recouverts par des cellules ordinaires qui sont plus élevées dans cet endroit du gâteau, où il est plus épais qu'ailleurs. Il y a des ruches où il ne se trouve que deux ou trois grands alvéoles ; on en a Ve jusqu'à quarante dans d'autres : c'est au printemps qu'il faut chercher ces alvéoles ; car dans une autre saison ils pourraient tous être recouverts par d'autres cellules. Mém. de l'acad. royale des Sciences, 1712, et Mém. pour servir à l'histoire des insectes, par M. de Reaumur. (I)