S. f. terme de Chirurgie, suture qu'on fait pour réunir les plaies du bas-ventre qui pénètrent dans sa capacité. Ce mot est grec, , composé de , venter, ventre, et de , sutura, couture.

La réunion des plaies pénétrantes du bas-ventre n'est praticable qu'après qu'on a fait la réduction des parties contenues, si elles étaient sorties. Voyez PLAIES DU BAS-VENTRE.

On fait autant de points qu'on le juge nécessaire, suivant l'étendue de la plaie : il faut préparer pour chaque point deux aiguilles courbes enfilées du même cordonnet, composé de plusieurs brins de fil ciré, unis et aplatis, en sorte qu'ils forment un ruban d'un pied et demi ou de deux pieds de long. Une aiguille sera placée au milieu de ce fil, et les deux bouts seront passés à-travers l'oeil de l'autre aiguille : c'est celle-ci qu'il faut tenir dans la main, et c'est avec elle qu'il faut commencer chaque point.

Pour pratiquer la gastroraphie, l'opérateur met le doigt index de la main gauche dans la plaie sous la lèvre la plus éloignée de son corps. Ce doigt est contre le péritoine, pour pincer et soulever toutes les parties contenantes, conjointement avec le pouce, qui appuie extérieurement sur la peau. De l'autre main on introduit une des aiguilles dans le ventre, en conduisant sa pointe sur le doigt index, pour éviter de piquer l'épiploon ou les intestins. On perce de-dedans en-dehors le bord de la plaie, environ à un pouce de distance, plus ou moins selon l'épaisseur des parties, en poussant le talon de l'aiguille avec les doigts de la main droite, pendant que le pouce de la main gauche qui appuie extérieurement, facilite le passage de la pointe. Dès qu'elle est suffisamment sortie, on acheve de la tirer avec la main droite, qui à cet effet abandonne le talon de l'aiguille pour en aller prendre la pointe. Sans ôter du ventre le doigt index de la main gauche, on le retourne vers l'autre lèvre de la plaie ; on prend de la main droite l'aiguille qui contient l'anse du fil ; on conduit cette aiguille le long du doigt index ; on perce du-dedans au-dehors, comme on a fait à l'autre lèvre, et à pareille distance, à la faveur du pouce qui appuie extérieurement la peau contre la pointe de l'aiguille. Lorsque le fil est passé à-travers les deux lèvres de la plaie, on ôte les aiguilles ; il faut couper l'anse pour retirer celle qui a servi la dernière.

On fait alors rapprocher les lèvres de la plaie par un aide-chirurgien, et on se dispose à nouer les fils. On ne doit point les arrêter à un des côtés de la plaie par un nœud simple soutenu d'une rosette, ce qui formerait une suture entre-coupée ; parce que l'action continuelle des muscles du bas-ventre pourrait causer le déchirement des parties comprises dans le trajet du fil, et surtout dans la lèvre opposée au côté où se serait fait le nœud, en réunissant les deux extrémités du cordonnet. On préfère de diviser en deux chaque bout du lien, pour mettre dans cet écartement un petit rouleau de taffetas ciré ou de toîle gommée, qu'on assujettit par un double nœud de chaque côté de la plaie (Planche XXXI. figure 2.). On ne craint point que cette suture manque, parce que l'action des muscles ne peut pas la fatiguer, l'effort du fil portant entièrement sur les chevilles de taffetas ou de toîle gommée. Cette suture se nomme enchevillée : les anciens s'en servaient ; mais au lieu de petits rouleaux flexibles que nous employons, ils avaient des vraies chevilles de bois auxquelles on a substitué après des tuyaux de plume. On sent que ces corps pouvaient occasionner des contusions et autres accidents par leur dureté et le défaut de souplesse.

Le pansement consiste dans l'application des remèdes et de l'appareil : on met sur la plaie un plumaceau trempé dans un baume vulnéraire ; on fait une embrocation sur tout le bas-ventre avec l'huîle rosat tiede. On a trois petites compresses de la longueur de la plaie, aussi larges que la distance qu'il y a entre les deux chevilles : deux doivent être un peu plus épaisses que les chevilles pour se mettre à chaque côté extérieurement, et la troisième un peu moins épaisse pour mettre entre deux. On applique une ou deux compresses d'un pied en carré sur la plaie, et une plus longue et aussi large qu'on nomme ventrière ; le tout soutenu du bandage de corps et du scapulaire. Voyez BANDAGE DE CORPS et SCAPULAIRE.

La cure demande des attentions différentes, suivant les diverses complications de la plaie. Voyez PLAIES DU BAS-VENTRE.

S'il est permis au malade d'être dans la situation qui lui paraitra la plus commode, et qu'il ait à se retourner dans le lit, il est bon qu'il ne s'aide en aucune manière, et qu'il se laisse remuer par des gens assez forts et adroits. Lorsque la réunion est faite, on ôte les points de suture en coupant avec des ciseaux les fils qui embrassent une des chevilles ; et on retire l'anse soutenue par la cheville opposée. Il se forme quelquefois une hernie ventrale à la suite de ces plaies pénétrantes, parce que les parties contenantes ne sont point capables d'une aussi grande résistance dans cet endroit qu'ailleurs, à raison du péritoine, qui ne se cicatrise point avec lui-même ; chaque lèvre de sa plaie contractant adhérence avec les parties musculeuses les plus voisines.

On fait ordinairement la gastroraphie à la suite de l'opération césarienne. Voyez CESARIENNE.

On convient en général que les sutures sont des moyens violents, auxquels on ne doit avoir recours que dans les cas où il ne serait pas possible de maintenir les lèvres de la plaie rapprochées par la situation et à l'aide d'un bandage méthodique. M. Pibrac croit ces circonstances extrêmement rares : il est entré dans un grand détail sur cette matière, dans un excellent mémoire sur l'abus des sutures, inséré dans le troisième volume de l'académie royale de Chirurgie. Nous en parlerons plus amplement au mot SUTURE. Il rapporte sur les plaies du bas-ventre deux observations intéressantes de guérison obtenue par un appareil et un bandage méthodiques. Les auteurs qui ont parlé de l'opération césarienne, disent que la suture a été pratiquée. On voit par le détail de leurs observations, que les points ont manqué ; on a été obligé de se contenter du bandage, et les malades sont guéris. Ces raisons ne nous avaient point échappé en composant l'article CESARIENNE, et nous y avions déjà proscrit la suture. Il y a cependant peu de plaies au bas-ventre d'une plus grande étendue, si l'on en excepte une éventration telle que j'en ai Ve une par un coup de corne de taureau, qui ouvrit presqu'entièrement le ventre d'une femme. Dans un cas de cette nature, il serait bien à-propos de faire quelques points de suture ; et cela suffit pour justifier le détail dans lequel je suis entré sur l'opération de la gastroraphie. (Y)

GASTRORAPHIE, (Maréchalerie) voyez PLAIES DU BAS-VENTRE et SUTURE.