(OPERATION) ou SECTION, est une opération de Chirurgie, qui consiste à tirer le foetus de la matrice par une ouverture faite à l'abdomen de la mère, morte ou vivante. Voyez ACCOUCHEMENT. Les Grecs appellent cette opération ou . Voyez NAISSANCE, UTERUS, etc.

Il est constaté par l'expérience, que les plaies des muscles de l'épigastre du péritoine, et celles de la matrice, ne sont pas mortelles ; en sorte qu'il y a des cas où l'on peut hazarder d'ouvrir l'abdomen de la mère, pour donner passage à l'enfant. Ceux qui naissent de cette manière sont appelés caesares ou caesones, à caeso matris utero, tels qu'ont été C. Julius César, Scipion l'Africain, Manlius, et Edouard VI. roi d'Angleterre. Voyez CESAR.

Cette opération se pratique dans deux circonstances différentes : 1°. lorsqu'une femme meurt par quelqu'accident dans le cours de sa grossesse ; il n'y a point alors d'inconvénient à la mettre en usage, puisque c'est la seule voie de sauver l'enfant. Il n'y a point de contestation sur ce point ; tous les auteurs en en convenant, assurent qu'il ne faut pas perdre de temps, et que l'on ne peut trop se hâter de faire l'opération césarienne.

2°. Lorsque la femme est vivante, on ne doit dans ce cas se déterminer à lui faire cette opération, que lorsqu'on est sur de l'impossibilité absolue de l'accouchement par les voies ordinaires avec les secours auxiliaires qu'on peut employer dans différents cas. Voyez ACCOUCHEMENT.

Les causes de cette impossibilité viennent de la mauvaise conformation des os du bassin de la mère, qui rend le passage trop étroit ; les tumeurs skirrheuses du vagin, et les exostoses des ischions peuvent produire le même effet. Quelques auteurs y joignent la grosseur extraordinaire du foetus et sa conformation monstrueuse. Quand l'impossibilité de l'accouchement vient du défaut naturel ou contre nature des organes de la mère, il faut nécessairement, pour lui sauver la vie et à son enfant, faire une incision à la matrice pour tirer celui-ci. Les mauvaises raisons de quelques auteurs contre une opération si utile, tombent par les faits qui en assurent la possibilité. On trouve dans le premier volume des Mémoires de l'académie royale de Chirurgie, des recherches de M. Simon sur l'origine de l'opération césarienne, il rapporte les différentes disputes qu'elle a occasionnées, et les autorités et les faits qui font juger du succès qu'on peut en attendre. Il n'oublie pas de faire usage d'une observation de M. Soumain qui a fait cette opération en 1740, en présence des plus habiles accoucheurs de Paris, à une femme âgée de trente-sept ans, qui n'a que trois pieds et un pouce de hauteur. L'étroitesse du bassin et sa conformation irrégulière ont déterminé tous les consultants à proposer l'opération qui a eu tout le succès possible.

L'opération césarienne est nécessaire dans un cas particulier dont on a quelques exemples ; c'est la chute de l'enfant dans le ventre par la rupture de la matrice. Un Chirurgien certain de la grossesse d'une femme, se décidera fort aisément sur ce cas lorsqu'il se sera assuré que l'enfant n'est plus dans la matrice. Saviard, Chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Paris, donne un exemple de cet accident ; voyez son observation vingt-cinquième. On en trouve de pareilles dans les Mémoires de l'académie royale des Sciences.

Les succès démontrés de l'opération césarienne, ont fait croire qu'il fallait la mettre en usage dans toutes les circonstances où l'enfant ne pouvait sortir ; cependant si la difficulté vient de son volume extraordinaire ou de sa conformation monstrueuse bien reconnue, il semble qu'il serait plus à propos, lorsqu'on est assuré de sa mort, de faire usage des crochets, qui bien dirigés, mettent moins en danger la vie de la mère, que l'opération césarienne. C'est la pratique la plus suivie. Voyez CROCHET.

Pour faire l'opération césarienne, il faut coucher la femme sur le dos, la tête et la poitrine plus élevées que le reste du corps ; elle sera sur le bord de son lit. On préferera d'opérer sur le côté qui paraitra le plus éminent ; il faut faire l'incision longitudinalement le long du bord extérieur du muscle droit, ou ce qui est plus facîle à fixer, entre l'ombilic et l'épine antérieure et supérieure de l'os des îles ; l'incision doit être d'environ six à sept pouces de longueur suivant les sujets. On recommande un bistouri droit ; je préfère un bistouri courbe tranchant sur sa convexité : nous en avons fait remarquer les avantages au mot BISTOURI.

L'incision intéresse la peau, la graisse, les muscles obliques et transverses du bas-ventre, et le péritoine. Il faut inciser avec précaution lorsqu'on coupe lo péritoine, de crainte de blesser les intestins, que les cris de la souffrante poussent vers la plaie : si les intestins se présentent, on a soin de les faire contenir par un aide avec une compresse trempée dans du vin chaud. L'opérateur incise alors la matrice antérieurement au milieu de sa partie latérale. Dès qu'il a pénétré dans sa cavité, il agrandit suffisamment la plaie avec un bistouri, ou des ciseaux conduits par le doigt, ou une sonde cannelée ; il ouvre ensuite les membranes, dont il tire l'enfant, et détache l'arriere-faix. Il fait ouvrir la matrice avec beaucoup de précaution s'il y a longtemps que les eaux soient écoulées ; parce que dans ce cas la matrice et les membranes sont exactement collées sur le foetus, qu'on risquerait de blesser, si l'on prenait peu de mesure.

Lorsqu'on a fait l'extraction de l'enfant et du placenta, on se sert d'une éponge fine trempée dans du vin tiede et suffisamment exprimée, pour pouvoir enlever le sang et les humeurs épanchées. On abandonne la matrice, qui par sa contraction diminue considérablement de volume.

L'appareil consiste en compresses et en un bandage unissant ; les auteurs conseillent la gastroraphie ou suture du ventre ; mais ce moyen est très-douloureux ; le bandage peut suffire pour la réunion des lèvres de la plaie ; l'affaissement du ventre contribue à la facilité de cette approximation. On fait sur le ventre des fomentations émollientes et anodynes, et on emploie tous les moyens capables de prévenir l'inflammation.

L'opération, comme nous venons de le rapporter, est dans un lieu d'élection ; elle se peut faire dans un lieu de nécessité : nous avons des exemples de foetus conçus hors de la matrice, ou qui en sont sortis, et qui ont produit des abcès qu'on a ouverts dans le lieu où ils se sont manifestés, et dont on a tiré heureusement et sans mauvaise suite les débris d'un enfant. Voyez Bartholin, de insolitis partus vitiis. (Y)