adj. pris subst. (Histoire ecclésiastique) est le nom que l'on a donné anciennement dans l'Eglise aux leçons qui étaient lues et expliquées tous les dimanches, et que l'on tirait tant de l'ancien que du nouveau Testament, mais particuliérement des évangiles et des épitres des apôtres : ces explications étaient autrement nommées homélies. Dans les premiers siècles de l'Eglise, on commença d'y lire publiquement et par ordre les livres entiers de l'Ecriture sainte, comme nous l'apprenons de S. Justin martyr ; d'Origène, en l'homélie 15 sur Josué ; de Socrate, liv. V. de l'hist. ecclés. et d'Isidore, de l'office ecclés. ce qui a duré longtemps, comme on le peut voir aussi dans le decret de Gratien, dist. 15. can. sancta rom. eccles. Depuis on prit peu à peu la coutume de tirer de l'Ecriture des textes et passages particuliers, pour les lire et les expliquer aux fêtes de Noë, de Pâques, de l'Ascension, et de la Pentecôte, parce qu'ils s'accommodaient mieux au sujet de ces grands mystères qu'à la lecture ordinaire, dont on interrompait la suite durant ces jours-là ; ce qui se voit dans S. Augustin, sur la I. épitre de S. Jean au commencement. Dans la suite, on en fit autant les jours des fêtes des saints, et enfin tous les dimanches de l'année, auxquels selon les temps on appliquait ces textes ou leçons, qui pour cette raison furent appelés dominicales. Cet ordre des leçons dominicales tel qu'on le voit aujourd'hui, est attribué par quelques-uns à Alcuin précepteur de Charlemagne ; et par d'autres, à Paul diacre, mais sans autre fondement que parce qu'il a accommodé certaines homélies des pères à ces passages qu'on avait tirés de l'Ecriture ; d'où l'on peut juger que cette distribution est plus ancienne. S. Augustin, de temp. serm. 256 ; S. Grégoire, lib. ad secund. et le vénérable Bede, atting. prob. theol. loc. 2. Voyez Moréry, Trév. et Chambers.

De-là il a passé en usage de dire, qu'un prédicateur prêche la dominicale, quand il fait chaque dimanche un sermon dans une église ou paraisse. On appelle aussi dominicale, un recueil de sermons sur les évangiles de tous les dimanches de l'année.

Dans les chapitres où il y a un théologal, celui-ci est chargé de prêcher ou de faire prêcher tous les dimanches. Voyez THEOLOGAL. (G)

DOMINICALE, (lettre) signifie, en Chronologie, une des sept lettres, A, B, C, D, E, F, G, dont on se sert dans les almanachs, les éphémerides, etc. pour marquer le jour du dimanche tout le long de l'année. Voyez DIMANCHE.

Ce mot vient de dominica, ou dominicus dies, dimanche, ou jour du Seigneur.

Les premiers Chrétiens introduisirent dans le calendrier les lettres dominicales, à la place des lettres nundinales du calendrier romain.

Ces lettres, comme nous l'avons déjà dit, sont au nombre de sept ; et il est évident que dans le cours d'une année commune ou non-bissextile, c'est toujours la même lettre qui marque le dimanche de chaque semaine ; puisque le dimanche revient constamment de sept jours en sept jours.

Mais dans l'année bissextile, il n'en est pas de même : car à cause du jour intercalaire, il faut ou bien que les lettres changent de place dans toute la partie de l'année qui suit le jour intercalaire, de sorte que, par exemple, la lettre qui répond au premier de Mars, réponde aussi au jour suivant ; ou bien que le jour intercalaire ait la même lettre que le jour précédent. Ce dernier expédient a été jugé le meilleur ; et en conséquence les dimanches d'aprés le jour intercalaire, changent de lettre dominicale.

Donc 1°. comme l'année commune, Julienne, ou Grégorienne, est composée de 365 jours ou 52 semaines et un jour, le commencement ou le premier jour de l'année doit toujours aller en reculant d'un jour. Par exemple, si le premier jour d'une année a été un dimanche, le premier jour de l'année suivante doit être un lundi, celui de l'année d'après un mardi, etc. par conséquent si A est la lettre dominicale pour une année, G sera la lettre dominicale pour l'année suivante, etc.

2°. Comme l'année bissextile, Julienne, ou Grégorienne, est composée de 366 jours, ou 52 semaines et deux jours, le commencement de l'année qui suit l'année bissextile, doit arriver deux jours plus tard. Ainsi si la lettre dominicale au commencement de l'année bissextîle est A, la lettre dominicale de l'année suivante sera F.

3°. Comme dans les années bissextiles le jour intercalaire tombe au 24 de Février, la lettre dominicale doit reculer d'une place après le 24 Février. Par exemple, si elle était A au commencement de l'année, après le 24 Février elle doit être G.

4°. Comme l'année bissextîle revient tous les quatre ans, et qu'il y a sept lettres dominicales, il s'ensuit que le même ordre de lettres revient en sept fois quatre ans, ou vingt-huit ans ; au lieu que sans ce dérangement causé par les bissextiles, cet ordre reviendrait tous les sept ans. Voyez BISSEXTILE.

5°. De-là est venue l'invention du cycle solaire de vingt-huit ans, à l'expiration duquel les lettres dominicales reviennent dans le même ordre, et aux mêmes jours des mois. Voyez CYCLE SOLAIRE.

Pour trouver la lettre dominicale d'une année proposée, cherchez le cycle solaire pour cette année, comme il est enseigné au mot CYCLE, et vous trouverez la lettre dominicale qui y répond. Lorsqu'il y a deux lettres dominicales, c'est une marque que l'année dont il s'agit est bissextîle ; et en ce cas la première des deux lettres sert jusqu'au 24 Février inclusivement, et l'autre est pour le reste de l'année.

Par la réformation du calendrier sous le pape Grégoire XIII. l'ordre des lettres dominicales a été dérangé dans l'année Grégorienne : car au commencement de l'année 1582, G était la lettre dominicale ; mais par le retranchement qu'on fit de dix jours après le 4 d'Octobre, la lettre dominicale fut C pour le reste de l'année : de sorte que la lettre dominicale du calendrier Julien est quatre places avant celle du calendrier Grégorien, la lettre A du premier répondant à la lettre D du second. De plus, l'ordre des lettres dominicales dans le calendrier Grégorien n'est pas perpétuel ; car l'année 1600 étant bissextile, et l'année 1700 ne l'étant pas, l'ordre des lettres dominicales a dû changer en 1700 ; il changera de même en 1800, en 1900, en 2100, etc. en un mot au commencement de chacun des siècles dont la première année n'est pas bissextile. C'est ce que nous avons expliqué fort au long dans l'article CYCLE SOLAIRE. Dans l'ouvrage qui a pour titre, art de vérifier les dates (Voyez CHRONOLOGIE), on trouve une table de toutes les lettres dominicales des années de Jesus-Christ jusqu'en 1800. Voyez CALENDRIER et ANNEE. Voyez aussi les éléments de Chronologie de Wolf, d'où Chambers a tiré une grande partie de cet article.

Pour trouver directement et sans le secours du cycle, la lettre dominicale d'une année proposée, par exemple 1755, il faut d'abord former une table du cycle solaire depuis 1701, en commençant par B ; savoir,

Ensuite on prendra le nombre 55 qui, divisé par 28, il reste 27 : donc E est la lettre dominicale ; s'il ne reste rien, la lettre dominicale sera DC. Voyez CYCLE.

On peut encore s'y prendre ainsi : rangez les sept lettres dominicales en cette sorte, B, A, G, F, E, D, C ; ajoutez à 55 le nombre 13, à cause des 13 années bissextiles écoulées depuis 1701 jusqu'à 1755 (exclusivement, c'est-à-dire sans compter 1755, bissextîle ou non), et divisez par 7 ; le reste 5 donne E pour la lettre dominicale, qui est la cinquième de la petite table B, A, G, F, E, etc. Si l'année était bissextile, il faudrait joindre la lettre donnée par le reste avec la suivante ; par exemple en 1756, le reste 4 donnera D : donc DC sera la lettre dominicale.

La raison de cette opération est simple : 1°. en 1701 la lettre dominicale était B, la première de la table ci-dessus : 2°. si chaque année n'avait qu'une lettre ; en ce cas, après avoir divisé par 7 le nombre des années depuis 1700, le quotient indiquerait cette lettre : mais chaque année bissextîle fait reculer l'année suivante d'une lettre ; par exemple 1705, au lieu d'avoir E a eu D. Donc deux années bissextiles font reculer de deux lettres, et sept années bissextiles font reculer de sept lettres, c'est-à-dire recommencer. Voilà en substance la raison de cette opération. On voit que s'il n'y avait point de reste, ce serait la dernière lettre C qui serait la dominicale : on voit aussi que la première lettre d'une année bissextîle peut se trouver, en ajoutant au dividende le nombre d'années bissextiles écoulées jusqu'à celle-là exclusivement ; et la seconde, en ajoutant au dividende le nombre d'années bissextiles jusqu'à celle-là inclusivement.

Si on rangeait les lettres dominicales dans leur ordre naturel renversé, G, F, E, D, C, B, A, il faudrait ajouter encore 5 au nombre des années depuis 1700, avant de faire la division ; parce que la lettre dominicale de 1701, serait alors la sixième. (O)