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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Pharmacie
S. f. (Pharmacie) On a donné en Pharmacie le nom de confection à certaines compositions officinales qui sont du genre des électuaires, dont elles ne diffèrent ni par leur consistance, ni par le manuel de leur préparation. Voyez ELECTUAIRE.

On trouve dans les dispensaires un assez grand nombre d'électuaires décrits sous le nom de confection, qui presque tous sont stomachiques et cordiaux ; ce qui ferait croire que c'était principalement à ceux de cette espèce qu'on donnait originairement ce nom. Il s'en trouve cependant aussi, mais très-peu, qui sont narcotiques : il y en a même un qui est purgatif.

De toutes les confections décrites dans la pharmacopée universelle de Lémery (environ 30), il n'y en a que trois qui soient aujourd'hui en usage parmi nous ; savoir la confection hyacinthe et alkerme, qui sont toutes deux réputées cordiales et stomachiques, et la confection hamec qui est purgative. Nous allons donner la composition de ces trois préparations.

Confection d'hyacinthe réformée de Lémery : des hyacinthes préparées, une once et demie ; du corail rouge préparé, de la terre sigillée, du santal citrin, de chacun une once ; de la rapure de corne de cerf, six gros ; de l'os de cœur de cerf, de la racine de tormentille, de fraxinelle, des feuilles de dictame de Crète, du safran, de la myrrhe, des roses rouges, des semences d'oseille, de citron, de pourpier, de chacun trois gros ; des yeux d'écrevisses préparés quatre scrupules ; des écorces extérieures de citron, d'orange aigre, de chaque quatre scrupules ; du musc et de l'ambre-gris, de chacun dix grains ; du sirop de kermès, une once ; du sirop d'oeillet, trois liv. N. B. que la livre dont se sert Lémery n'est que de douze onces.

Si jamais les Médecins galénistes firent une préparation monstrueuse, on peut dire que ç'a été la confection hyacinthe : tous les éloges qu'on lui a donnés, et qu'on lui donne encore tous les jours, ne font rien en sa faveur ; et malgré les corrections qu'on a faites à la description que nous avaient laissée les anciens, on peut assurer hardiment que cet électuaire ne peut pas avoir de grandes vertus, surtout à la dose où on le donne ordinairement : il suffit pour s'en convaincre de jeter les yeux sur la nature des poudres, et sur la quantité et la qualité qui sert à les incorporer.

La poudre est composée de végétaux, à qui on a accordé une vertu astringente, tels que la tormentille, les roses rouges ou cordiales, tels sont la racine de fraxinelle, le santal citrin, le safran, les feuilles de dictame, la myrrhe ; ou enfin vermifuge, (car on attribue aussi cette propriété à la confection hyacinthe) comme les semences de citron, de pourpier, d'oseille : les autres poudres sont réputées absorbantes ; et quelques-unes le sont en effet, savoir le corail et les yeux d'écrevisses, la corne de cerf et l'os du cœur du même animal, sont du genre des remèdes qu'on appelle incrassants.

Il y a une autre espèce d'ingrédiens dont les vertus médicinales, je crois, ne sont pas trop bien connues ; je veux dire les terres argilleuses, qui sont le bol d'Arménie et la terre sigillée.

Je ne parle point de l'ambre-gris, ni du musc ; on n'y en met jamais.

Quand aux pierres précieuses qui entraient autrefois dans cette préparation, Lémery les a toutes retranchées à l'exception des hyacinthes. Je ne sais pas trop pourquoi il a fait grâce à celle-ci : les raisons qui ont fait rejeter les émeraudes, les saphirs, devaient faire rejeter aussi les hyacinthes ; mais sans-doute que comme elles donnent leur nom à cette confection, il n'a pas osé les en bannir.

La poudre qui résulte des ingrédiens énoncés, et qui est connue dans les boutiques sous le nom d'espèce de confection hyacinthe, pourrait avoir de bons effets dans certains cas, donnée au poids d'un demi-gros ou d'un gros : mais il n'arrive jamais qu'on les prescrive, ces espèces ; on a toujours recours à la confection, c'est-à-dire à une petite portion de la poudre, et une très-grande au contraire de sirop. En effet la dose ordinaire de ce remède étant d'un gros, le malade à qui on le prescrit ne prend que 12 grains de la poudre, et 60 grains de sirop. Ajoutez à cela, que la plupart de celle qui se débite à Paris, et qui vient pour la plupart de Montpellier et de Lyon, est faite avec le sirop de limon, sirop acide qui ne manque pas de saturer les alkalins terreux, sur la vertu desquels on ne peut plus compter. Il est vrai que la plus grande partie des apothicaires de Paris, conformément à la description corrigée par Lémery, ne se servent que de sirop d'oeillet, ou même d'un sirop blanc, c'est-à-dire fait avec l'eau commune et le sucre ; en ce cas les absorbans conservent toute leur propriété : mais comme il en entre une si petite quantité dans la dose que l'on prescrit ordinairement de cette confection, on ne doit pas beaucoup compter sur eux.

La confection hyacinthe passe pour fortifier le cœur, l'estomac, et le cerveau ; elle tue les vers, et elle a, dit-on, la propriété d'arrêter le cours de ventre et le vomissement. On pourrait en faire prendre hardiment jusqu'à une demi-once ; à cette grande dose même, le malade ne prendrait que 48 grains de la poudre.

Confection alkerme. La confection alkerme était aussi dans son origine une préparation très-imparfaite ; et Mesué qui en est l'auteur, y avait fait toute les fautes, que feront toujours ceux qui mélangeront différentes drogues sans être instruits des principes de Chimie. En effet cet auteur faisait infuser de la soie crue, teinte avec le kermès, dans du suc de pommes et dans de l'eau-rose ; il faisait ensuite cuire avec du sucre cette infusion en consistance de sirop : quoi de plus contraire à l'art que d'employer de l'eau-rose, que l'on doit ensuite faire évaporer ? Pourquoi fallait-il que la soie fut teinte avec le kermès ? ne valait-il pas mieux se servir du kermès lui-même. De quelle utilité peut être une infusion de soie ? Il y a longtemps que Zwelfer a fait sentir le ridicule d'une pareille préparation, et à-présent il n'est plus question dans les boutiques de la confession alkerme de Mesué ; plusieurs auteurs l'ont corrigée : nous l'allons donner telle qu'elle est dans la pharmacopée de Paris.

grains de kermès une once, santal citrin une once et demi, bois d'aloès demi-once, bois de rose un gros et demi, des roses rouges six gros, de la canelle trois onces, du cassia-lignea trois gros, de la cochenille deux gros, des perles orientales préparées, du corail rouge préparé, de chaque une once, des feuilles d'or un scrupule ; faites du tout une poudre fine : ensuite prenez sirop de kermès quatre onces, que vous ferez chauffer au bain-marie, et passerez à-travers un tamis ; après quoi ajoutez-y sucre blanc une demi-once ; faites un peu épaissir le sirop, et y ajoutez lorsqu'il sera presque refroidi de la poudre susdite quatre gros : mêlez bien le tout, et la confection sera faite.

On a rejeté avec raison de cette composition le lapis lazuli, toujours au moins suspect par le cuivre qu'il contient, malgré la correction prétendue opérée par sa calcination.

Les feuilles d'or sont sans-doute demandées ici pour suivre un ancien usage, car jamais or ne fut si inutilement employé.

La dose de cette confection est d'un demi-gros, mais on pourrait hardiment la pousser jusqu'à demi-once ; car on n'aperçoit pas les inconvénients qu'il y aurait à craindre de l'administration d'une pareille dose, et on peut observer en général que les Médecins sont trop timides dans l'administration des remèdes purement altérants, et que c'est parce qu'ils ne les donnent qu'à de très-foibles doses, que ces remèdes sont le plus souvent inutiles.

La confection alkerme est un assez bon stomachique et cordial : c'est à ce dernier titre qu'elle est le plus communément en usage : elle entre dans presque toutes les potions cordiales, et elle est un ingrédient très-utile.

Confection hamec de Lémery : prenez de raisins mondés une demi-livre, du polypode de chêne concassé une once et demie, de l'épythime une once, des feuilles d'absynthe, de roses rouges, de thym, des semences d'anis, de fenouil, de la fumeterre, de chacun demi-once ; du gingembre et du spicanard, de chacun deux dragmes ; faites bouillir le tout dans trois pintes de petit-lait et une pinte d'eau de fumeterre jusqu'à diminution de moitié ; dissolvez ensuite dans la colature bien exprimée, du miel écumé et du sucre blanc, de chacun une livre et demie ; cuisez le tout ensuite jusqu'à la consistance d'un électuaire mou ; puis après avoir retiré la bassine de dessus le feu, dissolvez-y de la pulpe de casse huit onces, de celle de pruneaux six onces ; ajoutez-y sur la fin de la poudre de myrobolas citrins, de sené mondé, de chacun trois onces, de l'agaric trois onces, des trochisques Alhandal, de la rubarbe, de chacun une once et demie ; de la scammonée, semence de violette, de chacun une once, du sel de fumeterre et d'absynthe, de chacun trois gros : faites-en une confection selon l'art.

La confection hamec est un purgatif hydragogue très-efficace, à la dose de deux gros jusqu'à six ; elle a été surtout célébrée pour les maladies vénériennes et les maladies de la peau : mais sa grande amertume en rend l'usage presque impossible à la plupart des maladies. (b)