(Critique sacrée) . Cette troupe de possédés qui se trouva du temps de Jesus-Christ, et qui continua jusqu'à l'abolition du Paganisme, surprend des lecteurs qui ne sont que médiocrement crédules. D'où vient que cette maladie a cessé avec les lumières de la Médecine ? c'est qu'elle n'avait que des causes naturelles qui nous sont connues. Aussi d'habiles gens qui respectent l'autorité des saints livres, ont peine à se persuader que les possédés dont parle l'Evangile, fussent réellement tourmentés par des démons.

Cette opinion ne doit scandaliser personne, parce que les miracles de Jesus-Christ, qui guérissait ces sortes de malades, n'en sont que plus grands ; car que des êtres malfaisants obéissent au commandement de Jesus-Christ, ce n'est pas une chose si miraculeuse que de faire cesser des maladies les plus opiniâtres, les plus rebelles et les plus incurables, en n'employant cependant qu'une simple parole, un signe, un attouchement. Notre Sauveur ne jugeait point devoir corriger les erreurs des Juifs sur la nature de ces maladies ; il ne disputait pas, il guérissait.

De plus, il parait étrange à ceux qui réfléchissent, qu'il fallut plus d'un mauvais esprit pour tourmenter une personne. Les sept démons de Marie Magdeleine pouvaient sans-doute loger dans une seule femme ; mais un seul ne suffisait-il pas pour la rendre très-malheureuse ? Le démoniaque qui s'appelait Légion, n'était autre chose qu'un furieux, un phrénétique à qui ses forces faisaient dire qu'il s'appelait Légion, parce qu'il croyait être possédé de démons en grand nombre.

Enfin, le mot est un terme vague qui dans les auteurs grecs se prend pour génie, fortune, destinée, sort, malencontre ; genium, fortunam, fatum, sortem. signifie intemperiis agor, dit Budée ; ainsi, continue-t-il, dans S. Luc , sumi videtur pro eo qui intemperiis agitur. Ce mot dans Plutarque, vie de Périclès, se prend pour insanio, furore teneor. veut dire malheureux, misérable, dans Platon. au neutre, signifie ombres, spectres. (D.J.)