S. f. terme de Chirurgie nouvellement en usage pour exprimer l'insinuation de quelques fluides dans le tissu cellulaire des parties solides. L'infiltration diffère de l'épanchement en ce que les liquides extravasés abreuvent pour ainsi dire et imbibent les tissus cellulaires dans l'infiltration, et que dans l'épanchement ces mêmes fluides font une masse, et sont en congestion dans un foyer causé par la rupture ou l'écartement des parties solides. L'anasarque est une hydropisie par infiltration. L'anevrisme faux est accompagné d'une infiltration de sang, etc.

Il se forme ordinairement une oedématie pâteuse sur la fin des inflammations qui se sont terminées par suppuration ; cette infiltration qui vient de l'inertie du tissu cellulaire, est un signe indicatif d'un abscès caché et profond. L'infiltration oedémateuse est quelquefois l'effet de la contraction des membranes cellulaires du tissu adipeux dans le cas où l'inflammation occupe des parties membraneuses au voisinage de ce tissu. On voit cette bouffissure assez fréquemment aux érésypeles de la face. La bouffissure peut se manifester dans des parties éloignées du siège de la maladie. Telle est par exemple l'enflure des mains dans les suppurations de poitrine. On l'attribue à la gêne que le sang trouve à son retour par la compression des matières épanchées. La circulation devenue plus lente, les sucs lymphatiques s'infiltrent dans les cellules du tissu adipeux.

L'infiltration ne peut se guérir que par la cessation des causes qui l'ont produite et qui l'entretiennent, ce qui soumet la matière infiltrée à l'effet des remèdes résolutifs extérieurs, dont l'action peut être utilement favorisée par l'usage des médicaments intérieurs capables de procurer des évacuations par les urines, par les selles et par les sueurs. Si ces moyens sont inefficaces, la chirurgie opératoire fera ce à quoi la médicale n'a pas suffi, en procurant par des mouchetures le dégorgement des cellules infiltrées. Voyez MOUCHETURES. Quand la bouffissure sera le symptôme d'un abscès, c'est par l'incision qu'on en fera, et par la parfaite évacuation du pus, qu'on parviendra à guérir l'infiltration.

Les brides que forment les cicatrices profondes à la suite de certaines plaies, principalement de celles qui ont pour cause les armes à feu, laissent des engorgements pâteux qui subsistent longtemps. Les bains locaux avec la lessive de cendres de sarment, fondent la lymphe visqueuse qui séjourne dans les cellules affoiblies du tissu graisseux ; ces bains donnent du ressort aux membranes extérieures, et par leur chaleur et leur humidité ils relâchent et détendent les parties qui font les brides. On prend dans la même intention les eaux de Bourbon, de Barege, de Bourbonne, etc. Voyez DOUCHES. On fourre la partie dans la saignée d'un bœuf, s'il est possible de le faire ; enfin on tâche par tous les moyens possibles, de remplir les indications que nous venons d'exposer.