S. f. (Histoire ecclésiastique) religieuse du même ordre que les Cordeliers, et portant aussi la ceinture de corde nouée.

CORDELIERE, sub. f. en Architecture, est un petit ornement taillé en forme de corde sur les baguettes.

CORDELIERE, terme de Boutonnier, est une espèce de pilier fait de plusieurs rangs de bouillons coupés de la même longueur, qui soutient des amandes ou autres ornements de boutons. Tous ces rangs sont égaux, et attachés l'un au-dessus de l'autre avec une soie de grenade cirée. Voyez BOUILLON et AMANDE. Les cordelières sont le plus souvent appuyées d'un U double. Voyez U DOUBLE.

* CORDELIERES, (Manufacture en drap) ce sont des serges qui ont vingt-deux aulnes de longueur en toile, avec pouce et aulne, et trois quartiers un pouce de largeur, pour être au sortir du pot, et avant que d'être étendues, de vingt aulnes et un quart de long, et de demi-aulne et demi-quart de large. Ailleurs on les ordonne de trois quarts un pouce de large, et de vingt-trois aulnes de long, à soixante-douze portées au moins, trois quarts un pouce de large en toile, et vingt-deux aulnes de long. V. les reg. des Manuf.

CORDELIERE, dans la pratique de l'Imprimerie, s'entend d'un petit rang de vignettes de fonte qui se mettent au haut d'une page, et dont on forme un cadre pour l'entourer : on ne s'en sert aujourd'hui que pour entourer des enseignes de marchands, des avis aux âmes dévotes, et autres bilboquets. On met aux éditions recherchées des filets ou règlets fondus d'une pièce, simples, doubles, ou triples. Voyez BILBOQUET.

CORDELIERE : on appelle ainsi, en termes de Blason, un petit filet plein de nœuds que les veuves et les filles mettent en forme de cordon autour de l'écu de leurs armes.

CORDELIERE DES ANDES, (Géographie moderne) ou simplement CORDELIERE, que d'autres appellent improprement la Cordilière ou les Cordilières, est le nom que l'on donne à une haute chaîne de montagnes du Pérou, dont M. Bouguer nous a donné une description circonstanciée dans la première partie de son ouvrage sur la figure de la terre. Voici un extrait fort abrégé de cette description.

M. Bouguer, après avoir décrit la partie du Pérou comprise entre la mer et la Cordelière, observe d'abord que, presque toutes les rivières qui découlent de la Cordelière dans la mer du sud, sont des torrents impétueux. L'auteur, après avoir marché et monté avec beaucoup de peine durant plusieurs jours, et traversé non sans danger quelques-uns de ces torrents, arriva au pied d'une haute montagne nommée Chimboraço, qui est une de celles de la Cordelière. Voyez ATTRACTION DES MONTAGNES. Au pied de cette montagne il se trouvait déjà au-dessus des nuages, dans une région où il ne pleut jamais. Parvenu en haut, il voulut descendre, et fut bien étonné de trouver de l'autre côté un pays doux, agréable, et tempéré, bien différent de celui qu'il quittait. La Cordelière est proprement composée, dans sa plus grande partie, de deux chaînes de montagnes parallèles, entre lesquelles est une vallée qui pourrait elle-même passer pour une montagne, étant fort élevée au-dessus du niveau de la mer. C'est dans cette vallée qu'est située Quito, et la plus grande partie de sa province ; l'élevation du sol, jointe au voisinage des montagnes couvertes de neige, et à l'égalité des jours et des nuits pendant toute l'année, fait que le climat y est tempéré, et qu'on y jouit d'un printemps perpétuel. Le thermomètre de M. de Réaumur s'y maintient entre quatorze à quinze degrés. Quito est au pied d'une montagne nommée Pichincha, où on monte à cheval fort haut. Le pied de la plupart des montagnes est une terre argilleuse, qui produit des herbes, et le sommet n'est qu'un monceau de pierres.

Le froid, sur Pichincha et sur les autres montagnes, est extrême ; on y est continuellement dans les nuages ; le ciel y change trois ou quatre fois en une demi-heure, et le thermomètre y varie quelquefois de dix-sept degrés en un jour. Le mercure s'y soutient à seize pouces une ligne, et à vingt-huit pouces une ligne au niveau de la mer. On voit quelquefois son ombre projetée sur les nuages dont on est environné, et la tête de l'ombre est ornée d'une espèce de gloire formée de plusieurs cercles concentriques, avec les couleurs du premier arc-en-ciel, le rouge en-dehors. Voyez ARC-EN-CIEL.

La hauteur du sommet pierreux de Pichincha, qui est 2434 taises au-dessus du niveau de la mer, est à-peu-près celle du terme inférieur constant de la neige dans toutes les montagnes de la zone torride. Nous disons constant ; car la neige se trouve quelquefois 900 taises au-dessous. Quelques montagnes sont plus basses que ce terme, d'autres sont plus hautes ; et on ne peut les escalader, parce que la neige se convertit en glace. La neige se fond néanmoins plus haut, dans les montagnes qui produisent des volcans. Voyez VOLCAN. Cette ligne du terme inférieur constant de la neige est plus basse, comme cela doit être, plus loin de l'équateur, par exemple, au pic de Ténerif, elle n'est élevée que de 2100 taises. M. Bouguer observe qu'il devrait y avoir aussi un terme constant supérieur, s'il y avait des montagnes assez hautes pour que les nuages ne passassent jamais qu'à une certaine distance au bas de leur sommet ; mais nous ne connaissons point de telles montagnes.

Dans tous les endroits élevés de la Cordelière, lorsqu'on passe de l'ombre au soleil, on ressent une plus grande différence qu'ici pendant nos plus beaux jours dans la température de l'air : c'est que sur ces hautes montagnes désertes et couvertes de neige, et où l'air est plus rare, la chaleur vient principalement de l'action directe et immédiate du soleil ? au lieu que dans la partie inférieure de la terre, elle tient à plusieurs autres causes. Voyez CHALEUR.

MM. Bouguer et de la Condamine sont montés sur. Pichincha au-dessus du terme constant de la neige, à 2476 taises de hauteur ; le baromètre y était à 15 pouces 9 lignes, c'est-à-dire plus de 12 pouces plus bas qu'au bord de la mer : jamais on n'a porté de baromètre aussi haut.

La chaîne occidentale de la Cordelière contient beaucoup d'or, de même que le pied de l'oriental. Les montagnes des environs de Quito paraissent contenir peu de parties métalliques, quoiqu'on y trouve quelquefois de l'or en paillettes. Voyez un plus long détail dans l'ouvrage cité de M. Bouguer ; voyez aussi la relation de M. de la Condamine sur le même sujet dans son journal historique. (O)