(Critique sacrée) idole des Babyloniens, dont il est fait mention au IV. liv. des rais, chap. XVIIe 30. Elle fut apportée dans la Palestine par les Babyloniens transférés en Samarie. Ce mot socoth-bénoth signifie le tabernacle des filles ; et la plupart des meilleurs critiques ont adopté l'opinion de Selden, que c'est le nom du temple dédié à la Vénus de Babylone, où les filles s'assemblaient pour se prostituer en l'honneur de cette déesse ; nous apprenons ces particularités d'Hérodote.

Il y a, dit cet ancien historien, chez les Babyloniens, comme dans l'île de Chypre, une coutume honteuse, c'est que toutes leurs femmes sont obligées une fois dans leur vie de venir au temple de Vénus, et d'y accorder leurs faveurs à quelqu'un des étrangers qui s'y rendent de leur côté pour en jouir. Il arrive seulement que les femmes qui ne veulent pas se prostituer, se tiennent près du temple de la déesse dans leurs propres chars sous des lieux voutés, avec leurs domestiques près d'elles ; mais la plupart, magnifiquement parées et couronnées de fleurs, se reposent ou se promenent dans le palais de Vénus, attendant avec impatience que quelque étranger leur adresse ses vœux.

Ces étrangers se trouvent en foule dans différentes allées du temple, distinguées chacune par des cordeaux ; ils voient à leur gré l'assemblée de toutes les Babyloniennes, et chacun peut prendre celle qui lui plait davantage. Alors il lui donne une ou plusieurs pièces d'argent, en disant, " j'invoque pour toi la déesse Mylitta ", c'est le nom de Vénus chez les Assyriens. Il n'est ni permis à la femme de dédaigner l'argent qui lui est offert, quelque petite que soit la somme, parce qu'elle est destinée à un usage sacré, ni de refuser l'étranger qui dans ce moment lui donne la main, et l'emmene hors du sanctuaire de la déesse ; après avoir couché avec lui, elle a fait tout ce qu'il fallait pour se rendre Vénus favorable, et elle revient chez elle, où elle garde ensuite religieusement les règles de la chasteté.

Les femmes qui sont belles ne demeurent pas longtemps dans le temple de Vénus, mais celles qui ne sont pas favorisées des grâces de la nature y font quelquefois un séjour de quelques années, avant que d'avoir eu le bonheur de satisfaire à la loi de la déesse ; car elles n'osent retourner chez elles qu'avec la gloire de ce triomphe.

Strabon confirme en deux mots le récit d'Hérodote. C'est la coutume, dit - il, des Babyloniennes de chercher à devenir la conquête de quelque étranger. Dans ce dessein, elles accourent en foule extrêmement parées dans le temple de Vénus ; l'étranger jette de l'argent à celle qui lui plait, l'emmene hors du temple et couche avec elle ; mais l'argent qu'il lui donne est consacré à la déesse.

Il semble que Baruch fasse allusion à cette pratique infâme, dans le chap. VIe vers. 42. et 43. de ses prophéties : " Les femmes entourées de cordeaux sont assises ou brulent des noyaux d'olives ; et lorsque quelqu'une d'elles accueillie par quelque étranger Ve dormir avec lui, elle reproche à sa voisine qu'elle n'a pas eu la même faveur, et que son cordeau n'a pas été rompu ". (D.J.)