S. m. (Histoire ecclésiastique) officier du tribunal de l'inquisition. Voyez INQUISITION et OFFICE, Congrégation du S.

Il y a des inquisiteurs généraux et des inquisiteurs particuliers. Saint Dominique fut le premier inquisiteur général, commis par Innocent III. et par Honoré III. contre les hérétiques Albigeais. De-là vient que les généraux de cet ordre ont été longtemps comme inquisiteurs nés dans la chrétienté. Le pape même qui les nomme actuellement, laisse toujours subsister à Rome la congrégation du saint Office dans le couvent de la Minerve des dominicains ; et ces moines sont encore inquisiteurs dans 32 tribunaux de l'Italie, sans compter ceux de l'Espagne et du Portugal.

Les inquisiteurs généraux de la ville de Rome en particulier, sont les cardinaux membres de la congrégation du saint-office. Ils prennent le titre d'inquisiteurs généraux dans toute la chrétienté ; mais heureusement ils n'ont point de juridiction en France, dont le royaume fait partie de la chrétienté.

Le grand inquisiteur d'e est nommé par le roi d'Espagne, et après avoir été confirmé par le Pape il juge en dernier ressort et sans appel à Rome. Le droit de confirmation suffit à Sa Sainteté pour prouver que l'inquisition relève d'elle immédiatement.

Je finis par une requête inutile, c'est de prier MM. les inquisiteurs d'Espagne et de Portugal, de vouloir bien lire les très-humbles remontrances qui leur sont adressées dans l'esprit des lois. liv. XXV. chap. XIIIe (D.J.)

INQUISITEUR D'ETAT, sub. mas. (Histoire moderne de Venise) membre d'un tribunal qu'on appelle le tribunal des inquisiteurs d'état, le plus révoltant et le plus formidable qu'on ait jamais établi dans aucune république. Il est seulement composé de trois membres, qui sont deux sénateurs du conseil des dix, et un des conseillers du dôge. Ces trois hommes exercent leur pouvoir absolu sur la vie de tous les sujets de l'état, et même sur celle des nobles, après avoir oui leur justification, sans être tenus de rendre compte à personne de leur conduite, ni d'en communiquer avec aucun conseil, s'ils se trouvent tous trois de même avis.

Les deux seuls avocadors ou procureurs généraux ont droit de suspendre pendant trois jours les jugements de ce tribunal, lorsqu'il ne s'agit pas d'un crime que le tribunal répute positif.

Ses exécutions sont très-secrètes ; et quelquefois sur la simple confrontation de deux témoins ou d'espions dont la ville est remplie, ils envoyent noyer un misérable pour quelques propos qui lui auront échappé contre le gouvernement. Venise se sert de ce terrible moyen pour maintenir son aristocratie.

Cette magistrature est permanente, parce que les desseins ambitieux peuvent être commencés, suivis, suspendus, repris ; elle est cachée, parce que les crimes qu'elle est sensée punir, se forment dans le secret. Elle a une inquisition générale, parce qu'elle doit connaître de tout. C'est ainsi que la tyrannie s'exerce sous le prétexte d'empêcher l'état de perdre sa liberté ; mais elle est anéantie cette liberté par tout pays où trois hommes peuvent faire périr dans le silence à leur volonté, les citoyens qui leur déplaisent. (D.J.)