S. m. et adj. terme de Chirurgie concernant la matière médicale externe, médicament qui facilite et procure la formation du pus dans une partie. Voyez PUS. Pour bien connaître les propriétés et la manière d'agir des remèdes suppuratifs, il faut savoir précisément en quoi consiste l'action de la nature qui produit le pus. Voyez SUPPURATION.

Nous répéterons ici ce que nous avons dit au mot SARCOTIQUE sur la vertu des remèdes : elle varie suivant les cas où on les applique, de sorte que le même médicament, qui est suppuratif dans une circonstance, procure la résolution dans une autre, et vice versâ. Quand les humeurs qui forment l'engorgement ne sont pas suppurables, et que les vaisseaux ont ou trop, ou trop peu d'action, pour convertir les humeurs en pus, les remèdes qui sont réputés les plus favorables à la suppuration, seraient appliqués vainement. La génération du pus ne peut donc être produite par aucun médicament qui ait spécifiquement la vertu suppurante ; ainsi l'on doit admettre pour suppuratifs tout remède qui est capable dans certains cas déterminés de favoriser les symptômes nécessaires dans ces mêmes cas pour la formation du pus.

Quand l'inflammation d'une partie est considérable, les remèdes émolliens, humectants et anodyns calment l'érétisme des vaisseaux, rendent leur oscillation plus libre, et peuvent en conséquence procurer la suppuration. Ainsi dans ce cas le cataplasme de mie de pain et de lait avec le safran parait souvent suppuratif, ainsi que le cataplasme fait avec les pulpes émollientes. Quand on croit que la suppuration aura lieu, ce qu'on connait aux signes qui annoncent qu'elle se fera, on ajoute des remèdes gras et onctueux au cataplasme émollient, tels que l'onguent d'althoea, de l'onguent de la mère, du basilicum, ou onguent suppuratif, ou simplement de l'axonge ou graisse de porc.

Si la tumeur est circonscrite, et qu'il faille pour obtenir la suppuration conserver la chaleur de la partie, et même augmenter un peu l'action des vaisseaux, les compositions emplastiques, en bouchant les pores et stimulant les fibres, produiront l'effet requis. L'emplâtre diachylum gommé, ou l'onguent de la mère rempliront l'intention du chirurgien.

Quand il ne suffit pas de conserver la chaleur de la partie, et qu'il est nécessaire de l'augmenter, on a recours à des remèdes plus actifs : le cataplasme avec les oignons de lis et la thériaque, ou avec les farines résolutives et le miel ; les feuilles d'oseille cuites sous les cendres mêlées avec de la graisse de porc ; le levain avec les fientes de pigeon, de chèvre, de porc ou de bœuf ; et tous les remèdes résineux et gommeux. Il y a donc des suppuratifs émolliens, des suppuratifs relâchans, des suppuratifs irritants ; il y en a d'antiputrides, dans lesquels entrent des substances balsamiques : des espèces de différentes classes peuvent être employées successivement, et combinées diversement dans le traitement particulier d'une tumeur humorale qui se termine par suppuration. C'est au chirurgien à varier les remèdes, suivant les indications qui se présentent. On trouvera les meilleurs principes sur cette matière, dans le traité de la suppuration purulente, par M. Quesnay ; et dans les mémoires qui ont concouru pour le prix de l'académie royale de Chirurgie sur les remèdes suppuratifs, imprimés dans le second tome du recueil des prix. (Y)