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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chirurgie
S. f. (terme de Chirurgie) on nomme ainsi l'union de deux os articulés et soudés ensemble par le suc osseux, ou une autre matière, de façon qu'ils ne fassent plus qu'une pièce. Cette soudure contre nature empêche le mouvement de la jonction ; la maladie que nous venons de définir se nomme anchylose vraie, pour la distinguer d'une autre que l'on nomme fausse. Cette dernière peut être occasionnée par les tumeurs des jointures, le gonflement des os, celui des ligaments, l'épanchement de la synovie, et autres maladies qui empêchent le mouvement des articulations, et qui souvent dégénèrent en vraies anchyloses, lorsque la soudure devient exacte, et qu'il n'y a plus aucun mouvement.

Les fractures dans les articles donnent lieu à cette maladie par l'épanchement des sucs osseux nécessaires pour la formation du cal. L'anchylose survient aux luxations non réduites par l'épaississement de la synovie dans les cavités des articles, et aux fractures, lorsque dans les pansements on n'a pas soin de donner du mouvement aux parties. Les contusions des os, des cartilages et des ligaments sont des accidents assez communs dans les luxations ; ils occasionnent facilement l'anchylose, lorsqu'on ne remédie pas au gonflement de ces parties par les saignées, le régime convenable, et les fomentations émollientes et résolutives : les entorses peuvent par les mêmes raisons être des causes de l'anchylose.

Le pronostic est différent, suivant les différences de la maladie : une anchylose qui vient d'une luxation non réduite est plus facîle à guérir lorsqu'on peut replacer l'os, qu'une autre qui survient après la réduction ; les anchyloses anciennes présentent plus de difficultés que les récentes. Pour réussir dans le traitement de chacune d'elles, il faut bien connaître les causes qui y ont donné lieu. Tout ce qui vient d'être dit a rapport aux anchyloses que nous avons nommées fausses ; car les vraies où il y a impossibilité absolue de mouvoir les os sont incurables ; l'on ne peut y employer qu'un traitement palliatif pour apaiser les accidents qui les accompagnent.

La cure de l'anchylose consiste à donner du mouvement aux parties qui ont de la disposition à se souder ; voici comme on la prévient dans les fractures et luxations : s'il s'agit de l'épaississement de la synovie, les douches d'eau chaude données de fort haut, sont d'un grand secours ; on peut faire fondre dans l'eau du sel ammoniac, du sel fixe de tartre, ou du sel marin pour la rendre plus efficace. On a souvent délayé par ces secours l'amas de synovie qui s'était fait dans les articles ; et l'on a ensuite réduit des luxations qui étaient anciennes. Les eaux de Bourbon, de Bareges, etc. sont fort utiles ; elles ramollissent les muscles, et liquéfient l'humeur synoviale, dans les inflammations et gonflements des cartilages et des ligaments. On prévient l'anchylose par de fréquentes saignées, les cataplasmes et fomentations anodynes, un régime humectant : quand les douleurs sont passées, on associe les résolutifs aux anodyns ; on passe ensuite à l'usage des résolutifs seuls. Lorsque la douleur et le gonflement sont passés, on commence de mouvoir doucement les parties sans rien forcer, pour ne point attirer une nouvelle fluxion qui pourrait être plus facheuse que la première. Il faut bien faire attention dans ces tentatives de mouvement, de ne donner que celui que la construction de l'articulation permet : ainsi on ne remuera en rond que les articulations par genou ; on étendra et fléchira seulement les articulations par charnière, se gardant bien de porter ces mouvements au-delà des bornes prescrites dans l'état naturel.

Si les dispositions à anchyloses dépendaient d'un virus vénérien, scorbutique, etc. qui déprave l'humeur synoviale, il faudrait d'abord détruire la cause en la combattant par les remèdes appropriés. L'excellent traité des maladies des os, de M. Petit, donnera des notions plus étendues sur cette matière. (Y)