S. m. pl. (Histoire ecclésiastique) hérétiques qui parurent dans le XIe siècle, et prirent ce nom de leur chef Carpocrate, natif d'Alexandrie. C'était une branche de la secte des Gnostiques, qui renouvella les erreurs de Simon le Magicien, de Menandre, de Saturnin, de Basilide, etc.

Les Carpocratiens reconnaissaient un principe unique et père de toutes choses, mais dont ils ne disaient ni le nom, ni la nature : cependant ils pensaient que le monde avait été créé par des anges ou des génies, bien inférieurs à ce premier principe. Ils niaient la divinité de Jesus-Christ, qui, disaient-ils, était fils de Joseph, né comme les autres hommes, mais favorisé de dons extraordinaires, et distingué par sa vertu. Pour arriver à Dieu il fallait, selon eux, avoir accompli toutes les œuvres du monde et de la concupiscence, à laquelle il fallait obéir en tout ; prétendant qu'elle était cet adversaire à qui l'Evangîle ordonne de céder, tandis que l'on est avec lui dans la voie (Matth. Ve vers. 25.) : que l'âme qui résistait à la concupiscence, en était punie en passant après la mort successivement d'un corps dans un autre, jusqu'à ce qu'elle eut accompli toutes les œuvres de la chair ; et que par conséquent on ne pouvait trop se hâter d'acquitter cette dette. De-là ces impudicités en tout genre auxquelles ils se livraient sans remords ; au moins pour leur imposer silence avaient-ils imaginé ce principe qui conduit aux derniers excès, qu'il n'y a point d'action bonne ou mauvaise en soi, mais seulement par l'opinion des hommes. Ils détestaient le jeune, recherchaient tous les plaisirs des sens, et admettaient la communauté des femmes. Fleury. Histoire ecclés. tom. I. liv. III. pag. 333.