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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chirurgie
S. m. (Chirurgie) médicament qui brule, mange ou corrode quelque partie solide du corps.

Ce mot vient du grec , ou , qui signifie la même chose, et est dérivé du verbe , bruler.

Il y en a deux sortes ; le cautère actuel, et le cautère potentiel.

Le cautère actuel est celui qui produit son effet en un moment, comme le feu, ou un fer rougi au feu. On se servait anciennement de cette espèce de cautères dans les fistules lacrymales, après l'extirpation du cancer, l'amputation d'une jambe ou d'un bras, etc. pour arrêter l'hémorrhagie, et produire une suppuration louable. On en applique encore quelquefois sur des os cariés, sur des abcès et des ulcères malins.

Les cautères actuels sont des instruments composés d'une tige de fer dont l'extrémité postérieure est une mitte, du milieu de laquelle s'élève une soie tournée en vis, afin qu'un même manche de bois garni d'un écrou puisse servir à monter des cautères de différente figure. Il y en a qui par leur partie antérieure forment un bouton sphérique ; d'autres l'ont olivâtre ; les uns se terminent par une plaque carrée, etc. Voyez les fig. 5. C. 7. 8. 9. 10. et 11. Pl. XVII. On peut changer les cautères, et leur faire donner telle configuration qu'on voudra, selon le besoin qu'on en aura, afin de les rendre conformes aux endroits où on doit les appliquer. Voyez CAUTERISATION.

M. Homberg dit que la médecine des habitants de Java et de la plupart des autres peuples orientaux, consiste en grande partie à bruler les chairs, ou à y appliquer des cautères actuels ; et qu'il y a peu de maladies que ces différents peuples ne guérissent par cette méthode.

Le cautère potentiel est une composition de remèdes caustiques, où entrent ordinairement de la chaux vive, du savon et de la suie de cheminée. Voyez CAUSTIQUE. On s'en sert pour l'ouverture des abcès. Voyez ABCES.

Ambraise Paré enseigne la composition d'un caustique qu'il nomme cautère de velours, ainsi appelé parce que ce remède ne cause point de douleur, ou parce qu'il avait acheté le secret fort cher d'un chimiste. L'auteur dit :... " à iceux je donnerai le nom de cautères de velours, à raison qu'ils ne font douleur, principalement lorsqu'ils seront appliqués sur les parties exemptes d'inflammation et de douleur ; et aussi parce que je les ai recouvrés par du velours ". Le cautère est aussi un ulcère qu'on procure exprès dans quelque partie saine du corps, pour servir d'égoût aux mauvaises humeurs. Voyez FONTICULE et SETON.

Les cautères se font communément à la nuque, entre la première et la seconde vertèbre du cou ; à la partie supérieure du bras, dans une petite cavité qui se forme entre le muscle deltoïde et le biceps ; et à la partie interne du genou, un peu au-dessous de l'attache des fléchisseurs de la jambe.

Pour bien appliquer un cautère, on commence par faire un emplâtre rond de la grandeur d'un écu, et troué par le milieu : il doit être fort emplastique, afin qu'il s'attache fortement à la peau, pour empêcher que l'escare ne fasse plus de progrès qu'on ne le désire. On met cet emplâtre sur l'endroit destiné au cautère : on applique une pierre à cautère sur la peau qui est découverte au centre de l'emplâtre ; on la recouvre d'un autre emplâtre plus grand que celui qui est percé : on applique ensuite une compresse et un bandage circulaire qu'on serre un peu, afin que l'appareil ne change pas de place.

Il faut que le chirurgien connaisse l'activité du caustique dont il se sert, pour ne le laisser qu'un temps suffisant pour faire escare à la peau : on panse l'escare, on en procure la chute par l'usage des remèdes suppuratifs ; et on entretient ensuite la suppuration de l'ulcère en tenant un pois dedans, qu'on a soin de renouveller tous les jours.

Les cautères sont d'une grande utilité dans nombre de maladies : il y en a même plusieurs qu'on ne saurait guérir sans cautère, lorsqu'elles sont enracinées ou obstinées ; telles sont l'ophtalmie, les anciens maux de tête, les fluxions fréquentes, les ulcères invétérés, etc. Voyez SETON. (Y)