ou BOIS-JOLI, s. m. (Jardinage) petit arbrisseau que l'on nomme communément bois-joli. Il se trouve dans les bois de la partie septentrionale de l'Europe et jusque dans la Laponie. Il s'élève à environ quatre pieds, donne peu de branches, à moins qu'il n'y soit contraint par la taille. Il fait une tige droite qui a du soutien, ainsi que les branches. Son écorce est lisse, épaisse, jaunâtre. Ses racines sont jaunes, molasses, courtes et lisses, sans presqu'aucunes fibres, ni chevelures. Sa feuille est longue, étroite, pointue, d'un verd-tendre en-dessus et bleuâtre en-dessous. Dès le mois de Février, l'arbrisseau bien avant la venue des feuilles, se couvre de fleurs d'une couleur de pourpre violet : elles sont belles, fort apparentes, de longue durée, et d'une odeur agréable. Les fruits qui leur succedent, sont des baies rouges, pulpeuses, rondes, de la grosseur d'un poids ; elles couvrent un noyau qui renferme la semence ; leur maturité arrive au mois d'Aout.

Le bois-joli résiste aux plus grands froids. Il se plait aux expositions du nord, dans les lieux froids et élevés, dans les terres franches et humides, mêlées de sable ou de pierrailles. Il vient surtout à l'ombre et même sous les arbres.

On peut multiplier cet arbrisseau de bouture ou de branches couchées ; mais ces méthodes sont longues et incertaines. La voie la plus courte est de faire prendre de jeunes plants d'environ un pied de haut dans les bois, qu'il faudra transplanter dès la fin du mois d'Octobre. A défaut de cette facilité, il faut faire semer les graines peu de temps après leur maturité, qui est à sa perfection lorsqu'elles commencent à tomber. En ce cas, elles leveront au printemps suivant ; mais si on ne les semait qu'après l'hiver, elles ne leveraient qu'à l'autre printemps. Il faut semer ces graines dans une terre fraiche, à l'ombre d'un mur exposé au nord ou tout au plus au soleil levant. Au bout de deux ans, les jeunes plants auront cinq à six pouces, et seront en état d'être transplantés, ce qu'il faudra faire autant que l'on pourra avec la motte de terre. Par ce moyen, les plants auront deux ans après environ un pied de haut, et commenceront à donner des fleurs. Mais quand on tire des jeunes plants du bois, il n'en reprend pas la dixième partie ; et ceux qui réussissent, sont deux ou trois ans à reprendre vigueur. Cependant il y a des terrains qui permettent de les enlever avec la motte de terre, par ce moyen on évite le retard et la langueur.

On peut tirer grand parti de cet arbrisseau dans les jardins, pour l'agrément. Il est très-susceptible d'une forme régulière ; on peut lui faire prendre une tige droite de deux pieds de hauteur, avec une tête bien arrangée. On peut le mettre en palissade contre un mur exposé au midi, où il fleurira dès le mois de Janvier. On peut en faire des haies de deux à trois pieds de haut. En le taillant tous les ans, au printemps, il se garnira de branches et il donnera quantité de fleurs, dont la beauté, la durée et la bonne odeur feront un ornement, dans une saison où la nature est encore dans l'engourdissement pour le plus grand nombre des végétaux.

Toutes les parties du bois-joli, à l'exception des fleurs, sont d'une âcreté si excessive qu'elles brulent la bouche. Les fruits ne sont pas de mauvais goût et n'ont rien d'âcre en les mangeant ; mais ils sont si mordicans et si caustiques, que quelque temps après on sent à la gorge une chaleur extraordinaire qui cause pendant environ douze heures une ardeur des plus vives et très-incommode. Ce fruit est un violent purgatif ; cependant les oiseaux en mangent, sans qu'il en résulte d'inconvénient ; ils en sont même très-avides. Linnaeus rapporte qu'en Suède on prend les loups et les renards, en leur faisant manger de ce fruit caché sous l'appât des charognes, et qu'ils en meurent subitement.

On connait quelques variétés de cet arbrisseau.

1°. Le bois-joli à fleurs rouges ; c'est celui qui est le plus commun.

2°. Le bois-joli à fleurs rougeâtres ; c'est une moindre teinte de couleur, dont le mérite est de contribuer à la variété.

3°. Le bois-joli à feuilles panachées de blanc ; autre variété qui est plus rare que belle. On peut la multiplier par la greffe en approche ou en écusson sur l'espèce commune.

4°. Le bois-joli à fleurs blanches ; cette variété est très-rare et d'une grande beauté. Sa fleur est un peu plus grande que celle des autres bois-joli ; mais l'odeur en est plus délicieuse : elle tient du jasmin et de la jonquille. Son fruit est jaune, et les plants qui en viennent, donnent la même variété à fleurs blanches ; on peut aussi la multiplier par la greffe sur l'espèce commune.

On peut encore multiplier toutes ces variétés, en les greffant en écusson ou en approche sur le laureole ou gason, qui est un arbrisseau toujours verd, du même genre. Voyez LAUREOLE. Article de M. DAUBENTON le subdélégué.