ou PIED, s. m. (Anatomie) partie de l'animal, qui lui sert à se soutenir, à marcher, etc. Voyez CORPS. Les animaux se distinguent, par rapport au nombre de leurs pieds ; en bipedes qui n'ont que deux pieds, comme les hommes et les oiseaux ; en quadrupedes qui ont quatre pieds, comme la plupart des animaux terrestres ; et en polypedes qui en ont plusieurs, comme les insectes. Voyez QUADRUPEDES, INSECTES, etc.

Les reptiles, tels que sont les serpens, etc. n'ont point de pieds. Voyez REPTILE.

Les voyageurs voudraient nous persuader que les oiseaux de paradis n'ont point de pieds, et que lorsqu'ils dorment, ou qu'ils mangent, ils se tiennent suspendus par les ailes. Ce qu'il y a de vrai, c'est que ceux qui les attrapent leur coupent les pattes pour que ces oiseaux paraissent plus merveilleux. D'autres disent que c'est pour qu'ils ne gâtent point leurs plumes, qui sont parfaitement belles.

Les écrevisses de mer ont douze pieds. Les araignées, les mites, et les polypes en ont huit ; les mouches, les sauterelles, et les papillons en ont six.

Galien a donné plusieurs remarques excellentes sur le sage arrangement des pieds de l'homme et des autres animaux : dans son traité de l'usage des parties, l. III. les pieds de devant des taupes sont admirablement bien construits pour fouir et gratter la terre, afin de se faire une voie pour passer la tête, etc. Les pattes et les pieds des oiseaux aquatiques sont merveilleusement construits, et cette structure est respective à tout ce qu'ils doivent faire pour vivre. Ceux qui marchent dans les rivières, ont les jambes longues, et sans plumes, beaucoup au-dessus du genou ; ils ont les doigts du pied fort larges : et ceux qu'on appelle suce-bouès, ont en quelque sorte deux de leurs doigts unis ensemble, pour qu'ils n'enfoncent point facilement lorsqu'ils marchent sur les fondrières des marais.

D'autres ont tout le pied, c'est-à-dire, tous les doigts unis ensemble par une espèce de toîle membraneuse, comme les oies, les canards, etc.

On a du plaisir à remarquer avec combien d'artifice ils replient leurs orteils et leurs pieds, quand ils tirent à eux leurs jambes ou qu'ils les étendent pour nager. Ils élargissent et ouvrent tout le pied quand ils pressent l'eau, ou quand ils veulent aller en-avant.

Jambe ou grand pied, en Anatomie, s'entend de ce qui est compris depuis la hanche jusqu'à l'extrémité des orteils, comme le bras est ce qui est compris depuis l'épaule jusqu'au bout des doigts.

La jambe, le pes magnus ou grand pied, se divise en cuisse, en jambe et en pied. Voyez CUISSE, JAMBE, etc.

Les os de la jambe sont le fémur ou l'os de la cuisse, le tibia, le péronier, les os du tarse, du métatarse et des orteils. Voyez FEMUR, TIBIA, etc.

Les artères de la jambe sont des branches de l'artère crurale, et ses veines se terminent à la veine crurale. Voyez CRURAL.

Il y a à la jambe cinq veines principales, savoir, la saphene, la grande et la petite sciatique, la musculaire, la poplitée, et la tibiale. Voyez chacune à son article, SAPHENE, etc.

Le pied proprement dit, ou le petit pied, ne s'entend que de l'extrémité de la jambe. On le divise en trois parties, savoir, en tarse, en métatarse, et en doigts ou orteils. Le tarse est ce qui est compris entre la cheville du pied et le corps du pied : il répond à ce qu'on appelle carpe dans la main. Le métatarse est le corps du pied jusqu'aux orteils, et les doigts et orteils sont les autres os du pied. Voyez TARSE, etc.

Ces parties sont composées de beaucoup d'os, qui sont le calcaneum, l'astragal, les os cunéiformes, l'os cuboïde : le dessous de tous ces os s'appelle la sole ou la plante du pied, &c.

PIE, (Orthopédie) le pied de l'homme est très-différent de celui de quelque animal que ce sait, et même de celui du singe ; car le pied du singe est plutôt une main qu'un pied, les doigts en sont longs, et disposés comme ceux de la main, celui du milieu est plus grand que les autres, comme dans la main ; d'ailleurs, le pied du singe n'a point de talon semblable à celui de l'homme ; l'assiette du pied est aussi plus grande dans l'homme que dans tous les animaux quadrupedes, et les orteils servent beaucoup à maintenir l'équilibre du corps et à assurer ses mouvements dans la démarche, la danse, la course, etc. Les animaux qui marchent sur deux pieds, et qui ne sont point oiseaux, ont le talon court et proche des doigts du pied ; en sorte qu'ils posent à la fois sur les doigts et sur le talon, ce que ceux qui vont à quatre pieds ne font pas, leur talon étant fort éloigné du reste du pied. Ceux qui l'ont un peu moins éloigné, comme les singes, les lions, les chats et les chiens, s'accroupissent ; enfin, il n'y a aucun animal qui puisse être debout comme l'homme. Il semble cependant qu'il ait pris à tâche par des bizarreries de modes, de diminuer l'avantage qu'il en peut tirer, pour marcher, courir, et maintenir l'équilibre du corps, en étrécissant cette partie par des souliers étroits qui la gênent et qui empêchent son accroissement.

On sait que l'une des plus étranges coutumes des Japonais et des Chinois, est de rendre les pieds des femmes si petits, qu'elles ne peuvent presque se soutenir. Les voyageurs les plus véridiques, et sur le rapport desquels on peut compter davantage, conviennent que les femmes de condition se rendent le pied aussi petit qu'il leur est possible, et que pour y réussir, on le leur serre dans l'enfance avec tant de force, qu'effectivement on l'empêche de croitre. Dans ces pays-là une femme de qualité ou seulement une jolie femme, doit avoir le pied assez petit pour trouver trop aisée la pantoufle d'un enfant du peuple âgé de six ans ; les curieux ont dans leurs cabinets des pantoufles de dames chinoises qui prouvent assez cette bizarrerie de goût dont nos dames européennes ne sont pas fort éloignées. Cependant les pieds sont sujets à un assez grand nombre d'accidents, de maladies, ou de défauts, pour qu'il ne soit pas nécessaire de les multiplier encore par artifice ; je vais parler de quelques-unes de leurs mauvaises tournures.

Les différentes conformations des pieds sont d'être ou longs, ou courts, ou gros ou menus, ou larges d'assiette, ou étroits, ou entre-deux. Mais il y a des pieds forcément tournés en-dehors, et d'autres forcément tournés en-dedans : cette difformité plus ou moins grande vient à l'enfant, de naissance ou d'accident. Quand c'est de naissance, il faut que la nourrice essaie tous les jours de lui tourner doucement les pieds dans le sens naturel, et d'observer de les lui assujettir par l'emmaillottement ; comme les ligaments sont alors extrêmement tendres, ils céderont peut-être insensiblement à la tournure naturelle qu'on leur fera contracter.

Si la mauvaise tournure a été longtemps négligée ou qu'elle vienne d'accident, ou que l'enfant soit déjà un peu grand, on tâchera d'y remédier par les moyens suivants. 1°. En recourant à des remèdes capables de ramollir les ligaments, comme sont les fomentations avec les bouillons de tripes, les frictions avec l'huîle de lin, les cataplasmes de feuilles, de fleurs, et de racine de guimauve, etc. 2°. En essayant tous les jours avec la main de ramener le pied dans sa situation naturelle ; 3°. en employant pour cela de forts cartons, ou des attelles de bois, ou de petites platines de métal, qu'on a soin de serrer avec une bande.

Il y a une autre mauvaise tournure des pieds fort différente de la précédente pour la cause ; c'est celle qui vient de la paresse à tourner les pieds en-dehors, ou de l'affectation à les tourner trop en-dehors. Les personnes qui ont persisté longtemps dans cette habitude, ont presque autant de peine à s'en corriger, que si la difformité venait de naissance, ou d'accident ; c'est aux parents à y veiller ; mais si leurs soins et leurs avis sont infructueux, il faut qu'ils fassent faire de ces marche-piés de bois en usage chez les religieux pour leurs jeunes pensionnaires. Il y a dans ces marche-piés deux enfoncements séparés pour y mettre les pieds, et où ces deux enfoncements sont creusés et figurés de manière que chaque pied y étant engagé est nécessairement tourné en-dehors. L'enfant se servira donc de ce marche-pié, toutes les fois qu'il sera assis. Il est vrai que cette méthode a un inconvénient, c'est que lorsque l'enfant voudra marcher les pieds en-dehors, il chancellera et sera en danger de tomber, mais alors il faudra le soutenir pour l'accoutumer peu-à-peu à marcher comme les autres, et l'on y réussira en sacrifiant tous les jours une demi-heure à cet exercice.

Un autre moyen de corriger un enfant, qui par mauvaise habitude tourne les pieds en-dedans, c'est de lui faire tourner les genoux en-dehors, car alors les pieds se tourneront nécessairement de même. On peut avoir les pieds en-dehors sans y avoir les genoux, ce qui est une mauvaise contenance, et qui empêche d'être bien sur ses pieds ; mais on ne saurait avoir les genoux en-dehors, que les pieds n'y soient, et on est alors toujours bien planté.

La méthode de faire porter à des enfants de petits sabots pour leur faire tourner les pieds en-dehors, n'a que l'inconvénient de mettre l'enfant en danger de tomber fréquemment ; mais cet usage est bon à la campagne, et dans un terrain où l'enfant ne risque pas de se faire du mal en tombant.

Au reste, la plupart des enfants n'ont les pieds en-dedans que par la faute des nourrices qui les emmaillottent mal, et qui leur fixent ordinairement les pieds pointe contre pointe, au lieu de les leur fixer talon contre talon ; c'est ce qu'elles pourraient néanmoins faire très-aisément par le moyen d'un petit coussinet engagé entre les deux pieds de l'enfant et figuré en forme de cœur, dont la pointe serait mise entre les deux talons de l'enfant, et la base entre les deux extrémités de ses pieds ; ce moyen est excellent pour empêcher les enfants de devenir cagneux, et les parents devraient bien y prendre garde.

Si les pieds panchent plus d'un côté que de l'autre, il faut donner à l'enfant des souliers, qui vers l'endroit où les pieds panchent, soient plus hauts de semelle et de talon ; ce correctif fera incliner les pieds du côté opposé. Il convient de prendre garde, que les souliers des enfants ne tournent, surtout en-dehors, car s'ils ne tournaient qu'en-dedans, il n'y aurait pas grand mal, parce que cette inégalité pourvu qu'elle ne soit pas considérable aide à porter en-dehors la pointe du pied ; mais lorsque les souliers tournent en-dehors, ils font tourner la pointe du pied en-dedans.

Quant aux personnes qui affectent trop de porter les pieds en-dehors, ils n'ont besoin que d'avis, et non de remèdes.

Il y a des personnes qui ont malheureusement de naissance des pieds faits comme des pieds de cheval ; on les nomme en grec hippopodes, et en français pieds équiens ; on cache cette difformité par des souliers, construits en-dehors comme les souliers ordinaires, mais garnis en-dedans d'un morceau de liège qui remplit l'endroit du soulier que le pied trop court laisse vide. Cette difformité passe pour incurable ; cependant on peut tâcher d'y remédier en partie, en tirant fréquemment, mais doucement, les orteils de l'enfant, et en enveloppant chaque pied séparément avec une bande qui presse un peu les côtés du pied, pour obliger insensiblement le pied à mesure qu'il croit, à s'allonger par la pointe ; si cette tentative n'a point de succès, il n'y a rien à espérer. (D.J.)

PIES, BAIN DE, (Médecine) pediluvium ; on pourrait dire pediluve, mais je n'ose hasarder ce terme.

La composition du bain des pieds, est la même que celle des bains ordinaires ; c'est de l'eau pure à laquelle on peut ajouter du son de froment ou des fleurs de camomille ; ce remède est très-utîle dans plusieurs cas. Comme son application relâche, ramollit les fibres nerveuses, tendineuses et musculeuses des pieds, leurs vaisseaux se dilatent, le sang y aborde et s'y jette avec plus de liberté, au soulagement du malade. De plus, comme ces parties nerveuses et tendineuses ont une communication étroite avec les autres parties nerveuses du corps, et surtout avec les viscères du bas-ventre ; on ne peut douter qu'en humectant les pieds avec une liqueur tiéde, ce bain ne fasse cesser leurs contractions spasmodiques. La vertu qu'ils ont de calmer la violence des spasmes les rend utiles dans toutes les maladies convulsives et douloureuses, comme la cardialgie, la colique, les douleurs d'hypocondres, etc. il facilite encore les excrétions salutaires, comme la transpiration insensible, l'évacuation de l'urine, et celle des excréments.

Il faut éviter que l'eau dans laquelle on met les pieds ne soit trop chaude, parce que la pulsation des artères augmente alors trop considérablement, et la sueur sort en trop grande abondance. Il ne faut point faire usage de ce remède, lorsque le flux menstruel est imminent ou qu'il a commencé, parce que détournant le sang de l'uterus, il arrêterait cette évacuation ou la rendrait trop considérable ; mais il contribue merveilleusement à la procurer quand on l'emploie quelques jours avant le période, surtout si l'on fait en même temps usage d'emmenagogues tempérés.

Il faut s'abstenir avec soin des bains de pieds astringens, alumineux, sulphureux, pour tarir la sueur incommode de ces parties, dissiper les enflures oedémateuses, ou dessecher les ulcères, parce que ce remède repousserait avec danger la matière virulente vers les parties internes, nobles et délicates.

Enfin, il est bon d'avertir que quand le bain des pieds devient un remède nécessaire, comme dans les maux de tête opiniâtres, la migraine qui nait de plétore, l'ophtalmie, la difficulté de respirer causée par l'abondance du sang, les toux seches, et le crachement de sang, etc. ce remède produit d'autant plus de bien, qu'on le fait précéder de la saignée de la même partie, qu'on en use vers le temps du sommeil, qu'on ne laisse pas refroidir ensuite les pieds, et qu'on les transporte tout chauds dans le lit pour aider la transpiration par-tout le corps. Il y a un très-bon morceau sur les bains de pieds dans les essais de Médecine d'Edimbourg, j'y renvoie le lecteur. (D.J.)

PIES, puanteur des, (Médecine) Il y a des personnes dont les pores de la sueur se trouvant naturellement très-gros aux pieds, reçoivent une grande quantité de liqueur, laquelle sort en gouttes par la chaleur et l'exercice. Cette sueur tendant à s'alkaliser par le séjour, répand une odeur fort puante ; cependant on ne doit point remédier à cet écoulement sudorifique tout d'un coup par de violents astringens. Il est vrai, par exemple, que l'écaille de cuivre, ou à sa place, la limaille de laiton pulvérisée avec le soufre et la racine d'iris de Florence, mise dans les souliers, suppriment l'odeur puante des pieds, mais ce n'est pas toujours sans danger ; car si on arrête imprudemment cette sueur fétide, il survient quelquefois des maux plus funestes ; et le meilleur est de se laver les pieds tous les jours avec de l'eau bien froide, où l'on ajoute un peu de vinaigre, changer chaque fois de chaussons, et ne point porter de bas de laine.

PIES et JAMBES des oiseaux, (Ornithologie) ce sont les instruments du mouvement progressif des oiseaux sur terre et dans les eaux. Les jambes sont pliées dans tous les oiseaux, afin qu'ils puissent se percher, jucher, et se reposer plus facilement. Cette duplicature les aide encore à prendre l'essor pour voler, et se trouvant repliée contre le corps, elle ne porte point d'obstacle au vol. Dans certains oiseaux les jambes sont longues pour marcher et fouiller dans les marécages ; en d'autres, elles sont d'une longueur médiocre, et dans d'autres plus courtes ; et toujours convenables à leur caractère, et à leur manière de vivre.

Elles sont placées tant-sait-peu hors du centre de gravité, mais davantage dans les oiseaux qui nagent, afin de mieux diriger et pousser le corps dans l'eau, de même que pour l'assister dans l'action de plonger. Les pieds des oiseaux nageurs sont dans quelques-uns entiers, en d'autres fourchus avec des doigts garnis de nageoires.

Quoique les oiseaux ne marchent que sur deux pieds, ils ne posent point sur le talon ; mais ils ont ordinairement un doigt derrière, de même que les animaux à pieds fourchés ont deux ergots, sur lesquels néanmoins ils ne s'appuient point. Le doigt qui est derrière le pied aux oiseaux leur sert aussi davantage à se percher qu'à marcher. L'autruche qui ne vole et ne se perche jamais, n'a que deux doigts à chaque pied, encore ne pose-t-il que sur un seul ; et ce doigt ressemble parfaitement au pied de l'homme quand il est chaussé.

Les pieds de l'onocrotale, que nous appelons pélican, et ceux du cormoran ont une structure et un usage bien extraordinaires. Ces oiseaux qui vont prendre le poisson dans les rivières, ont les quatre doigts du pied joints ensemble par des peaux, et ces doigts sont tournés en-dedans, tout au-contraire de ceux des pieds de tous les autres animaux, où les doigts des pieds sont ordinairement en-dehors, pour rendre l'assiette des deux pieds plus large et plus ferme. Or la structure est différente dans les deux oiseaux dont il s'agit ici, de sorte qu'ils peuvent nager avec un seul pied, tandis qu'ils ont l'autre employé à tenir le poisson qu'ils apportent au bord de l'eau. En effet, leurs longs doigts par de larges membranes qui composent comme un grand aviron, étant ainsi tournés en-dedans, font que cet aviron agit justement au milieu du corps, et les fait aller droit ; ce qu'un seul pied tourné en-dehors, ainsi qu'il est aux oies et aux canards, ne pourrait exécuter ; de même qu'un seul aviron, qui n'agit qu'à un des côtés d'une nacelle ne la saurait faire aller droit.

Enfin c'est une chose remarquable de voir avec combien d'exactitude les jambes et les pieds de tous les oiseaux aquatiques répondent à leur manière de vivre. Car ou-bien les jambes sont longues et propres à marcher dans l'eau ; en ce cas elles sont nues, et sans plumes à une bonne partie au-dessus des genoux, ce qui les rend plus propres à ce dessein ; ou-bien les doigts des pieds sont tout à fait larges : dans ceux que les Anglais appellent mud-suckers (suceurs de boue), deux des doigts sont en quelque sorte joints ensemble, pour qu'ils n'enfoncent pas facilement, en marchant dans des lieux marécageux et pleins de fondrières. Quant à ceux qui ont les pieds entiers, ou dont les doigts sont joints par des membranes, si l'on en excepte quelques-uns, les jambes sont en général courtes, et les plus convenables pour nager. C'est une chose très-curieuse de voir avec quel artifice ces oiseaux retirent et serrent les doigts du pied, lorsqu'ils lèvent les jambes, et qu'ils se préparent à frapper l'eau ; et comment au contraire par un artifice également grand, ils étendent et écartent les doigts des pieds, lorsqu'ils les appuient sur l'eau, et qu'ils veulent s'avancer. (D.J.)

PIE, (Histoire naturelle des insectes) c'est la troisième partie de la jambe d'un insecte.

L'on y remarque ordinairement quelques articulations qui sont ou rondes, ou de la figure d'un cœur renversé, et dont la pointe est en haut. Les uns en ont deux, et d'autres en ont jusqu'à cinq. A l'antérieure de ces articulations, quelques-uns ont deux pointes crochues, à l'aide desquelles ils s'attachent aux choses les plus polies. Entre ces pointes, d'autres ont encore une plante de pied qui leur sert à s'accrocher dans les endroits où les pointes seraient inutiles. Elle produit le même effet que le morceau de cuir mouillé, que les enfants appliquent sur une pierre, et qui s'y attache si fort, qu'ils peuvent lever la pierre en l'air, sans qu'elle se détache.

Griendelius attribue la cause de cette adhésion à la courbure de leurs ongles ; et Bonnani aux coussinets qu'ils ont à l'extrémité de leurs pieds, parce que quoique les poux et les puces aient aux pieds des ongles crochus, ils ne laissent pas, lorsqu'on les a posés sur une glace de miroir, de glisser en bas dès qu'on le dresse, ce que ne font pas ceux qui ont de pareils coussinets. D'autres enfin prétendent que les insectes qui peuvent monter le long des corps les plus polis, le font par le moyen d'une humeur glutineuse, qu'ils expriment des coussinets qu'ils ont aux pattes.

Il y a des insectes qui ont une espèce de palette aux genoux, avec laquelle ils peuvent s'accrocher aux corps auxquels ils veulent se tenir. Cette palette se trouve à la première paire de jambe. Les mâles de plusieurs espèces de scarabées aquatiques en ont ; mais M. Lyonnet n'en a jamais Ve aux femelles ; son observation ferait donc soupçonner que cette palette n'est donnée aux mâles, qu'afin de pouvoir mieux se tenir aux femelles lorsqu'ils s'accouplent ; du moins ne manquent-ils pas alors d'en faire cet usage.

Le scarabée aquatique a en-dedans de la palette du genou un muscle qu'il peut retirer. Quand il a appliqué cette palette contre quelque corps, elle s'y joint très-étroitement ; c'est par ce moyen que cet insecte s'attache fortement à sa femelle, à sa proie, ou à tel autre corps que bon lui semble.

Les insectes qui ont des pieds n'en ont pas tous le même nombre, qui varie extrêmement, suivant l'espèce ; ils sont communément situés sous le ventre.

Quelques-uns des insectes qui manquent de pieds, ont, en divers endroits de leur corps, de petites pointes qui y suppléent ; ils s'en servent pour s'accrocher et se tenir fermes aux corps solides. L'on trouve par exemple, dans la fiente des chevaux, un ver de la longueur de huit ou dix lignes, et dont le corps est à-peu-près de la figure d'un noyau de cerise ; cet insecte a six anneaux, par le moyen desquels il s'allonge et se raccourcit ; le tour de chacun de ces anneaux est garni de petites pointes aiguës ; de sorte que quand le ver les redresse, il peut les planter dans les entrailles des chevaux, et s'y tenir si ferme, que l'expulsion des excréments a de la peine à l'entraîner malgré lui. (D.J.)

PIE, (Critique sacrée) les pieds dans le style de l'Ecriture se prennent au sens naturel et au figuré, de différentes manières ; 1°. au sens naturel, la sunamite se jeta aux pieds d'Elisée ; c'était encore une marque de respect des femmes à l'égard des hommes, que de toucher les pieds.

2°. Au sens figuré pour la chaussure, pes tuus non est subtritus. Deut. VIIIe 4. les souliers que vous avez à vos pieds ne sont point usés.

3°. Pour les parties que la pudeur ne permet pas de nommer. In die illâ tradet Dominus novacula, caput, et pilos pedum et barbam universam. Is. VIIe 20. En ce temps-là le Seigneur se servira du roi des Assyriens, comme d'un rasoir pour raser la tête, la barbe, et le poil des pieds ; dimisisti pedes tuos omni transeunti ; vous vous êtes abandonné à tous les passants, Ezéchiel xiv. 25.

4°. Pié, signifie l'arrivée de quelqu'un. Quam speciosi pedes evangelisantium pacem. Is. lij. 7. Que c'est une chose agréable de voir arriver ceux qui annoncent la paix !

5°. Il se prend pour la conduite, pes meus stetit in directo, Psaumes XVe 12. mes pieds sont demeurés fermes dans le droit chemin.

6°. Il signifie un soutien, un appui : oculus fuit caeco et pes claudo, Job. xxix. 15. Il éclaire l'aveugle et soutient le boiteux.

7°. Il désigne ce qui est fort cher. Si pes tuus scandalisat te, abscinde eum. Matth. XVIIIe 8. Si ton pied te fait tomber, coupe-le.

8°. Etre sous les pieds de quelqu'un, marque l'asservissement ; omnia subjecisti sub pedibus ejus. Psaumes VIIIe 8. Vous avez tout soumis à sa puissance.

9°. La trace d'un pied, signifie une très-petite quantité de terre. Neque enim dabo vobis de terrâ eorum, quantum potest unius pedis calcare vestigium. Deut. IIe 5.

10°. Mettre le pied dans un lieu, signifie en prendre possession. Locus quem calcaverit pes vester, vester erit. Deut. XIe 24. L'endroit où vous mettrez le pied, vous appartiendra.

11°. Parler du pied, c'est gesticuler du pied. Salomon dans les proverbes VIe 13. attribue ce langage à l'insensé. (D.J.)

PIES, le baisément des, (Histoire moderne) marque extérieure de déférence qu'on rend au seul pontife de Rome ; les panchements de tête et de corps, les prosternements, les génuflexions, enfin tous les témoignages frivoles de respect devinrent si communs en Europe dans le VIIe et VIIIe siècles, qu'ils ne furent plus regardés comme le sont aujourd'hui nos révérences ; alors les pontifes de Rome s'attribuèrent la nouvelle marque de respect qui leur est restée, celle du baisément des pieds. Il est vrai que Charles, fils de Pepin, embrassa les pieds du pape Etienne à S. Maurice en Vallais ; mais ce même pape Etienne venant en France, s'était prosterné de son côté aux pieds de Pepin, père de Charles. On croit généralement que le pape Adrien I. qui prétendait être au rang des princes, quoiqu'il reconnut toujours l'empereur grec pour son souverain, établit le premier sur la fin du VIIIe siècle, que tout le monde lui baisât les pieds en paraissant devant lui. Le clergé y acquiesça sans peine par retour sur lui-même ; enfin les potentats et les rois se soumirent depuis, comme les autres, à cette étiquette, qui rendait la religion romaine plus vénérable aux peuples. (D.J.)

PIE, en poésie, en latin pes et mieux metrum, du grec . Alliance ou accord de plusieurs syllabes ; on l'appelle pied par analogie et proportion, parce que comme les hommes se servent des pieds pour marcher, de même aussi les vers semblent avoir quelqu'espèce de pieds qui les soutiennent et leur donnent de la cadence.

On compte ordinairement dans la poésie grecque et latine vingt-huit pieds différents, dont les uns sont simples et les autres composés.

Il y a douze pieds simples ; savoir, quatre de deux syllabes et huit de trois syllabes. Les pieds simples de deux syllabes sont le pyrrichée ou pyrique, le spondée, l'iambe et le trochée. Les pieds simples de trois syllabes sont le dactyle, l'anapeste, le molosse, le tribrache, l'amphibrache, l'amphimacre, le bacche, l'antibacche. Voyez tous ces mots à leur article.

On compte seize pieds composés, qui tous ont quatre syllabes ; savoir, le dispondée ou double spondée, le procéleusmatique, le double trochée, le double iambe, l'antipaste, le choriambe, le grand ionique, le petit ionique, le péon ou péan, qui est de quatre espèces, et l'épitrite, qui se diversifie aussi en quatre manières. Voyez DISPONDEE, ANTIPASTE, etc.

Pié et mesure dans la poésie latine et grecque sont des termes synonymes.

Un auteur moderne explique aussi fort nettement l'origine des pieds dans l'ancienne poésie. On ne s'avisa pas tout d'un coup, dit-il, de faire des vers ; ils ne vinrent qu'après le chant. Quelqu'un ayant chanté des paroles, et se trouvant satisfait du chant, voulut porter le même air sur d'autres paroles ; pour cela, il fut obligé de régler les paroles du second couplet sur celles du premier. Ainsi la première strophe de la première ode de Pindare se trouvant de dix-sept vers, dont quelques-uns de huit syllabes, quelques-uns de six, de sept, d'onze ; il fallut que dans la seconde, qui figurait avec la première, il y eut la même quotité de syllabes et de vers, et dans le même ordre.

On observa ensuite, que le chant s'adaptait beaucoup mieux aux paroles, quand les breves et les longues se trouvaient placées en même ordre dans chaque strophe pour répondre exactement aux mêmes tenues des tons. En conséquence on travailla à donner une durée fixe à chaque syllabe en la déclarant breve ou longue, après quoi l'on forma ce qu'on appela des pieds, c'est-à-dire, de petits espaces tout mesurés, qui fussent en vers ce que le vers est à la strophe. Cours de Belles-lettres, tom. I.

Le nom de pied ne convient qu'à la poésie des anciens ; dans les langues modernes on mesure les vers par le nombre de syllabes. Ainsi nous appelons vers de douze syllabes nos grands vers, ou vers alexandrins ; et nous en avons de dix, de huit, de six, de quatre, de deux syllabes, et d'autres irréguliers d'un nombre impair de syllabes. Voyez VERS et VERSIFICATION.