S. m. (Histoire ecclésiastique et Jurisprudence) terme emprunté du latin, qui signifie ordinairement un manteau ; il signifie en matière canonique un ornement que certains prélats ont droit de porter, et qui a probablement pris la place d'un manteau qu'on leur donnait en cérémonie. C'est apparemment aussi delà qu'il a conservé le nom de pallium.

Cet ornement est formé de deux bandes larges chacune de trois doigts, pendantes devant et derrière les épaules jusqu'à la ceinture, en forme de cercle, enchâssées par les extrémités en des lames de plomb, et tissue avec du fil et de la laine de deux agneaux blancs qui sont bénis sur l'autel dans l'église de sainte Agnès de Rome, le jour de la fête de cette sainte ; il est posé pendant une nuit sur les châsses de S. Pierre et S. Paul, et consacré ensuite sur l'autel de S. Pierre, où les métropolitains, et ceux des évêques qui en ont le privilège doivent le prendre, en prêtant le serment accoutumé.

Le pallium est regardé communément comme la marque de la dignité archiépiscopale ; et en effet le pape Innocent III. dit que le nom d'archevêque est conféré par le pallium, dans le chapitre nisi aux decretales, de autoritate et usu pallii : non tamen, dit-il, deberet se archiepiscopum appelare priusquam à nobis pallium suscepisset, in quo pontificalis officii plenitudo cum archiepiscopalis nominis appelatione confertur.

Le pape Grégoire VII. dans une lettre à l'archevêque de Rouen, se plaint de ce qu'il ne demande pas le pallium ; lui représentant que les archevêques, trois mois après leur consécration, sont obligés, selon le droit, d'en faire la réquisition au saint siege, et leur enjoint que dans la suite il n'ordonne plus d'évêques ni de prêtres, et qu'il n'entreprenne point de consacrer des églises jusqu'à-ce qu'il ait obtenu du saint siege le pallium.

Ce même pape écrivant à un évêque de Vérone, qui lui avait demandé le pallium, déclare qu'il ne pouvait lui accorder sa requête, parce que les decrets de ses prédécesseurs papes voulaient que les archevêques allassent en personne à Rome recevoir cet honneur.

Enfin, le concîle tenu à Tours en 1583, défend aux archevêques l'administration de leur évêché, avant d'avoir demandé ou obtenu le pallium.

Cependant M. l'archevêque d'Ausch dans l'assemblée du clergé en 1665, au sujet du différend qu'il eut avec M. de Perefixe, archevêque de Paris, prouve, par beaucoup de raisons, que le pallium n'est point la marque essentielle de l'archiépiscopat, qu'il ne distingue point les rangs entre les métropolitains, et ne donne point la perfection ni la dernière main à leur autorité : le pallium, dit ce prélat, n'appartenait originairement qu'au pape seul ; selon plusieurs auteurs, il a pris son origine des empereurs ; il n'était point en usage avant le IVe siècle : il y a six cent ans et plus, que tous les évêques grecs en usent communément en tous les offices de l'église, comme d'un autre ornement.

Les papes en ont accordé l'usage et l'honneur à quelques évêques ; savoir, au cardinal évêque d'Ostie, parce que c'est lui qui consacre le pape élu ; à celui de Pavie, en Lombardie ; à celui de Lucques, en Toscane ; à celui de Bamberg, en Allemagne ; aux évêques de cinq églises de Hongrie, et à celui de Messine, en Sicîle ; et en France aux évêques d'Autun et du Puy en Auvergne : ce dernier est appelé en latin Aniciensis episcopus, ce qui a fait croire à quelques uns, que c'était un évêque d'Annecy.

A la fin d'un consistoire tenu par le pape, S. S. par une grâce particulière accorda le pallium à l'évêque de Marseille, le 3 Septembre 1731.

Baronius rapporte, qu'en l'an 893, le pape Formosus fut admonesté par Foulques, archevêque de Rheims, de ne plus r'avilir l'honneur et la dignité du pallium, en le communiquant trop librement non seulement aux primats et archevêques, mais aux premiers évêques qui le lui demandaient.

Le concîle de Basle et la pragmatique-sanction défendent aux papes de rien prendre pour le manteau ou pallium, qu'ils avaient coutume de vendre bien chérement aux archevêques métropolitains, ce que quelques-uns n'ont pas laissé de faire encore nonobstant ces decrets.

Le premier évêque de France qui eut le pallium fut Vigile, archevêque d'Arles ; il lui fut accordé par saint Grégoire, à la prière de Childebert ; le pape n'envoyait alors le pallium aux archevêques du royaume de Bourgogne, que du consentement des empereurs d'Orient ; c'est ce que l'on apprend d'une lettre du pape Vigîle à Auxonne, archevêque d'Arles, auquel il dit qu'il doit en informer l'empereur, ainsi que la raison, la fidélité et le respect qu'il lui doit le demandent. Mém. ms. de Dombes par M. Aubret.

Le pape n'accorde pas l'usage du pallium à tous les archevêques ; Alexandre VII. ne voulut jamais accorder cet honneur au cardinal Antoine Barberin, neveu d'Urbain VIII. qui était archevêque de Rheims, et qui ne l'eut que du temps de Clément IX. aussi n'a-t-il jamais fait aucune consécration d'aucun évêque son suffragant.

Le droit de pallium n'est pas réel, mais personnel ; un archevêque ou évêque ne peut le céder à un autre, tellement que le pallium doit être enseveli à la mort du prélat qui en jouissait.

Le pape peut porter le pallium dans toutes les églises où il se trouve.

Il n'en est pas de même des autres évêques ; les primats ne reçoivent le pallium que comme métropolitains, et non comme primats, c'est pourquoi ils ne peuvent porter le pallium hors de leur diocèse, de même que les métropolitains ou autres évêques qui ont droit de pallium par privilège ; ils ne peuvent le porter dans la province d'un autre évêque, à moins que ce ne soit de son consentement.

Le pape peut porter le pallium tous les jours, aulieu que les archevêques et évêques qui ont l'usage du pallium n'en peuvent user qu'en certains jours de l'année ; savoir les jours de Noë et de S. Jean, de S. Etienne, de la Circoncision, de l'Epiphanie, le jour des Rameaux, le Jeudi-saint in coena Domini, le Samedi-saint, les trois fêtes de Pâques et de la Pentecôte, le jour de S. Jean-Baptiste et de tous les apôtres, les trois fêtes de la Vierge, le jour de la Toussaints, celui de la dédicace de l'église, et les principales fêtes propres à chaque église, les jours de l'ordination des clercs, au sacre des évêques, et au jour de l'anniversaire de sa consécration.

L'archevêque ou évêque qui a l'usage du pallium, ne peut dire la sainte messe sans être revêtu du pallium, suivant le canon 4 d'un concîle de Mâcon, ce qui ne doit néanmoins s'entendre que des fêtes et autres jours où il a droit de porter le pallium.

Les prélats qui ont le pallium ne peuvent le porter hors le service divin ; ils ne peuvent même le porter à une procession qui sort hors de l'église, quoiqu'ils y assistent vétus pontificalement. S. Grégoire le grand, écrivant à Jean de Ravenne, qui s'attribuait le droit de porter le pallium hors le service divin, lui représente qu'aucun autre métropolitain ne s'arrogeait un tel droit, et qu'il doit se conformer à cet égard à la coutume générale, ou produire quelque privilège particulier qui l'en dispense.

Voyez aux decret. le tit. de autor. et usu pallii. La bibliot. canon. t. II. p. 160. Pasquier, recherches de la Fr. liv. III. ch. ix. Fevret, liv. III. ch. IIIe art. 16. les lois ecclésiastiques, les mémoires du clergé, et ici les mots ARCHEVEQUES, ÉVEQUES, CONSECRATION. (A)

PALLIUM, dans le Blason, ce mot signifie une espèce de croix, qui représente le pallium ou l'ornement archiépiscopal que l'on envoie de Rome aux métropolitains. Voyez sa figure dans nos Planches héraldiq. où il est ainsi blasonné, de gueules au pallium croisé d'argent.