S. m. pl. (Histoire ecclésiastique) anciens sectaires, qui furent ainsi appelés parce qu'ils élevaient Melchisedech au-dessus de toutes les créatures, et même au-dessus de Jesus-Christ.

L'auteur de cette secte était un certain Théodote, banquier, disciple d'un autre Théodote, corroyeur, en sorte que les Melchisédéciens ajoutèrent seulement à l'hérésie des Théodotiens ce qui regardait en particulier Melchisedech qui était, selon eux, la grande et excellente vertu. Dict. de Trévoux.

Cette hérésie fut renouvellée en Egypte, sur la fin du troisième siècle, par un nommé Hierax qui soutenait que Melchisedech était le Saint-Esprit, abusant pour cet effet de quelques passages de l'épitre aux Hébreux.

On connait une autre sorte de Melchisédéciens plus nouveaux qui paraissent être une branche des Manichéens. Ils ont pour Melchisedech une extrême vénération. Ils ne reçoivent point la circoncision, et n'observent point le sabbat. Ils ne sont proprement ni juifs, ni payens, ni chrétiens, et demeurent principalement vers la Phrygie. On leur a donné le nom d'Atingani, comme qui dirait gens qui n'osent toucher les autres de peur de se souiller. Si vous leur présentez quelque chose ils ne le recevront pas de votre main, mais si vous le mettez à terre ils le prendront ; et tout de même ils ne vous présenteront rien avec la main, mais ils le mettront à terre afin que vous le preniez. Cedren. Zonar. Scalig. ad Euseb. pag. 241.

Enfin, on peut mettre au nombre des Melchisédéciens ceux qui ont soutenu que Melchisedech était le fils de Dieu, qui avait apparu sous une forme humaine à Abraham : sentiment qui a eu de temps en temps des défenseurs, et entr'autres Pierre Cunaeus dans son livre de la république des Hébreux. Il a été réfuté par Christophe Schlegel, et par plusieurs autres auteurs qui ont trouvé que Melchisedech n'était qu'un pur homme, par les textes mêmes qui paraissent les plus favorables à l'opinion contraire. C'est ce qu'on peut voir au long dans la dissertation du père Calmet sur Melchisedech.