S. m. terme de Chirurgie, inflammation sanguine qui fait éminence au-dehors, et qui s'étend profondément dans la partie qu'elle occupe. On définit ordinairement le phlegmon, une tumeur circonscrite avec rougeur, chaleur, douleur et pulsation.

La cause du phlegmon est un engorgement dans les extrémités capillaires, artérielles, sanguines, avec constriction et érétisme des vaisseaux engorgés. Voyez INFLAMMATION et ÉRETISME. L'amas du sang dans des vaisseaux dont l'action serait abolie ou empêchée, ne produit point une tumeur inflammatoire. Voyez APOSTEME.

Les signes qui font connaître le phlegmon, sont la rougeur, la chaleur, la circonscription, la tumeur, la dureté, la tension, la douleur, la pulsation, la fièvre et l'insomnie. L'application du doigt sur la tumeur ne fait pas évanouir pour un moment la rougeur comme dans l'érésipele. Voyez ÉRESIPELE.

Pour guérir le phlegmon, il faut tâcher de procurer la résolution de l'humeur arrêtée dans la partie : aucun remède ne peut suppléer à la saignée ; et si la plupart des phlegmons se terminent par suppuration, c'est parce qu'on n'a point employé les saignées aussi promptement et aussi abondamment qu'il l'aurait fallu. On ne peut que par une soustraction fort considérable de la partie rouge, rendre la masse du sang assez séreuse et assez fluide, pour que cette partie rouge qui contribue à l'étranglement et à l'embarras, se trouve inondée ou détrempée au point d'être facilement déplacée et entrainée par son véhicule devenu plus abondant. Tout consiste donc à rendre le sang fort aqueux, coulant, et moins inflammable ; et il n'y a d'autre moyen pour y réussir que d'abondantes saignées pratiquées assez promptement.

Quoique la saignée soit le principal remède que l'on puisse employer pour procurer la résolution du phlegmon, il faut la seconder par d'autres remèdes dont l'expérience a fait connaître l'utilité.

Dans le commencement de la maladie, on peut se servir avec succès des repercussifs. Voyez REPERCUSSIFS. Ces médicaments en resserrant, par leur vertu astringente, les vaisseaux sanguins, empêchent non seulement une partie du sang d'entrer dans les vaisseaux resserrés, mais ils forcent celui qui y est arrêté d'enfler les vaisseaux collatéraux où la circulation n'est pas empêchée. Pour peu que l'inflammation ait fait de progrès, ces remèdes ne doivent point être employés ; ils attireraient la mortification : il faut avoir recours aux émolliens résolutifs pour relâcher l'étranglement qui arrête le cours du sang dans les capillaires artériels. On se sert fort efficacement du cataplasme avec la mie de pain cuite dans le lait, ou de celui des quatre farines cuites pareillement dans le lait ou dans de l'eau. Ces remèdes farineux contiennent une huîle mucilagineuse, relâchante, qui, secondée par les mêmes qualités qui se trouvent dans le lait, procure la détente des vaisseaux : ces remèdes contiennent aussi un seul acescent qui leur donne une vertu légérement repercussive.

C'est l'expérience qui a fait connaître l'excellence de ces remèdes ; car en suivant l'idée qu'on s'est toujours faite de la résolution des tumeurs, on a donné le nom de résolutifs à des médicaments qui ont une vertu atténuante, incisive, pénétrante, propre à subtiliser l'humeur et à la faire évaporer par les pores de la peau : tels que sont tous les remèdes remplis de sels volatils, d'huiles éthérées ; les liqueurs spiritueuses, chargées d'huiles alkoolisées et d'huiles essentielles, ou d'huiles éthérées distillées. Mais tous ces remèdes n'ont aucunement la vertu qu'on leur attribue ; loin de dissoudre et d'atténuer le sang, ils l'épaississent et le condensent pour la plupart : ces remèdes sont des stimulants violents qui n'agissent qu'en irritant les solides, et qui sont capables d'augmenter beaucoup l'inflammation, et d'en causer même où il n'y en a point.

Il semble cependant que ces remèdes en excitant le jeu des vaisseaux, devraient procurer le même effet que s'ils atténuaient les humeurs en agissant sur elles immédiatement ; parce que l'action des vaisseaux augmentée parait devoir les briser et les subtiliser : cet effet peut avoir lieu à l'égard des tumeurs oedémateuses causées par une crudité pituiteuse ; mais il n'en est pas de même du sang qu'un jeu des vaisseaux trop violent durcit et racornit. Si l'action violente des vaisseaux était un remède contre l'inflammation, la maladie, selon l'expression de M. Quesnay, serait à elle-même son propre remède, puisqu'elle consiste dans cette action même devenue excessive ; il ne serait pas nécessaire d'avoir recours à des remèdes capables d'exciter cette action déjà trop animée. L'usage inconsidéré des remèdes résolutifs procure l'induration des tumeurs inflammatoires. Voyez INDURATION.

Lorsque le phlegmon est dans son état, on applique les émolliens tout simples en forme de cataplasme, voyez ÉMOLLIENS ; et si la maladie donne des signes de résolution, on joindra les résolutifs aux émolliens, pour passer ensuite par degrés aux résolutifs seuls. Voyez RESOLUTIFS et RESOLUTION.

Si la tumeur donne des signes qu'elle suppurera, voyez SUPPURATION, on se sert des remèdes gras et onctueux, voyez SUPPURATIFS ; et lorsque le pus est formé, le phlegmon est degénéré en abscès. Voyez ABSCES. (Y)