S. f. (Chirurgie) maladie chirurgicale qui consiste dans la clôture des organes qui doivent naturellement être ouverts. L'anus, le vagin et l'urethre, sont les parties les plus sujettes à l'imperforation. Le défaut d'ouverture peut être accidentel à la suite des plaies, des ulcères ou des inflammations qui auront procuré l'adhérence des orifices de ces parties ; mais il est plus souvent un vice de première conformation.

M. Petit a donné des remarques sur les vices de conformation de l'anus, qui sont insérées dans le premier tome des Mém. de l'acad. royale de Chirurgie. L'auteur distingue les différents états de l'intestin fermé ; et d'après plusieurs observations, il indique les moyens qui conviennent pour en procurer l'ouverture. Le cas le plus épineux est lorsque la nature a, pour ainsi dire, oublié la partie du rectum qui doit former l'anus ; alors il n'y a aucune marque extérieure capable de diriger le chirurgien ; et il est certain qu'on ne peut réparer ce vice de conformation. Les enfants n'en meurent cependant pas tous ; car il est quelquefois possible de donner issue aux matières fécales : M. Petit a imaginé à ce sujet un trocart dont la canule est fendue des deux côtés ; il est plus gros et plus court que les trocarts ordinaires. Voyez TROCART. Il faut souvent faire une incision entre les fesses, et porter le doigt dans cette incision pour tenter la découverte de l'anus, et pouvoir porter le trocart dans l'intestin. Si l'on a réussi, on peut agrandir l'ouverture en introduisant une lancette ou un bistouri dans la fente de la canule : on ne risquera pas que la pointe de ces instruments blesse aucune partie, parce qu'elle est toujours cachée dans la canule dont elle garde le centre. Dans cette opération, le chirurgien doit tâcher de découvrir le centre du boyau qui doit former l'anus, et qui se présente ordinairement sous la forme d'une corde dure et compacte : car si l'on manque de passer par l'enceinte du muscle sphincter, s'il y en a un, l'enfant guéri aura nécessairement pendant toute sa vie une issue involontaire de matières ; ce qui est un mal plus fâcheux que la mort n'est à cet âge. Malgré ces inconvéniens, qui sont souvent inévitables, le chirurgien doit procurer à tout événement l'évacuation des matières retenues ; ce qui est fort facile, lorsque, comme il arrive souvent, il ne se trouve qu'une membrane à percer, ou qu'il y a ouverture externe et vestige d'anus. Voyez le Mém. de M. Petit.

L'urethre n'est jamais imperforé qu'il n'y ait une ouverture fistuleuse par où les urines ont un cours libre ; c'est un fait prouvé par un grand nombre d'observations. Si l'ouverture qui donne passage à l'urine se trouve au perinée ou à la verge, à une distance assez éloignée de l'extrémité du gland, il est impossible de réparer ce défaut, qui est un obstacle à la génération. Si l'ouverture était près du frein, on pourrait avec cet instrument convenable percer le gland jusqu'à l'urethre, et mettre une bougie dans cette ouverture : on pourrait ensuite, à l'aide d'une canule, empêcher les urines de passer par l'ancienne ouverture, dont il faudrait consumer les bords avec quelques caustiques, pour, après la chute de l'escare, réunir les parois de l'urethre. Cette opération a été pratiquée par le docteur Turner, chirurgien agrégé au collège des Médecins de Londres. Voyez son traité des maladies de la peau.

Les femmes naissent souvent avec l'imperforation du vagin : cette maladie n'est pas si dangereuse que la clôture de l'anus ; les accidents qu'elle cause ne se manifestent que lorsque les règles surviennent. Fabrice d'Aquapendente, rapporte qu'une jeune fille qui s'était bien portée jusqu'à l'âge de 13 ans, commença à sentir des douleurs autour des lombes, et vers le bas du ventre, qui se communiquaient à la jointure de la hanche et aux cuisses ; les Médecins la traitaient comme si elle eut une goutte sciatique. Le corps s'exténua ; il survint une petite fiévre presque continue, avec dégout, insomnie, et délire. Il se forma enfin une tumeur dure et douloureuse au bas du ventre, à la région de la matrice : on observa que tous ces accidents augmentaient régulièrement tous les mois. L'auteur fut appelé à la dernière extrémité ; et ayant visité la malade, il fendit d'une simple incision la membrane hymen ; il sortit une grande quantité de sang épais, gluant, verdâtre, et puant, et à l'instant la malade fut délivrée comme par miracle de toutes ses incommodités.

Le docteur Turner rapporte un fait à-peu-près semblable ; une femme mariée, d'environ vingt ans, avait le bas-ventre distendu comme si elle avait été enceinte ; à l'examen des parties on trouva l'hymen sans aucune ouverture et débordant les grandes lèvres, comme si ç'eut été une chute de matrice : il sortit par l'incision qu'on y fit quatre pintes de sang grumelé de couleurs et de consistances différentes, qui n'était que celui des règles supprimées. La malade guérit parfaitement et eut un enfant un an après. Son mari dit que les premières approches leur avaient été fort douloureuses à l'un et à l'autre, mais qu'enfin il avait trouvé un accès plus facîle : Turner croit que c'était par l'orifice de l'urethre.

L'hymen sans être imperforé forme quelquefois une cloison qu'il est nécessaire d'inciser ; nous nous contenterons d'en rapporter l'exemple qui suit. Une femme de Hesse, au rapport de Moecius et de Schenckius, n'avait au lieu de la grandeur ordinaire de la vulve, qu'un trou à admettre une plume : elle voulut néanmoins se marier, et vécut dans cet état avec son mari (fort paisible sans-doute sur l'article) pendant huit ans ; mais enfin il plaida pour le divorce. L'affaire fut portée devant le landgrave de Hesse, qui par l'avis des mages et de Dryander fameux praticien, ordonna que la femme fût opérée ; mais dans le cours de la cure, le bon homme mourut, laissa la jouissance de son épouse à un second mari qu'elle épousa bien-tôt après, et qui en eut un fils, dont le landgrave lui-même eut la bonté d'être parein.

Dionis (cours d'opérations), en parlant sur cette matière, fait observer que l'étendue de l'incision dépend de la prudence du chirurgien. Si on consultait, dit-il, le caprice de quelques maris, on les ferait très-petites : mais si on regarde l'avantage des femmes, on les fera plutôt grandes que petites, parce qu'elles accoucheront plus facilement.

Fabrice d'Aquapendente dit que la situation trop supérieure du trou de l'hymen est un obstacle au coït. Cet auteur fut consulté par une fille-de-chambre que quelques écoliers essayèrent en vain de dépuceller, ce sont ses termes. Moi voyant, continue-t-il, qu'elle avait le trou de l'hymen placé trop haut, et qu'il n'était pas directement opposé au vide de la vulve, mais que néanmoins il donnait passage aux menstrues, je lui dis de me venir trouver lorsqu'elle voudrait se marier, lui promettant lui ôter ce défaut, mais elle n'y est point venue : je crois qu'elle trouva bien quelque plus habîle anatomiste que moi, qui lui enfonça son hymen. L'auteur se proposait de lui fendre avec un bistouri la cloison membraneuse depuis le trou vers la fourchette, pour la rendre propre, dit-il, à souffrir l'accointance d'un mari. (Y)