S. m. (Médecine, Chirurgie) est un employé subalterne dans les hôpitaux, préposé à la garde et au soulagement des malades ; il est dans les hôpitaux et maisons de charité ce que parmi le peuple on nomme trivialement garde-malade. Cet emploi est aussi important pour l'humanité, que l'exercice en est bas et répugnant ; tous sujets n'y sont pas également propres, et les administrateurs des hôpitaux doivent, autant par zéle que par motif de charité, se rendre difficiles sur le choix de ceux qui s'y destinent, puisque de leurs soins dépend souvent la vie des malades : un infirmier doit être patient, modéré, compatissant ; il doit consoler les malades, prévenir leurs besoins et supporter leurs impatiences.

Les devoirs domestiques des infirmiers sont, d'allumer le matin les feux dans les salles et de les entretenir pendant le jour ; de porter et distribuer les portions de vivres, la tisane et les bouillons aux malades ; d'accompagner les médecins et chirurgiens pendant les pansements ; d'enlever après, les bandes, compresses et autres saletés ; de balayer les salles et d'entretenir la propreté dans l'hôpital, parmi les malades, dans les choses qu'ils leur distribuent et sur leurs propres personnes ; de vider les pots-de-chambre et chaises-percées, de sécher et changer le linge des malades ; d'empêcher le bruit, les querelles et tout ce qui pourrait troubler leur repos ; d'avertir l'aumônier de ceux qu'ils aperçoivent en danger ; de transporter les morts et de les ensevelir ; d'allumer les lampes le soir, de visiter les malades pendant la nuit ; enfin de veiller continuellement sur eux, de leur donner tous les secours que leur état exige, et de les traiter avec douceur et charité. Voilà en général leurs obligations ; les officiers des hôpitaux doivent donner leur attention à ce qu'ils les remplissent exactement, et les punir s'ils s'en écartent.

Voici quelques dispositions qui les regardent dans la direction et la discipline d'un hôpital militaire.

Ils y sont aux ordres du commissaire des guerres chargé de la police de l'hôpital, aux gages de l'entrepreneur, et nourris aux frais du Roi, à la même portion que les soldats malades.

Le nombre en est fixé à un pour vingt malades, ou douze blessés, ou dix vénériens, ou deux officiers : en cas de maladie ils sont traités dans l'hôpital sur le même pied que les soldats malades, mais aux frais de l'entrepreneur, qui ne peut les renvoyer qu'après leur guérison et du consentement du commissaire des guerres : le directeur ne doit dans aucun cas se servir de soldats pour infirmier.

Tout infirmier qui sort de l'hôpital sans permission, ou qui y rentre ivre, qui est convaincu d'avoir vendu des aliments aux malades, ou retranché quelque chose de leur portion pour augmenter la sienne, est puni d'amende pour la première fais, et chassé de l'hôpital en cas de récidive.

Celui qui est convaincu de vol, friponnerie ou malversation, est châtié sévérement pour l'exemple, et même livré à la justice, si le cas le requiert.

Les infirmiers sont responsables des effets gardés par les défunts, qui se trouveraient avoir été détournés.

Celui qui étant de garde pendant la nuit, est surpris endormi, doit être puni d'amende, et chassé s'il a abandonné la salle.

Celui qui est convaincu d'avoir traité les malades avec négligence, dureté ou mépris, d'avoir négligé de les changer de linge après des sueurs, ou de leur avoir refusé d'autres secours nécessaires, doit être chassé et puni suivant l'exigence du cas.

Ces dispositions sont tirées pour la plupart des règlements concernant les hôpitaux militaires, du premier Janvier 1747, époque du rétablissement de la règle et du bon ordre dans l'administration de cette partie difficîle et intéressante du service.

Dans les hôpitaux bourgeois et maisons de charité, ce sont des femmes ou des sœurs hospitalières qui y sont chargées des fonctions des infirmiers, et l'on est généralement content de la manière dont elles s'en acquittent. On ne peut nier que les femmes ne soient plus propres à ces fonctions que les hommes ; en effet, par la sensibilité et la douceur naturelle à leur sexe, elles sont plus capables qu'eux de ces soins touchans, de ces attentions délicates, si consolantes pour les malades, et si propres à hâter leur guérison. Il est peu de nos lecteurs qui n'ait éprouvé par lui-même ce que nous avançons, et qui n'ait préféré, et qui ne préfère encore dans l'état de maladie, les services d'une femme à ceux d'un homme, toutes choses égales.

Si le sentiment intérieur de la nature et l'expérience se réunissent pour nous démontrer cette vérité, pourquoi n'en profitons-nous pas pour l'intérêt du service et de l'humanité ?

Qui empêche qu'on ne substitue aux infirmiers dans tous les hôpitaux militaires du royaume des infirmières aux mêmes gages et fonctions, tirées non de l'ordre des sœurs hospitalières, mais du sein du peuple indigent ? on devrait s'en promettre le même service que de ces sœurs, et un meilleur que celui des infirmiers, premier avantage. Ces hommes seraient rendus aux ouvrages de la terre, ou des arts mécaniques, autre avantage : mais nous en apercevons un plus précieux encore dans ce changement, ce sont les nouvelles occasions d'emploi et de travail qu'il procurerait à un nombre de femmes ou filles, dans l'énorme quantité de désœuvrées involontaires qui fourmillent dans nos villes, qui désirent et cherchent des occupations, et qui faute d'en trouver, restent en proie aux dangers et aux malheurs d'une oisiveté forcée. Cet article essentiel et trop négligé parmi nous, si important pour la population, pour les mœurs et l'honnêteté publique, mériterait les plus sérieuses attentions de la part du gouvernement.

Au surplus nous ne répondrons aux objections qu'on pourrait nous faire sur le changement proposé pour les hôpitaux militaires, qu'en présentant l'exemple de ce qui se pratique avec succès dans les hôpitaux bourgeois et les maisons de charité du royaume, où les soldats malades des troupes du roi sont reçus et traités, comme dans les hôpitaux même de sa majesté. Voyez GARDE-MALADE. Article de M. DURIVAL le jeune.