S. f. (Chirurgie) terme de Médecine, maladie des yeux. C'est proprement une inflammation à la tunique appelée conjonctive, accompagnée de rougeur, de chaleur et de douleur. Voyez OEIL, SCLEROPHTHALMIE et XEROPHTHALMIE.

Ce mot est formé du grec , oeil. Celse nomme l'ophtalmie lippitudo, parce que dans cette maladie il s'attache de la chassie aux yeux, que les Latins appellent lippa.

Il y a une ophtalmie humide et une seche : la première est celle où il y a écoulement de larmes, la seconde est celle où il n'en sort point du tout.

Il arrive quelquefois dans l'ophtalmie que les paupières sont tellement renversées, que l'oeil demeure ouvert sans pouvoir se fermer : on l'appelle chemosis, . D'autres fois les paupières tiennent tellement ensemble, que l'oeil ne peut s'ouvrir, et on appelle celle-ci phimosis, , comme qui dirait clôture d'une chose qui doit être naturellement ouverte.

La cause immédiate de l'ophtalmie est le sang qui coule en trop grande quantité dans les vaisseaux de la conjonctive, y reste en stagnation, et conséquemment les distend. Pour les causes éloignées, elles sont les mêmes que celles des autres inflammations.

Il arrive souvent en été qu'il y a des ophtalmies épidémiques.

De la neige appliquée sur l'oeil malade, passe pour un bon remède dans l'ophtalmie. Les éphémérides des curieux de la nature parlent d'une ophtalmie guérie en appliquant sur l'oeil de la fiente de vache toute chaude entre deux linges. La langue de renard, la graisse et le fiel de vipere, sont prônés par les empiriques comme d'excellents préservatifs contre l'ophtalmie.

La méthode que suivent les modernes dans la cure de l'ophtalmie, consiste particulièrement à purger le malade plusieurs fois ; si les purgations réitérées n'emportent point le mal, ils ont recours aux vésicatoires, aux cautères et aux sétons, etc. Pitcarn cependant préfère la saignée, et trouve qu'il n'y a pas de maladie où il soit plus à-propos de saigner copieusement.

Pitcarn et quelques autres, distinguent deux sortes d'ophtalmies, l'une externe et l'autre interne ; la première affecte la conjonctive, et c'est celle dont nous avons parlé jusqu'à-présent ; et la seconde affecte la rétine. Les symptômes ou indications de la dernière sont quand on croit voir voltiger devant ses yeux des mouches ou de la poussière, lorsqu'il n'y a en effet ni l'un ni l'autre.

Lorsque cette ophtalmie est invétérée, elle dégénere en goutte sereine ou amaurose. Voyez GOUTTE SEREINE, INFLAMMATION, etc.

Je ne joindrai que quelques observations générales à cet article, et pour le reste je renvoie à Maitre-Jan.

1°. Si la tunique de l'oeil, naturellement très-sensible, vient à être irritée par des corps étrangers qui sont tombés dessus, ou par l'application de matières âcres, comme la chaux, le tabac, les fourmis, les cantharides, la fumée, le frottement, la contusion, la piqûre, il est à-propos de nettoyer l'oeil à l'aide d'un collyre émollient, ensuite de recourir à quelque fomentation de même nature ; mais cette légère inflammation de l'oeil, nommée taraxis par les Grecs, qui est produite par une cause extérieure de peu de conséquence, comme de la fumée, d'un vent froid, son effet est de courte durée, et ne requiert point des remèdes de l'art.

2°. Lorsqu'il coule des paupières une matière âcre qui irrite le bulbe, ce qu'on connait aisément par l'inspection des yeux et les ordures qui s'y amassent, il faut employer les remèdes propres à corriger l'âcreté de l'humeur et à l'adoucir.

3°. Quand ce sont des larmes âcres et abondantes, produites par une humeur catarreuse ou bilieuse qui continuent de causer de l'irritation au bulbe de l'oeil et aux paupières, il faut employer les purgatifs, les sétons, les vésicatoires, pour évacuer cette humeur, la détourner sur le col ou sur les bras. Dans les personnes bilieuses on emploiera les astringens froids ; mais dans les maladies catarreuses froides, l'application des astringens chauds sur les yeux se trouve indiquée.

4°. Lorsqu'après la cessation d'une hémorrhagie le sang, en se portant trop à la tête dans une maladie aiguë, et à la suite de l'abus des échauffans et des spiritueux, donne lieu à une ophtalmie, il faut sur-le-champ ouvrir la veine, et lâcher le ventre par les antiphlogistiques ; il convient aussi de les employer intérieurement, et de les appliquer comme topiques sur les yeux, le front et les tempes.

5°. S'il se fait une métastase sur les yeux, on doit d'abord tenter sa dérivation sur d'autres parties ; ensuite, selon la nature de la métastase, catarreuse, bilieuse, érésipélateuse, ichoreuse, scorbutique, vénérienne, pustuleuse ; selon les différentes saisons de l'année, et selon les pays qui la favorisent ; enfin selon la qualité d'un ulcère supprimé et la constipation du ventre, il faut varier l'usage des remèdes, tant internes qu'externes, et donner ceux qui sont opposés à la nature du mal.

6°. Si le bulbe de l'oeil lui-même est attaqué d'inflammation ou d'érésipele, il est nécessaire de saigner et de lâcher le ventre, jusqu'à ce que le mal local soit diminué. Il convient encore de donner intérieurement et d'appliquer sur les yeux les remèdes propres à calmer cette inflammation ou cette érésipele. (D.J.)