S. m. (Anatomie) cavité ou fossette assez profonde, qu'on découvre dans la partie inférieure du troisième ventricule du cerveau, et dont l'ouverture évasée, se retrécissant insensiblement, aboutit à la glande pituitaire, qui est logée dans la cavité de la selle turcique. L'entonnoir a, dit-on, deux ouvertures ; l'une, qu'on appelle aujourd'hui ouverture antérieure commune, parce qu'elle communique avec les ventricules latéraux, et l'autre, qu'on nomme ouverture commune postérieure, parce qu'elle communique au cervelet, suivant l'hypothèse généralement reçue.

Mais ces deux ouvertures de l'entonnoir, et les communications qu'on lui attribue, sont-elles bien certaines ? Du moins tout le monde n'en convient pas : M. Lieutaud, par exemple, croit s'être assuré du contraire par des administrations multipliées ; cet anatomiste, loin d'admettre aucune cavité dans l'entonnoir, a trouvé que cette partie du troisième ventricule du cerveau (qu'il nomme tige pituitaire, à cause de sa solidité) est une espèce de cylindre de deux à trois lignes de hauteur, formé par la substance cendrée, et recouvert de la pie-mère. Il a encore observé que ce cylindre est nourri dans son axe par de très-petits vaisseaux, lesquels communiquent avec ceux de la glande pituitaire, qui reçoit cette colonne ou qui la soutient.

Je ne prétends point ici que M. Lieutaud ait raison, et que les autres anatomistes soient dans l'erreur ; je ne décide rien entre les maîtres de l'art, moi qui ne suis qu'un écolier. Je dis seulement que tout ce qui regarde la structure des diverses parties du cerveau, est entièrement sujet à un nouvel examen, non parce qu'il faut espérer, en s'y dévouant, de découvrir quelque chose de leurs fonctions, puisque la nature a pris à tâche de nous en voiler le mystère, mais parce qu'il est important de n'établir pour faits que ceux que les dissections démontrent clairement à tout le monde, sans aucune contradiction. Aussi nous garderons-nous bien d'exposer dans ce livre des opinions anatomiques, sans tracer en même temps l'histoire des doutes et des incertitudes. Article de M(D.J.)

ENTONNOIR, instrument de Chirurgie dont on se sert pour conduire le cautère actuel sur l'os unguis dans l'opération de la fistule lacrymale, afin d'en détruire la carie. Cet entonnoir est d'acier, son pavillon a sept lignes de diamètre, son extrémité inférieure deux et demie ; cette extrémité est taillée en talus pour s'accommoder au plan incliné de l'os. La longueur de l'instrument est d'environ un pouce et demi ; on le tient avec un manche plat de la même matière, soudé sur le côté du pavillon. On ne se sert plus du cautère actuel, ni par conséquent de l'entonnoir dans cette maladie, à cause de l'inflammation et d'autres accidents fâcheux qui en résultent. Voyez FISTULE LACRYMALE. (Y)

ENTONNOIR, (Pharmacie et Chimie) Outre l'usage ordinaire de l'entonnoir qui est connu de tout le monde, il y en a encore plusieurs autres, soit en Pharmacie, soit en Chimie ; on s'en sert très-commodément pour filtrer, ou, pour mieux dire, pour soutenir les filtres (Voyez FILTRE), et pour séparer les huiles essentielles de l'eau qui les a accompagnées dans la distillation, etc. Voyez HUILE ESSENTIELLE.

Les entonnoirs dont on se sert le plus communément dans les laboratoires, sont de verre, et ce sont en effet les meilleurs pour la filtration des sels, des sucs de plantes, de fruits, du petit lait, etc. Ceux qui sont faits d'étain ou de fer-blanc peuvent servir en bien des cas, mais il faut avoir soin de n'y point filtrer des liqueurs qui pourraient les attaquer. Ceux de fer-blanc sont les plus mauvais, ils sont trop sujets à la rouille, aussi s'en sert-on fort peu. On doit toujours leur préférer les entonnoirs de verre : ces derniers, à la vérité, sont fort sujets à se casser ; et souvent même sans qu'on les touche, ils se fendent d'eux-mêmes d'un bout à l'autre, quelquefois en ligne droite, quelquefois en spirale : ils ne sont pas pour cela hors d'état de servir, on rapproche exactement leurs parties, et avec du blanc d'œuf et de la chaux éteinte à l'air on fait une pâte liquide, qui étendue sur du linge, et appliquée de distance en distance sur les fêlures, les contient, et met l'entonnoir en état de servir comme auparavant. Voyez VAISSEAUX CHIMIQUES.

L'entonnoir est aussi mis en usage pour porter la fumée de certains remèdes sur les dents, dans l'anus et dans le vagin. Voyez SUFFUMIGATION. (b)

ENTONNOIR (Art militaire) dans l'Artillerie, est l'incavation ou l'espèce de trou que les mines font en sautant ou en jouant. On l'appelle ainsi, à cause de sa ressemblance à un entonnoir renversé. Voyez MINE. (Q)

ENTONNOIR, en terme de Blanchisserie, est un pot de cuivre évasé, ayant un bec et un manche : il n'est guère d'usage que dans les blanchisseries.

ENTONNOIR, instrument de Tonnelier ; c'est un vaisseau fait ordinairement de fer-blanc, en forme de cone, à la pointe duquel est un col plus ou moins long, suivant l'usage auquel on le destine : on s'en sert pour entonner du vin dans des futailles.

Il y a deux sortes d'entonnoirs : de petits, pour tirer le vin en bouteilles ; et de grands, pour remplir les tonneaux de vin sans le troubler. Ceux-ci ont un long col bouché par l'extrémité, mais garni de petits trous dans sa longueur.