S. m. (Pharmacie) en latin glans, balanus, , parce qu'on le faisait autrefois d'ordinaire en forme de gland ; c'est un médicament plus ou moins solide, rond ou rond-oblong, en forme de petit globe, de petit cône ou de gland, qu'on introduit dans l'anus pour différents usages.

La matière et la préparation du suppositoire simple, sont connues même du vulgaire. Il en emploie de différentes, et l'effet est néanmoins presque toujours le même. Telles sont un morceau de savon de Venise figuré en petit cône ; un petit bout de bougie enduit de beurre ; le miel cuit jusqu'à dureté ; une racine de mauve, de guimauve, de bette, etc. dépouillée de son écorce, figurée convenablement, et enduite d'huîle ou de beurre salé. Ces matières vulgaires étant préparées comme il convient, et introduites dans le rectum, servent dans les enfants, et quelquefois dans les adultes, à provoquer les selles et à émouvoir plus ou moins.

Le suppositoire composé est ou stimulant, ou propre aux maladies particulières de l'anus. La matière du suppositoire stimulant est excipiente ou excipiende. L'excipiente est le miel cuit jusqu'à dureté ; quelquefois le savon de Venise, ou le mucilage de la gomme tragacanthe. L'excipiende sont toutes les espèces d'âcres stimulants, soit secs en poudre, soit épais et qui diffèrent les uns des autres par leurs degrés d'acrimonie ; tels sont le savon, le sel commun, le nitre, le sel ammoniac, l'alun, l'aloès, la myrrhe, les masses de pilules purgatives cochées, le suc d'absynthe épaissi, le fiel de bœuf épaissi, le castoreum ; enfin les purgatifs et les émétiques les plus âcres, comme la coloquinthe, le jalap, la scammonée, l'euphorbe, le safran des métaux.

Les suppositoires d'Hippocrate étaient composés de miel, de suc de mercuriale, de sel de nitre et de poudre de coloquinte, qu'il faisait introduire dans le fondement en forme longuette comme le petit doigt, moins encore, pour irriter le muscle sphincter et procurer l'évacuation des matières.

Le suppositoire propre aux maladies particulières du rectum, est composé d'une matière qui varie selon la différence de la maladie. Elle est stimulante, détersive, balsamique, consolidante, assoupissante, émolliente, astringente, etc.

On prépare cette matière de trois façons ; ou 1°. on la réduit en masse dure, emplastique, et on l'introduit ainsi dans l'anus ; on se sert quelquefois seulement d'un morceau d'emplâtre officinal enduit d'une huîle appropriée. 2°. On lui donne encore la consistance d'onguent, qu'on étend sur de la charpie : on en forme une petite tente, et on y attache un fil qu'on laisse pendre en-dehors pour servir à la retirer de l'anus. 3°. On en fait une espèce de pâte renfermée dans un linge dont on forme un nouet qu'on introduit dans le fondement.

Le choix de tous les suppositoires est fixé par le différent but que se propose, par la vertu connue de la matière, par le prix qu'elle coute et par la maladie.

La grandeur du suppositoire détermine la quantité de matière dont il a besoin, et qui Ve depuis une drachme jusqu'à six. De plus l'âge différent, l'ouverture plus ou moins grande du rectum malade, et l'action plus ou moins lente du suppositoire, convenablement à l'espèce de maladie qu'on traite, détermine sa forme et sa grosseur.

Les suppositoires qui sont durs, doivent être toujours enduits d'huîle douce, de beurre, de graisse, etc. avant de les introduire. Il est encore nécessaire d'évacuer auparavant les excréments contenus dans les intestins, à-moins qu'on n'emploie le suppositoire dans cette vue.

Le suppositoire peut souvent remplacer l'usage des lavements purgatifs ; il peut être d'un grand secours dans les affections soporeuses et apoplectiques. On emploie avantageusement des suppositoires appropriés, dans les maladies particulières du rectum, des fistules, de petits ulcères, etc. Mais il faut se défier des suppositoires qui sont âcres, et l'on ne doit point les ordonner aux personnes dont les fibres sont délicates, ou qui sont attaquées de fissures, d'ulcères, de douleurs au rectum ; ni à celles qui sont sujettes au flux hémorrhoïdal, etc. On a Ve des femmes enceintes accoucher avant le terme, pour avoir fait usage de suppositoires trop stimulants.

Les suppositoires simples qu'on emploie pour relâcher le ventre, sont composés communément d'une drachme de savon de Venise, d'une demi-drachme de sel commun et d'une quantité suffisante de miel épaissi par la coction ; ce suppositoire est pour un adulte, et on a soin de l'enduire de quelque huîle douce. La matière médicale de Boerhaave, et M. Gaubius dans son Art de dresser les formules de médecine, ont pris la peine de donner quelques exemples de suppositoires composés. (D.J.)