terme de Chirurgie, pratiquer l'opération du trépan ; c'est faire une ouverture au crâne pour relever des pièces d'os qui piquent ou qui compriment la dure-mère ou le cerveau, ou pour donner issue aux matières épanchées sous le crâne, ou pour enlever des pièces d'os cariés.

Cette opération se pratique ordinairement à la suite des plaies ou des coups à la tête. Il faut voir ce que nous avons dit à l'article des plaies de tête, au mot PLAIE. Nous parlerons simplement ici de la manière de faire l'opération : nous traiterons ensuite des cas douteux pour l'opération du trépan ; et nous exposerons les raisons qui peuvent en pareils cas déterminer à pratiquer ou à éviter cette opération.

Lorsque l'opération du trépan est indiquée, et qu'on a découvert le lieu où il la faut faire, par les incisions convenables, de la façon dont nous l'avons dit à l'article des plaies de tête ; il faut mettre le malade dans une situation commode ; sa tête doit être stable, et pour ainsi dire inébranlable pendant l'opération ; et l'endroit du crâne que l'on doit ouvrir, doit, autant que cela est possible, être le lieu le plus élevé, afin que la couronne y pose perpendiculairement. Pour satisfaire à toutes ces vues, on éloigne le lit du mur, pour que les aides puissent se placer commodément et contenir fermement la tête du malade, sous l'oreiller duquel on place un plat d'étain ou une planche.

Les instruments seront rangés sur un plat, et l'appareil qu'on doit appliquer après l'opération, doit être rangé sur un autre, de façon que les pièces se présentent dans l'ordre qu'elles doivent être employées.

Tout étant ainsi bien disposé, le chirurgien prend la couronne montée de sa pyramide, voyez TREPAN COURONNE ; et il la pose perpendiculairement sur l'endroit du crâne qu'il veut percer. Les dents de la couronne doivent anticiper un peu sur la fracture, pourvu que les pièces d'os soient solides ; il tourne ensuite deux ou trois fais, en appuyant suffisamment, la pyramide sur le crâne pour y faire une impression qui serve de guide au perforatif. Voyez TREPAN PERFORATIF.

Le chirurgien prend alors l'arbre du trépan monté du perforatif : on tient ces deux instruments joints ensemble, comme une plume à écrire ; on pose ensuite la pointe du perforatif dans la marque que la pyramide de la couronne a gravée sur le crâne ; on fait avec le pouce et le doigt indicateur de la main gauche un cerceau qu'on pose horizontalement sur la pomme de l'arbre du trépan ; on met le menton dans ce cerceau ; on prend avec les trois premiers doigts de la main droite le milieu de l'arbre pour tourner de droite à gauche et faire un trou au crâne, capable de loger la pyramide de la couronne. Voyez cette attitude, fig. 1. Pl. XVII.

Avant de relever le perforatif, il faut avoir l'attention de donner un demi-tour de gauche à droite sans appuyer avec le menton ; et de porter les doigts qui étaient appuyés sur la paumette de l'arbre, auprès du crâne, pour prendre l'instrument et l'ôter perpendiculairement du trou où il est engagé.

L'aide qui est chargé des instruments, démonte le perforatif ; et met à sa place une couronne, pendant que l'opérateur ôte avec un petit linge ou une fausse tente, la sciure que le perforatif a produite. Le chirurgien reçoit l'arbre sur lequel on a monté la couronne ; il porte la pyramide dans le trou fait par le perforatif ; il se met dans la même situation où il était en se servant de ce premier instrument ; et tournant de droite à gauche, il scie l'os circulairement. Si la couronne ne pose pas perpendiculairement, la circonférence de l'os n'est pas coupée également de tous les côtés : le chirurgien doit s'en apercevoir, parce qu'il s'élève plus de sciure d'un côté que de l'autre ; dans ce cas, il panche son instrument du côté où il y en a le moins, et il passe un peu plus légèrement sur le côté opposé.

Quand le chemin de la couronne est bien frayé, on ôte le trépan, en donnant le demi-tour, et en portant la main droite à la base de la couronne, comme nous l'avons dit en parlant du perforatif. Pendant qu'un aide démonte la pyramide et nettoie les dents de la couronne avec une petite brosse de crin, le chirurgien opérateur porte un petit stylet plat et mousse dans l'impression faite par la couronne, et il ôte la sciure avec une fausse tente : il reprend ensuite la couronne ; il continue de scier jusqu'à ce que la pièce d'os soit vacillante, et qu'elle puisse être enlevée avec la feuille de myrthe. On a la précaution de relever plusieurs fois la couronne pour la nettoyer, et on examine à chaque fois si l'on scie l'os également : mais il faut avoir beaucoup d'égards à l'épaisseur des os ; et quand on a passé le diploé, on doit aller avec prudence pour ne pas enfoncer l'os sur la dure mère. On s'aperçoit qu'on a scié le diploé, à la résistance qui augmente et à la sciure blanche que la table interne fournit après celle du diploé qui est rouge.

Toutes les fois que l'on sent de la difficulté et de la résistance à la couronne en tournant l'arbre du trépan, c'est une marque que les petites dents de la couronne s'enfoncent trop ; pour lors on donne un demi-tour de gauche à droite ; et on recommence de nouveau, mais un peu plus légèrement.

Quand la pièce d'os est enlevée, il faut emporter les inégalités de la circonférence interne du trou, par lesquelles la dure-mère pourrait être blessée dans ses battements : on se sert à cet effet du couteau lenticulaire. Voyez COUTEAU LENTICULAIRE.

Quand il y a du sang épanché sur la dure-mère, on recommande, pour en procurer la sortie, de faire faire une grande inspiration au malade, et de lui pincer le nez. Cette méthode n'est pas toujours praticable ; un malade, dans un assoupissement léthargique, n'est pas dans le cas de se prêter à ce qu'on se propose ; d'ailleurs les trépans doivent, autant que faire se peut, être pratiqués aux parties déclives, de sorte que les fluides épanchés sortent facilement ; et lorsque cela n'est pas possible, l'expérience a fait voir qu'on était obligé d'avoir recours aux injections et aux contre-ouvertures. Voyez CONTRE-OUVERTURE et INJECTION.

Lorsque le trépan a été appliqué à l'occasion des pièces d'os qui comprimaient la dure-mère ou qui perçaient les membranes et pénétraient dans le cerveau, il faut relever ces parties avec l'élévatoire. Voyez ÉLEVATOIRE.

Le pansement de l'opération consiste dans l'application d'une petite pièce de linge de la grandeur du trou. (Voyez SINDON) ; de la charpie, des compresses et un bandage convenable. Voyez COUVRE-CHEF.

La matière dont nous traitons, pourrait donner lieu à des dissertations aussi étendues qu'importantes : on peut consulter à ce sujet les différents traités de Chirurgie, et particulièrement le premier volume de l'académie royale de Chirurgie, où l'on trouve plusieurs mémoires, dans lesquels M. Quesnay détermine par des observations très-intéressantes les cas où il faut multiplier les trépans ; les remèdes qui conviennent le mieux pour la cure des plaies du cerveau ; les moyens dont on se sert pour hâter l'exfoliation des os du crâne ou pour l'éviter, etc. Nous allons rapporter, d'après le mémoire du trépan dans les cas douteux, les raisons qui peuvent en pareils cas déterminer à recourir au trépan, ou à éviter cette opération.

De tous les signes qui peuvent déterminer à trépaner, il n'y en a point de plus décisifs que les fractures et les enfoncements du crâne. Cependant il y a des exemples de blessés qui ont guéri dans quelques-uns de ces cas, sans avoir été trépanés. Mais ces observations ne doivent point en imposer ; on doit se défier de toute observation où l'on ne rapporte que le succès, sans parler des indications qui peuvent y conduire : ces observations nous instruisent peu par la pratique, surtout quand elles sont contredites par d'autres qui l'emportent infiniment sur elles. Les observateurs éclairés ont remarqué qu'on ne pouvait se dispenser de l'opération du trépan dans le cas de fracture, que lorsque les pièces des os fracturés étaient assez écartées l'une de l'autre, pour permettre la sortie du sang qui aurait pu s'épancher sur la dure-mère. Il y a des cas où l'écartement d'une suture voisine de la fracture, a dispensé de l'opération du trépan ; mais ces cas méritent une attention singulière ; car l'épanchement peut se faire des deux côtés de la suture ; et alors l'évacuation ne peut ordinairement se faire que d'un côté, à cause que la dure-mère peut encore rester adhérente vers le bord d'un des os écartés, et retenir le sang qui serait épanché sous la portion de l'os à laquelle la dure-mère serait restée attachée. Il faudra donc appliquer le trépan de ce côté malgré l'écartement de la suture. Toute cette doctrine est appuyée sur des observations dont on sent toute la conséquence, et dont il résulte qu'on peut dans certains cas, s'écarter des règles les plus invariables de l'art, mais qu'on ne doit le faire qu'avec beaucoup de connaissance et de circonspection.

Il est un autre cas bien plus embarrassant, même pour les plus grands maîtres ; ce sont les coups à la tête sans lésion apparente aux os, souvent même sans plaie ni contusion aux chairs ni à la peau, lesquels sont suivis d'épanchement sous le crâne, et qui d'autres fois n'en causent point, quoiqu'ils soient accompagnés de circonstances ou d'accidents qui donnent lieu d'en soupçonner. Les accidents qui arrivent dans les blessures de la tête où il n'y a point de fractures, déterminent, lorsqu'ils sont graves, plusieurs praticiens à trépaner. D'autres se contentent de combattre ces accidents par les saignées et les autres remèdes qui peuvent servir à les dissiper. Les uns et les autres réussissent souvent ; mais ils se trompent souvent aussi. M. Quesnay, par l'usage qu'il a su faire des différentes observations communiquées à l'académie, découvre, dans les succès même, les circonstances ou les particularités qui peuvent aider à distinguer les cas où l'on peut se déterminer le plus surement qu'il est possible sur le parti qu'on doit prendre. La distinction des accidents en primitifs et en consécutifs, fait le principal fondement des dogmes que l'on pose sur cette matière. Voyez COMMOTION. Les accidents consécutifs prescrivent l'opération du trépan ; et ceux qui arrivent beaucoup de temps après le coup, sont les plus pressants pour l'opération. Il faut surtout faire attention que les accidents consécutifs ne dépendent pas de l'inflammation du péricrâne, comme nous l'avons dit en parlant des plaies de tête.

Il y a un troisième cas où l'application du trépan est douteuse. Il arrive quelquefois qu'après des coups à la tête, il reste à l'endroit de la blessure, quoiqu'elle soit guérie, une douleur fixe, qui au-lieu de diminuer avec le temps, augmente de-plus-en-plus malgré tous les topiques auxquels on peut avoir recours ; ce qui a plusieurs fois obligé d'y faire des incisions pour découvrir l'os. Les uns ont pris le parti de le ruginer ; les autres d'en attendre l'exfoliation ; d'autres enfin ont jugé d'en venir à l'opération du trépan.

M. Quesnay rapporte des observations où l'on voit que ces moyens ont diversement réussi, selon les différents cas. Quoiqu'on soit arrivé à la même fin par différents procédés, on ne doit pas y avoir recours indifféremment : ces observations laissent entrevoir que l'opération du trépan ne doit avoir lieu, que quand on soupçonne que l'os est altéré presque dans toute son épaisseur, ou lorsque quelques accidents font croire que la cause du mal est sous le crâne, comme serait une carie à la face interne des os dont il y a des exemples ; ou enfin, lorsqu'ayant jugé à propos d'attendre l'exfoliation, elle n'a pas fait cesser les accidents. Mais quand la douleur parait extérieure, qu'elle augmente lorsqu'on presse sur l'endroit où elle se fait sentir, on doit tout espérer de l'exfoliation, surtout si après avoir découvert l'os, on n'y aperçoit qu'une légère altération ou une carie superficielle. Il faut, pour s'en assurer, avoir recours à la rugine : son usage peut d'ailleurs avoir ici d'autres avantages, comme d'accélérer beaucoup l'exfoliation, de faire cesser la douleur avant que l'exfoliation soit arrivée ; mais ce dernier effet dépend surtout de bien découvrir toute la surface de l'os, qui est altérée, afin que cette altération ne communique plus à aucun endroit avec le péricrâne. (Y)

TREPAN, (Fortification) instrument dont les mineurs se servent pour donner de l'air à une galerie de mine, lorsque l'air n'y circule pas assez pour qu'on puisse y tenir une chandelle allumée. Ils ont pour cet effet une espèce de foret avec lequel ils percent le ciel de la galerie, et à mesure que cet instrument avance dans les terres, ils l'allongent par le moyen de plusieurs entes, dont les extrémités sont faites en vis et en écrou pour s'ajuster bout à bout. Par cette opération les mineurs disent avoir trépané la mine, ou donné un coup de trépan. (Q)

TREPAN, s. m. (Outil de Sculpteur et de Marbrier) outil qui sert à forer et percer les marbres et les pierres dures. On s'en sert aussi quelquefois pour le bois. Il est du nombre des principaux outils de l'art des sculpteurs, et du métier des marbriers.

Il y a trois sortes de trépans, l'un qui est le plus simple, c'est un vrai vilebrequin, mais avec une meche plus longue et plus acérée ; le second trépan se nomme trépan à archet ; il est semblable au foret à archet des serruriers, et a comme lui sa boite, son archet et sa palette, il est seulement plus fort, et ses meches de plusieurs figures : enfin le troisième trépan, sans rien ajouter pour le spécifier, est celui que l'on appelle simplement trépan. Il est le plus composé des trois, et le plus en usage en sculpture. Les parties de ce trépan sont la tige que l'on appelle aussi le fust, la traverse, la corde de cette traverse, un plomb, une virole et une meche. La tige est de bois, et a à l'une de ses extrémités une virole qui sert à y attacher et y affermir la meche qu'on peut changer, suivant qu'on en a besoin, y en mettre de plus ou de moins fortes, de rondes, de carrées, de pointues, etc. à l'autre extrémité du fust, est un trou par où passe la corde que la traverse a attachée à ses deux bouts. Cette traverse est elle-même enfilée du fust par un trou qu'elle a au-milieu ; au-dessous de la traverse, et un peu au-dessus de la virole, est le plomb qui est de figure sphérique, et qui est joint, et posé horizontalement au pied du fust. C'est la corde en s'entortillant autour du fust, qui donne le mouvement au trépan plus prompt, ou plus long, suivant qu'on lève ou qu'on abaisse la traverse où elle est attachée avec plus ou moins de vitesse. (D.J.)