v. n. (Jardinage) faire des provins. C'est la façon de multiplier la vigne, en couchant ses branches. Cette opération devient necessaire, lorsqu'il est question de renouveller une vigne, ou de remplacer des seps qui manquent. Pour y travailler avec succès, un habîle vigneron observe deux choses. D'abord si les seps qui sont placés avantageusement pour ses vues, sont d'une bonne espèce de raisin ; ensuite, si le bois en est bien conditionné, et de longueur suffisante pour laisser entre les provins la distance nécessaire. Après cet examen, il fait au pied du sep une fosse d'environ 15 à 18 pouces de profondeur, sur la longueur et la largeur qu'exigent la disposition de la vigne, l'étendue et la quantité des branches d'un sep ou de plusieurs quand ils sont contigus. Ensuite il examine le sep qui doit être couché, il retranche les branches qui ne peuvent servir à son dessein, et il supprime dans celles qui restent les menus rejetons, les vrilles, les chicots, et tout ce qui est inutile. Toutes les branches étant ainsi parées, il ébranle doucement le sep pour le renverser dans la fosse, il s'y reprend à plusieurs fois en dégageant la terre sans offenser les racines ; enfin il parvient à étendre le sep dans la fosse ; ce qui ne se fait pas cependant sans forcer la partie du sep qui tient aux racines. Il faut donc que cette opération se fasse avec assez de ménagement pour ne pas éclater ou rompre le sep. La chose ainsi disposée, le vigneron met le genou sur le fort du sep ; il étend les branches, et les dirige à la distance qu'il faut aux seps, et il leur fait faire le coude, en les redressant contre les bords de la fosse. Après cela, il couvre peu-à-peu les provins de la terre que l'on a tirée de la fosse, de façon cependant que la fosse ne soit remplie qu'au tiers ; et enfin il coupe le bout des branches qui sortent jusqu'à deux bourgeons au-dessus de la terre dont la fosse a été garnie ; et comme le reste de la terre qui est sortie de la fosse, est dispersée pour la plus grande partie par les différentes cultures qui se font dans la vigne pendant l'année, le meilleur usage est de faire rapporter dans la fosse au bout d'un an environ, de la nouvelle terre, et même quelques engrais pour accélérer le progrès des provins. Le mois de Novembre est le temps le plus convenable pour provigner la vigne dans les terrains de toute qualité, si ce n'est pourtant dans les terres mêlées de glaise ou d'argille, trop grasses, trop dures et trop fortes, ou qui sont chargées d'humidité ; il vaudra mieux n'y faire ce travail qu'au printemps, et toujours par un beau temps.

PROVIGNER, PROVINS, (Jardinage) c'est coucher en terre des branches d'arbres ou de vignes, pour leur faire prendre racine, et en multiplier l'espèce ; c'est la même chose que marcotter.

On demande à une marcotte de vigne qu'elle ait trois yeux au-moins.

Quand la branche que l'on veut marcotter, est trop forte, on l'attache et on la contraint sur la superficie de la terre avec des fourchettes de bois.

Pour marcotter une branche d'oranger ou d'un autre arbre encaissé, on choisit une branche un peu longue à la mi-Mars ; on en coupe l'écorce dans la partie basse, environ de la longueur du doigt ; on enveloppe cet espace avec un morceau de cuir lié avec de l'osier, et cette branche passe par le trou d'un pot rempli de bonne terre qu'on humecte doucement, et qu'on élève à la hauteur de la branche à marcotter. La marcotte se coupe près du trou du pot au mois d'Octobre suivant. On ôte ensuite le jeune oranger du pot, et on le plante dans une petite caisse remplie de terre préparée. Après sa première sortie de la serre, il se met quinze jours à l'ombre, et on l'expose ensuite au soleil du midi, en l'arrosant souvent dans les grandes chaleurs.

Cette manière de faire et de sevrer des marcottes, est générale pour toutes sortes d'arbres.