, s. m. (Histoire ecclésiastique) aspirant au baptême, ou qui se dispose à recevoir ce sacrement.

Dans la primitive église on donnait ce nom à ceux des Juifs ou des Gentils que l'on instruisait pour recevoir le baptême. Car en grec signifie enseigner de vive voix, et , celui qu'on instruit de vive voix. D'autres prétendent que ce nom vient de , prêter une oreille attentive à des discours, les catéchumenes étant censés donner une attention particulière aux instructions que leur faisaient les catéchistes. Voyez CATECHISTE.

" Celui qui était jugé capable de devenir chrétien, dit M. Fleury, était fait catéchumene par l'imposition des mains de l'évêque ou du prêtre, qui le marquait au front du signe de la croix, en priant Dieu qu'il profitât des instructions qu'il recevrait, et qu'il se rendit digne de parvenir au saint baptême. Il assistait aux sermons publics où les infidèles mêmes étaient admis. Le temps du catéchumenat était ordinairement de deux ans : mais on l'allongeait ou on l'abrégeait suivant le progrès du catéchumene. On ne regardait pas seulement s'il apprenait la doctrine, mais s'il corrigeait ses mœurs ; et on le laissait en cet état jusqu'à ce qu'il fut entièrement converti ". Mœurs des Chrét. tit. Ve

Les catéchumenes étaient distingués des fidèles non-seulement par le nom, mais encore par la place qu'ils occupaient dans l'église : ils étaient avec les pénitens sous le portique, ou dans la galerie antérieure de la basilique. On ne leur permettait point d'assister à la célébration des saints mystères ; mais immédiatement après l'évangile, le diacre leur criait à haute voix : ite catechumeni, missa est : retirez-vous, catéchumenes ; on vous ordonne de sortir. Cette partie même de la messe s'appelait la messe des catéchumenes. Il parait par un canon du concîle d'Orange, qu'on ne leur permettait pas de faire la prière avec les fidèles, quoiqu'on leur donnât du pain beni qu'on nommait le pain des catéchumenes, et qui était comme un symbole de la communion à laquelle ils pourraient être un jour admis.

Il y avait plusieurs ordres ou degrés de catéchumenes : mais on n'a rien de bien précis sur le nombre de ces ordres, ni sur les noms par lesquels on les distinguait. Les auteurs grecs qui nous ont transmis les anciens canons, n'en font ordinairement que deux classes, l'une des catéchumenes imparfaits, et l'autre des catéchumenes parfaits ; c'est-à-dire de ceux qui ne faisaient que d'entrer dans le rang des catéchumenes, et de ceux qui étaient en état d'être admis au baptême, à quoi quelques-uns ajoutent que les premiers étaient encore regardés comme payens. D'autres désignent ces deux classes de catéchumenes par les noms d'écoutants, audientes, et d'agenouillés, genuflectentes ; les premiers, disent-ils, ne restaient dans l'église que pour assister au sermon et à la lecture des écritures ; les autres assistaient aux prières, et fléchissaient les genoux avec les fidèles. M. de l'Aubépine, évêque d'Orléans, dans son II. livre d'observations sur les anciens rits de l'Eglise, en ajoute un troisième ordre qu'il appelle orantes, priants, mais qui parait être le même que celui des agenouillés ; d'autres enfin y ajoutent les compétens, competentes ; c'est-à-dire ceux qui demandaient le baptême. Maldonat fait encore une classe à part de ceux qu'il appelle pénitens, pænitentes, parce que, dit-il, ils étaient sous la correction et la censure de l'Eglise. Le cardinal Bona ne reconnait point de catéchumenes de cette espèce : mais il en marque quatre autres degrés, les écoutants, les agenouillés, les compétens et les élus, audientes, genuflectentes, competentes et electi. Bingham, dans ses antiquités ecclésiastiques, distingue aussi quatre classes de catéchumenes. Sa division est différente de celle du cardinal Bona, en ce qu'il ne fait des compétens et des élus qu'une seule et même classe, et qu'il compte pour les premières les catéchumenes qu'on instruisait hors de l'église, tandis qu'on permettait aux autres d'y entrer, distinction qui parait sans fondement. M. Fleury n'en distingue que deux, les auditeurs et les compétens. D'autres les réduisent à trois degrés : le premier était celui des écoutants, qui n'étaient reçus qu'à entendre les instructions sur la foi et sur les mœurs : le second, celui des élus qui étaient admis pour recevoir le baptême : le troisième comprenait les compétens, ou ceux, qui parfaitement instruits du symbole et de la doctrine chrétienne, étaient en état d'être baptisés.

Quoi qu'il en soit de ces divers sentiments, on recevait les catéchumenes par l'imposition des mains et par le signe de la croix. On y joignait dans plusieurs églises les exorcismes, le souffle sur le visage ; la salive appliquée aux oreilles et aux narines, et l'onction sur les épaules et à la poitrine : on leur mettait du sel dans la bouche : cérémonies qui se pratiquent encore aujourd'hui dans l'administration du baptême, et qui le précédaient autrefois de quelques jours, quand on ne baptisait qu'aux fêtes les plus solennelles. On donnait aussi du lait et du miel aux catéchumenes lorsqu'ils étaient prêts d'être baptisés, comme des symboles de leur renaissance en Jesus-Christ, et de leur enfance dans la foi ; ce n'est qu'en ce sens général que saint Augustin donne à cette cérémonie le nom de sacrement. Le catéchumenat a été pratiqué dans l'église d'Orient et d'Occident, tant qu'il y a eu des infidèles qui se sont convertis à la religion, c'est-à-dire en Occident jusqu'au VIIIe siècle. Depuis ce temps on n'en a plus observé si exactement les cérémonies à l'égard des adultes qui demandaient le baptême. Morin, de pænit. L'Aubépine, observ. sur les anciens rits de l'Eglise. Bingham, antiq. ecclés. Fleury, mœurs des Chrét. et Histoire ecclés. (G)