S. m. (terme de Chirurgie) c'est un petit rouleau de charpie de figure oblongue, mais plus épais que large, destiné à remplir une plaie ou un ulcère. Les premiers bourdonnets qu'on introduit dans le fond d'un ulcère profond doivent être liés, afin qu'on puisse les retirer, et qu'ils n'y séjournent point sans qu'on s'en aperçoive. Voyez fig. 8. 9. et 11. Pl. II.

L'usage des bourdonnets et de tous les dilatants peut être fort nuisible ou fort avantageux, selon la façon dont on s'en sert. Si les bourdonnets ferment un ulcère profond comme on ferme une bouteille avec son bouchon, ils s'opposent à l'écoulement des matières purulentes, et produisent la collection du pus qui corrompt les sucs que la circulation conduit vers l'endroit où il croupit. L'obstacle que les bourdonnets font à l'issue des matières purulentes peut en causer le reflux dans la masse du sang, où elles occasionnent, pour peu qu'elles soient atteintes de putréfaction, des colliquations fâcheuses qui détruisent la partie rouge de la masse des humeurs, et qui rendent cette masse toute séreuse ; de-là sont produites les évacuations continuelles, qui jettent le corps dans le marasme et dans une extrême faiblesse, qui est enfin suivie de la mort.

Si on remplit un ulcère de bourdonnets durs entassés les uns sur les autres, l'irritation qu'ils causeront aux vaisseaux empêchera le passage des sucs : ils s'arrêtent, s'accumulent et se condensent dans les parois de l'ulcère, et y forment des callosités qui le rendent incurable à moins qu'on n'en détruise les duretés.

Ces inconvénients bien observés ont fait beaucoup crier contre le tamponage des playes : M. Belloste, dans son Traité du Chirurgien d'Hôpital, s'est élevé contre l'usage des bourdonnets qu'il croit fort nuisibles ; il blâme même l'attention qu'on a de garnir exactement les plaies caverneuses avec des bourdonnets mollets : c'est cependant le seul moyen d'empêcher la collection et le séjour du pus, et d'exclure l'air de leur cavité. La charpie s'imbibe de matières purulentes, ces matières se distribuent entre les filets qui les soutiennent, et les empêchent de se rassembler en aucun lieu particulier. La charpie est pour ces matières, selon l'expression de M. Quesnay, une échelle avec laquelle elles peuvent monter du fond de la plaie, jusqu'à ce qu'elles trouvent une issue pour s'évader, à peu près comme il arrive dans ces distillations qui se font par le moyen d'une languette de drap, où les liqueurs montent jusque par-dessus les bords du vase qui les contient. (Y)