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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Théologie & histoire ecclésiastique
S. m. pl. (Théologie et Histoire ecclésiastique) considérés par rapport à leur religion, c'est une secte des Chrétiens d'Orient ainsi appelés, parce qu'ils habitaient autrefois l'Arménie. Voyez SECTE.

On croit que la foi fut portée dans leur pays par l'apôtre S. Barthelemy : ce qu'il y a de certain, c'est qu'au commencement du IVe siècle l'église d'Arménie était très-florissante, et que l'arianisme y fit peu de ravages. Ils étaient du ressort du patriarche de Constantinople : mais ils s'en séparèrent avant le temps de Photius, aussi-bien que l'église Grecque, et composèrent ainsi une église nationale, en partie unie avec l'Eglise Romaine, et en partie séparée d'elle. Car on en distingue de deux sortes ; les francs Arméniens, et les schismatiques. Les francs Arméniens sont catholiques, et soumis à l'Eglise Romaine. Ils ont un patriarche à Naksivan, ville d'Arménie, sous la domination du roi de Perse, et un autre à Kaminiek, en Pologne. Les Arméniens schismatiques ont aussi deux patriarches ; l'un résidant au couvent d'Elchemiazin, c'est-à-dire, les trois églises proche d'Erivan, et l'autre à Eti en Cilicie.

Depuis la conquête de leur pays par Scha-Abbas, roi de Perse, ils n'ont presque point eu de pays ou d'habitation fixe : mais ils se sont dispersés dans quelques parties de la Perse, de la Turquie, de la Tartarie, et même en plusieurs parties de l'Europe, particulièrement en Pologne. Leur principale occupation est le commerce, qu'ils entendent très-bien. Le cardinal de Richelieu, qui voulait le rétablir en France, projeta d'y attirer grand nombre d'Arméniens ; et le chancelier Seguier leur accorda une Imprimerie à Marseille, pour multiplier à moins de frais leurs livres de religion, qui avant cela étaient fort rares et fort chers.

Le Christianisme s'est conservé parmi eux, mais avec beaucoup d'altération, surtout parmi les Arméniens schismatiques. Le Père Galanus rapporte que Jean Hernac, Arménien catholique, assure qu'ils suivent l'hérésie d'Eutychès, touchant l'unité de nature en Jesus-Christ ; qu'ils croient que le Saint-Esprit ne procede que du Père ; que les âmes des justes n'entrent point dans le paradis, ni celles des damnés en enfer, avant le jugement dernier ; qu'ils nient le purgatoire ; retranchent du nombre des sacrements la confirmation et l'extrême-onction ; accordent au peuple la communion sous les deux espèces ; la donnent aux enfants avant qu'ils aient atteint l'âge de raison ; et pensent enfin que tout prêtre peut absoudre indifféremment de toutes sortes de péchés ; en sorte qu'il n'est point de cas réservés, soit aux évêques, soit au pape. Michel Fèvre, dans son théâtre de la Turquie, dit que les Arméniens sont Monophysites, c'est-à-dire, qu'ils n'admettent en Jesus-Christ qu'une nature composée de la nature divine et de la nature humaine, sans neanmoins aucun mélange. Voyez MONOPHYSITES.

Le même auteur ajoute que les Arméniens, en rejetant le purgatoire, ne laissent pas que de prier et de célébrer des messes pour les morts, dont ils croient que les âmes attendent le jour du jugement dans un lieu où les justes éprouvent des sentiments de joie dans l'espérance de la béatitude, et les méchants des impressions de douleur, dans l'attente des supplices qu'ils savent avoir mérités, quoique d'autres s'imaginent qu'il n'y a plus d'enfer depuis que Jesus-Christ l'a détruit en descendant aux limbes, et que la privation de Dieu sera le supplice des réprouvés ; qu'ils ne donnent plus l'extrême-onction depuis environ deux cens ans, parce que le peuple croyant que ce sacrement avait la vertu de remettre par lui-même tous les péchés, en avait pris occasion de négliger tellement la confession, qu'insensiblement elle aurait été tout à fait abolie : que quoiqu'ils ne reconnaissent pas la primauté du pape, ils l'appellent néanmoins dans leurs livres le pasteur universel, et vicaire de J. C. Ils s'accordent avec les Grecs sur l'article de l'eucharistie, excepté qu'ils ne mêlent point d'eau avec le vin dans le sacrifice de la messe, et qu'ils s'y servent de pain sans levain pour la consécration, comme les Catholiques. Voyez AZYME.

C'est sans fondement que Brerewood les a accusés de favoriser les opinions des sacramentaires, et de ne point manger des animaux qui sont estimés immondes dans la loi de Moyse, n'ayant pas pris garde que c'est la coutume de toutes les sociétés chrétiennes d'Orient de ne manger ni sang ni viandes étouffées ; en quoi, selon l'esprit de la primitive Eglise, il n'y a point de superstition. Ils sont grands jeuneurs ; et à les entendre, l'essentiel de la religion consiste à jeuner.

On compte parmi eux plusieurs monastères de l'ordre de S. Basile, dont les schismatiques observent la règle : mais ceux qui se sont réunis à l'Eglise Romaine ont embrassé celle de S. Dominique, depuis que les Dominicains envoyés en Arménie par Jean XXII. eurent beaucoup contribué à les réunir au saint siège. Cette union a été renouvellée et rompue plusieurs fais, surtout au concîle de Florence, sous Eugène IV.

Les Arméniens font l'office ecclésiastique en l'ancienne langue Arménienne, différente de celle d'aujourd'hui, et que le peuple n'entend pas. Ils ont aussi dans la même langue toute la bible, traduite d'après la version des Septante. Ceux qui sont soumis au pape font aussi l'office en cette langue, et tiennent la même créance que l'Eglise catholique, sans aucun mélange des erreurs que professent les schismatiques.

Nous remarquerons encore que le titre de vertabied, ou docteur, est plus respecté que celui d'évêque ; qu'ils le confèrent avec les mêmes cérémonies qu'on donne les ordres sacrés ; parce que, selon eux, cette dignité représente celle de Jesus-Christ, qui s'appelait rabbi, ou docteur. Ces vertabieds ont droit de prêcher assis, et de porter une crosse semblable à celle du patriarche, tandis que les évêques n'en ont qu'une moins distinguée, et prêchent debout, l'ignorance de leurs évêques ayant acquis ces honneurs et cette préférence aux docteurs. Galanus, conciliat. de l'Egl. Armén. avec l'Egl. Rom. Simon, hist. des Relig. du Levant. (G)




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