(Histoire du Mahométisme) les sahabi ou sahaba, sont les compagnons de Mahomet ; mais il est impossible d'en déterminer le nombre, à-cause que les sentiments des écrivains arabes sont fort partagés sur ce sujet.

Said, fils d'Al-Masib, un des sept grands docteurs et jurisconsultes, qui vécurent dans les premiers temps après Mahomet, soutient que personne ne devait être mis au rang des compagnons du prophête, à-moins que d'avoir conversé du-moins un an ou plus avec lui, et de s'être trouvé sous ses drapeaux à quelque guerre sainte contre les infidèles. Quelques-uns accordent ce titre à tous ceux qui ont eu occasion de parler au prophête, qui ont embrassé l'Islamisme pendant sa vie, ou qui l'ont seulement Ve et accompagné, ne fût-ce que durant une heure. D'autres enfin prétendent que cet honneur n'appartient qu'à ceux que Mahomet avait reçus lui-même au nombre de ses compagnons, en les enrôlant dans ses troupes ; qui l'avaient constamment suivi, s'étaient inviolablement attachés à ses intérêts, et l'avaient accompagné dans ses expéditions. Il avait avec lui dix mille compagnons de cet ordre quand il se rendit maître de la Mecque ; douze mille combattirent avec lui à la bataille de Honein, et plus de quarante mille l'accompagnèrent au pélerinage d'Adieu ; enfin, au temps de sa mort, selon le dénombrement qui en fut fait, il se trouva cent vingt-quatre mille musulmants effectifs.

Les Mohagériens, c'est-à-dire ceux qui l'accompagnèrent dans sa fuite à Médine, tiennent sans contredit le premier rang entre ses compagnons. Les Ansariens ou auxiliaires qui se déclarèrent pour lui, quand il fut chassé de la Mecque, les suivent en dignité, et ont le rang avant les autres Mohagériens, ou réfugiés qui vinrent après que Mahomet fut établi à Médine. Les meilleurs historiens orientaux distribuent tous ces compagnons en treize classes.

Quelques-uns mettent encore au rang de sahabi, de pauvres étrangers, qui n'ayant ni parents ni amis, et se trouvant destitués de tout, imploraient la protection de Mahomet ; mais on les a appelés plus communément assesseurs que compagnons de Mahomet, parce qu'ils étaient ordinairement assis sur un banc, autour de la mosquée. Le prophête en admettait souvent plusieurs à sa propre table, et Abulféda nomme les principaux auxquels il donna affectueusement sa bénédiction. (D.J.)