S. f. terme de Chirurgie, tumeur du scrotum, formée par une collection de lymphe. Les anciens mettaient cette maladie au nombre des hernies fausses ou humorales ; c'est d'où lui vient son nom , composé de , aqua, eau, et de , hernia, hernie.

On distingue deux sortes d'hydrocele ; l'une qui est faite par infiltration de lymphe séreuse dans le tissu cellulaire du dartos et de la peau, voyez HYDROCELE ; et l'autre est faite par épanchement ; celle-ci est une tumeur ronde et oblongue, lisse et égale, placée dans le scrotum ; elle est indolente, l'impression du doigt n'y reste pas en l'y appuyant, et l'on y sent la fluctuation d'un liquide épanché. La tuméfaction du scrotum dans ses progrès couvre la verge, au point qu'elle ne parait souvent que par la peau du prépuce. L'hydrocele est une vessie remplie d'eau, placée sur l'un des testicules auxquels elle est adhérente ; la tumeur devient quelquefois si grosse, que le raphé partage le scrotum en deux parties inégales.

Les auteurs ne sont pas d'accord sur le siège de l'hydrocele ; les uns ont multiplié les espèces de cette maladie par les lieux qu'ils lui ont fait occuper ; d'autres ont restreint le siège de l'hydrocele exclusivement dans les cellules de la tunique vaginale du cordon spermatique ou du testicule. On a souvent Ve des hydatides du cordon spermatique. L'eau amassée dans une cellule de la tunique vaginale du cordon peut donc distendre peu-à-peu les cellules et former une vraie hydrocele. On sent d'abord autour du cordon spermatique, au-dessus du testicule, un engorgement qui forme une petite tumeur molle, laquelle se dissipe par la pression, et qui s'étend en longueur depuis l'anneau jusqu'au testicule. Cette tumeur croit peu-à-peu, elle divise plusieurs cellules dont elle distend les parois jusqu'à former un seul sac très-ample et qui augmente toujours en épaisseur. On a trouvé quelquefois la dilatation du sac qui s'étendait fort loin entre les muscles obliques de l'abdomen. On a observé des hydroceles partagées en deux tumeurs par une dépression transversale ; c'est que ces tumeurs qui sont originairement cellulaires, ont commencé en deux endroits de la tunique vaginale, et qu'elles ne s'accraissent que par la rupture des cellules.

L'espèce d'hydrocele qui se fait dans la tunique vaginale du testicule est la plus ordinaire ; puisque cette tunique forme réellement un sac qui contient toujours de l'eau. Si elle s'y ramasse en trop grande quantité, elle distendra facilement la membrane, et produira une vraie hydrocele. Nous n'avons point d'observation qui prouve que l'hydrocele se soit formée dans la propre substance du testicule, comme quelques auteurs l'ont avancé.

La cause de l'hydrocele vient de la difficulté du retour du sang dans les circonvolutions des veines qui forment le plexus pampiniforme. Cette difficulté occasionne fort souvent l'engorgement et la rupture des vaisseaux lymphatiques ; de-là l'épanchement qui produit l'hydropisie du scrotum. L'hydrocele est quelquefois un symptôme de l'hydropisie ascite, et alors c'est plutôt un oedème des bourses qu'une vraie hydrocele. Dans ce cas, elle devient le moindre objet de l'attention, parce qu'elle se dissipe par le succès du traitement de la maladie principale. Les coups, les chutes, les compressions sont des causes extérieures qui peuvent donner lieu à la formation de l'hydrocele. Dans les grandes et anciennes hernies, la masse et la compression des parties occasionnent la sécrétion d'une humeur qui s'amasse dans le sac herniaire, de telle sorte qu'il en résulte une vraie hydrocele. M. Monro assure qu'au grand soulagement du malade, il a tiré six livres d'eau de la tumeur que formait une oschéocele ancienne et considérable.

Aètius nous apprend qu'Aspasia, conduit par l'étymologie du terme hydrocele, a mis cette maladie au nombre de celles des femmes. " Il se fait, dit-il, une hernie aqueuse dans les grandes lèvres ; la partie est un peu gonflée, la tumeur est molle et ne résiste point, et l'on y sent une sorte de fluctuation.

La cure de l'hydrocele est palliative ou radicale. La première ne convient que dans l'hydrocele simple, qui n'est compliquée d'aucune maladie du testicule, et qui n'incommode que par la collection de la matière fluide épanchée. Cette cure palliative consiste à vider de temps en temps la poche aqueuse par une simple ponction faite avec le trocart. Voyez TROCART.

Pour faire cette opération, on met le malade sur le bord de son lit, ou dans un fauteuil, les cuisses écartées. On examine le côté du scrotum affecté, et l'on s'assure de l'endroit où est le testicule. On comprime la tumeur de-haut-en bas, et on la contient avec la main gauche, pour ramasser la matière épanchée sous un petit volume, et tendre la peau ; on évite de comprimer le testicule. Avec la main droite on plonge la pointe du trocart à la partie déclive de la tumeur, en évitant les vaisseaux de la peau ; et en dirigeant la pointe de cet instrument, de façon à ne point toucher le testicule. Lorsqu'on a pénétré jusqu'au fluide, on porte le doigt index et le pouce de la main gauche à la canule, pour la soutenir, et on retire le poinçon avec la main droite, on laisse couler les eaux, et lorsque l'évacuation en est faite, on retire la canule, en soutenant la peau avec deux doigts d'une main, pendant que de l'autre on retire la canule, en lui faisant faire un demi-tour.

Le pansement de cette opération est fort simple. On applique sur la piqûre une petite compresse, comme pour une saignée ; on la trempe dans du vin tiede, ou de l'eau-de-vie, on enveloppe les bourses avec une autre compresse qu'on soutient par le bandage appelé suspensoir. Voyez SUSPENSOIR. Cette cure n'est que palliative, parce qu'on est obligé de répéter cette opération lorsque la poche s'est de nouveau remplie d'eau, ce qui se fait en plus ou moins de temps dans les différents sujets : j'ai Ve que cela allait ordinairement à six ou huit mois.

La cure radicale consiste à procurer l'évacuation de l'humeur épanchée, et à emporter le sac qui la contenait. Pour y parvenir, on recommande l'usage du séton, ou des caustiques, ou de l'instrument tranchant ; et quoique chacun de ces moyens ne soit pas toujours également bon, il y a cependant des circonstances où l'un peut avec raison être préféré à l'autre. Le séton réussit très-bien dans les hydroceles formées depuis peu dans la tunique vaginale du cordon spermatique. L'ouverture de la tumeur suivant sa longueur, suffit pour guérir les hydroceles qui ne sont point anciennes, parce que l'écoulement de l'humeur fait affaisser les cellules, le séton qu'on peut faire passer par le centre de la tumeur, produit un dégorgement suppuratoire ; on se sert ensuite du baume de soufre, dont la vertu dessicative acheve de resserrer les follicules du tissu cellulaire, et guérit radicalement. Mais la simple incision, ni le séton ne peuvent être regardés comme des moyens suffisans, si la tumeur est ancienne, et qu'elle ait acquis un certain volume, car en retranchant un peu des téguments émincés, on abrégerait la cure ; on est obligé, après l'incision des téguments, de scarifier les cellules engorgées, et on en détacherait des portions pour les enlever, ayant bien soin de ménager le cordon spermatique.

Lorsque l'eau est contenue dans une grande et unique cavité, soit qu'elle ait son siege dans la tunique vaginale du cordon, ou dans celle du testicule, le procédé opératoire est le même : il s'agit d'ouvrir la tumeur dans toute sa longueur, et de faire suppurer le sac. Il y a des praticiens qui préfèrent les caustiques à l'instrument tranchant pour faire l'ouverture, parce qu'ils produisent plus promptement la suppuration, et que l'incision attire souvent des inflammations fâcheuses.

Pour éviter une grande partie des inconvénients qui peuvent venir de l'usage des caustiques ou de l'incision, M. Bertrandi, Chirurgien du Roi de Sardaigne, professeur d'Anatomie et de Chirurgie en la royale université de Turin, a proposé dans les Mémoires de l'académie royale de Paris, dont il est associé, une méthode particulière d'opérer dans l'hydrocele. Il commence la cure par évacuer l'eau au moyen de la ponction avec le trocart. Il fomente pendant quelques jours le scrotum avec des remèdes fortifiants, et le soutient avec le suspensoir, jusqu'à ce qu'il se soit fait un nouvel amas d'une petite quantité d'eau ; alors il a recours deux ou trois fois à la ponction, sans attendre que la tumeur soit portée à son ancien volume : puis il fait l'incision. Par cette méthode, la crainte de la gangrene ou de l'hémorrhagie est bien moindre ; les parties qui se sont rapprochées, et qu'on a fortifiées, sont plus susceptibles de l'effet des médicaments, et l'on excite plus promptement et avec plus de facilité une suppuration louable.

Lorsque l'hydrocele est formée par la maladie du testicule, il faut procéder tout de suite à l'extirpation du testicule dur, carcinomateux ou fongueux. S'il était simplement abscédé, il suffirait d'en faire l'ouverture, et par des pansements méthodiques on pourrait parvenir à le conserver. On peut aussi dans l'hydro-variocele, emporter avec la précaution des ligatures, les varices du corps pampiniforme, en laissant assez de vaisseaux pour le retour du sang des testicules et des bourses.

La destruction du sac est un objet bien important dans l'opération et dans la cure de l'hydrocele. Lorsqu'il a beaucoup de capacité, qu'il est épais et skirrheux, on doit en emporter une grande partie avec les téguments. Ce qui reste doit être détaché avec les doigts, ou avec une feuille de myrthe, puis coupé. Si le sac avait dans quelques points des adhérences un peu trop fortes, il ne faudrait pas le tirer avec violence, mais le laisser pendant quelques jours : la suppuration qui se formera dans la substance celluleuse, entre les restes du sac et les téguments, en favorisera la séparation, surtout si l'on a eu la précaution de faire sur les portions restantes du sac, des scarifications qui se touchent par leurs angles, afin que par quelques-uns d'eux, ces portions puissent être plus facilement détachées. Lorsque le sac est détruit, il ne s'agit plus que de tendre à la consolidation de la playe. Voyez PLAYE, ULCERE, et le mot INCARNATION, Chirurg. (Y)