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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chirurgie
S. f. (Médecine, Chirurgie) l'action de boiter, le boitement ; mais ce dernier terme n'est pas reçu, et le premier n'est qu'une périphrase. Le mot claudication, pris du latin, mériterait d'être adopté dans le discours ordinaire, puisque d'ailleurs nous n'avons point d'autre terme à lui substituer, et que les gens de l'art s'en servent tous dans leurs écrits.

La claudication dépend de plusieurs causes différentes. Elle arrive ou de naissance, ou dans l'accouchement par le déboitement de l'os de la cuisse avec les os innominés, par la mauvaise conformation de la cavité cotyloïde de ces os, par la faiblesse des hanches, par divers accidents externes, et par maladie.

La claudication de naissance est un vice de conformation sans remède ; mais il ne passe pas d'ordinaire des mères aux enfants : cependant cela peut arriver quelquefois par des causes difficiles à découvrir. Zwinger a connu une femme boiteuse qui mit au monde trois enfants affectés de la même incommodité.

Dans toutes les espèces de luxations accidentelles du fémur, comme aussi dans sa fracture, l'action de boiter suit nécessairement, et ne se guérit que quand la réduction a été bien faite. Quelquefois de simples coups ou de legeres chutes ont occasionné une espèce de luxation de l'os de la cuisse, qui donne un épanchement de synovie, relâche les ligaments, chasse la tête de l'os hors de sa place, et procure absolument la claudication ; quelquefois même le chirurgien par son mauvais traitement en est seul la cause.

Ambraise Paré prétend que tous ceux qui ont eu la rotule fracturée, restent nécessairement boiteux après la guérison de cette fracture : cependant l'expérience fait voir que la rotule fracturée se guérit, sans qu'on demeure ni boiteux, ni même incommodé. J'en trouve des exemples dans Petit et dans Palfin.

Dans la luxation complete des os de la jambe, ce qui est un cas très-rare, le malade devient boiteux, si par hasard il réchappe de cette affreuse luxation.

Plusieurs praticiens pensent aussi que la luxation de l'astragale ne peut jamais guérir qu'elle n'entraîne la claudication, et il faut avouer qu'elle en est la suite ordinaire.

Dans la rupture incomplete du tendon d'achille, non-seulement le malade boite, mais il ne peut marcher qu'en passant avec peine alternativement un pied devant l'autre, et en pliant la jambe pour cet effet.

La claudication, qui est une suite de l'entorse, cesse par la guérison du mal.

La cuisse, ou la jambe trop longue ou trop courte, par l'effet de quelque violence faite à l'enfant quand il est venu au monde, le rend boiteux pour le reste de ses jours, si l'on ne tente de bonne heure d'y remédier, en essayant de remettre le bassin dans son assiette naturelle. On a lieu de présumer que Robert III. duc de Normandie, n'était boiteux que par cette cause.

La cuisse et la jambe devenues plus courtes par l'effet du desséchement de ces parties, à la suite de quelque maladie, produisent une claudication incurable. Il en est de même du relâchement des ligaments, lors par exemple que l'humeur de la sciatique ankylose l'articulation des os innominés.

S'il se forme un skirrhe dans l'un des reins, la cuisse du même côté devient paralytique, ou du moins boiteuse, mal inguérissable.

Souvent il arrive, sans qu'il y ait de luxation, que la jambe par la seule contraction ou le seul roidissement des muscles qui servaient à ses mouvements, se retire au point qu'on ne peut marcher sans boiter. Le remède à cet accident, est d'employer des fomentations émollientes, jointes aux résolutifs spiritueux, des bains de tripes gras et adoucissants, des douches d'eaux chaudes minérales, et de porter un soulier garni d'une semelle de plomb, dont le poids soit proportionné au retirement plus ou moins grand de la jambe.

La faiblesse des hanches produit la claudication des deux côtés. La cause de cette disgrace vient quelquefois des nourrices et gouvernantes qui laissent marcher leurs enfants seuls et sans aide, avant que les parties qui doivent soutenir le poids de leur corps aient acquis la fermeté nécessaire.

Pour corriger cette faute, quand on s'en aperçoit dans les commencements, on recourra à des ceintures qui compriment tout le tour du ventre, et qui soient bien garnies vers les hanches : cette compression donne de l'assurance et de la force dans le marcher, en affermissant les hanches. Il faut outre cela les bassiner plusieurs fois par jour pendant plusieurs mois avec des décoctions astringentes, et continuer de raffermir les parties par l'usage du bandage.

Il nous manque en Chirurgie un traité sur la claudication. Personne n'en a discuté les diverses causes et les remèdes, et il y en a dans certaines circonstances ; car enfin c'est une difformité fâcheuse, digne de toute l'attention de ces hommes qui sont nés pour le public.

Les boiteux de naissance, ou devenus tels par accident, ne méritent que davantage d'être plaints, quoiqu'il se puisse trouver dans cet accident des sujets légitimes de consolation, et quelquefois même d'une considération plus particulière qui en résulte. Ils n'échappèrent point à cette femme lacédémonienne, qui dit à son fils boiteux d'une blessure qu'il avait reçue en défendant sa patrie : " Va, mon fils, tu ne saurais faire un pas qui ne te fasse souvenir de ta valeur, et qui ne te couvre de gloire aux yeux de tes concitoyens ". Voyez BOITEUX. Cet article est de M(D.J.)