v. act. (Jardinage) Rien n'est plus utîle que d'arroser les végétaux, c'est le seul remède contre les grandes chaleurs de l'été et les grands hâles du printemps. L'heure la plus convenable aux arrosements, est le matin ou le soir, afin de conserver la fraicheur pendant la nuit. Si le jardinier solitaire avance, contre le sentiment et l'usage de tout le monde, que le danger est très-grand d'arroser le soir, on soutiendra au contraire qu'il ne faut point arroser durant le jour ; les plantes risqueraient d'en être endommagées, parce que l'eau trop échauffée par le soleil pourrait occasionner dans la terre un feu qui, pénétrant jusqu'aux racines, dessécherait ensuite la plante. Il faut encore que l'arrosement ne soit pas trop abondant, parce qu'il desunirait trop les principes actifs de la végétation, et causerait de la pourriture : une eau modérée, telle que deux seaux à chaque arbre, et souvent réitérée, est plus utile.

Les arrosements, quand ils sont équivalents aux pluies, servent à dissoudre les sels de la terre, qui sans cela resteraient en masse ; ils mêlent l'eau avec l'air, et procurent une nourriture convenable aux tendres parties des jeunes plantes. Si l'on a eu soin de mettre du fumier sur la superficie d'un arbre nouvellement planté, l'eau passant à-travers ce fumier, comme par un crible, ne fera point de mortier, et tombera goutte à goutte sur la racine de l'arbre. Les arrosements que l'on donne à des plantes délicates, telles que les fleurs, ne doivent pas tomber en pluie et sur la cime des fleurs, ce qui les détruirait ; il suffit de jeter l'eau au pied avec un arrosoir à goulot. Le buis nouvellement planté demande un peu d'eau la première et la seconde année. On arrose les orangers, grenadiers et autres arbres de fleurs avec beaucoup de ménagement, quand ils entrent dans la serre et qu'ils en sortent ; lorsqu'ils sont exposés à l'air, ils demandent plus d'eau, surtout dans la fleuraison : ordinairement il suffit de les mouiller une fois la semaine, lorsqu'on voit leurs feuilles mollasses et recoquillées, ou que les terres se fendent. Il y a des plantes qu'il faut arroser plus souvent que les autres, telles que les fleurs, les légumes ; d'autres qu'on n'arrose point du tout. Plusieurs prétendent qu'il vaut mieux n'y point jeter d'eau, que d'en jeter par intervalles. La charmille, par exemple, est un des plans qui aiment le plus l'eau ; ou il la faut arroser continuellement, c'est-à-dire de deux jours l'un, ou n'y pas jeter une goutte d'eau. Il y a encore des arrosements en forme de pluie, pour mouiller les branches et les feuilles des arbres en buissons, tant orangers que fruitiers, quand on les voit se fanner : ceux qui seront trop hauts, seront arrosés avec des seringues ou des pompes à bras. (K)

ARROSER les capades, le feutre et le chapeau, termes de Chapellerie ; c'est jeter de l'eau avec un goupillon sur l'ouvrage à mesure qu'il avance, et qu'il acquiert ces différents noms. Les Chapeliers arrosent leurs bassins quand ils marchent l'etoffe à chaud ; et le lambeau ou la feutrière, quand ils la marchent à froid. Voyez CHAPEAU.