S. m. (Divination) chez les Romains c'étaient des ministres de la religion chargés spécialement d'examiner les entrailles des victimes, pour en tirer des présages, et par-là connaître ou conjecturer l'avenir.

Nous croyons qu'on doit écrire ainsi ce mot haruspices, parce qu'il est dérivé d'haruga, qui chez les premiers Romains signifiait les entrailles des victimes, et du verbe aspicère, voir, considérer ; ou comme d'autres le pensent, d'hara, hostia, une victime. Quoique quelques-uns soutiennent que l'on doit orthographier aruspices, derivant ce mot d'aras et inspicère, avoir l'inspection des autels ; mais on sait que cette inspection n'était pas la fonction principale de ces prêtres payens ; et qu'au contraire leur marque distinctive était d'examiner les entrailles des animaux offerts en sacrifice.

Le P. Pezron dit que ce mot était originairement formé du celtique au, foie, et de spicio, je regarde ou considère ; mais que ce terme paraissant aux Romains dur à la prononciation, ils l'adoucirent en faisant celui d'aruspex, qui est moins rude qu'auspex. On trouve dans Festus ce mot harviga ou hardiga, par lequel il entend une victime dont on considère les entrailles, tandis qu'elles sont encore en entier ou dans leur état naturel. Sur quoi M. Dacier observe que harviga est dérivé du grec , bélier, parce que c'était proprement un bélier qu'ils immolaient d'abord ; mais dans la suite ce nom devint commun à toutes sortes de victimes.

Les Etruriens étaient de tous les peuples d'Italie ceux qui possédaient le mieux la science des haruspices. C'était de leur pays que les Romains appelaient ceux dont ils se servaient. Ils envoyaient même tous les ans en Etrurie un certain nombre de jeunes gens pour être instruits dans les connaissances des haruspices ; et de peur que cette science ne vint à s'avilir par la qualité des personnes qui l'exerçaient, on choisissait ces jeunes gens parmi les meilleures familles de Rome. Il parait en effet que sous les rois et dans les premiers temps de la république, cet art fut fort respecté ; mais il n'en fut pas de même, lorsque les Romains polis par le commerce et les sciences des Grecs devinrent plus éclairés. Leurs savants et leurs beaux esprits plaisantaient sur le compte des haruspices. Cicéron, dans le livre II. de la nature des dieux, nous a conservé le mot de Caton, qui disait qu'il ne concevait pas comment un haruspice pouvait en regarder un autre sans rire ; et combien de lecteurs riront du mot de Caton, qui ne s'apercevront pas de l'application qu'on leur en ferait ! Il y avait à Rome un collège d'haruspices particulièrement chargés du culte de Jupiter tonnant. On les nommait encore extispices. Voyez EXTISPICES. (G)