S. m. (Histoire ecclésiastique) titre de dignité ecclésiastique dans les premiers siècles de l'Eglise.

On donnait le nom d'exarque à l'évêque de la principale ville d'un diocèse, c'est-à-dire comme ce mot le signifiait alors, de plusieurs provinces ecclésiastiques ; c'est ce que les Latins appellent depuis primat, et les Grecs patriarche. Voyez PATRIARCHE et PRIMAT.

Il y avait en Orient autant d'exarques que de diocèses : le premier était celui d'Asie, et résidait à Ephese. Polycrate évêque de cette ville présida au concîle d'Asie, tenu au sujet de la question de la pâque ; ce qui montre que l'exarchat de cette ville n'était pas fondé sur des conditions purement humaines.

Il ne nous reste pas de preuves si éclatantes dans l'antiquité de deux autres exarchats, Césarée en Cappadoce et Héraclée en Thrace. Nous voyons seulement que Firmilien évêque de Césarée, avait attiré un grand nombre d'évêques de son parti contre le pape Etienne, dans la dispute sur la rébaptisation des hérétiques.

Le patriarche d'Antioche ayant travaillé longtemps à diminuer l'autorité des exarques, la fit abolir dans le concîle de Chalcédoine. Il ne leur resta que la qualité d'exarques, avec un rang de distinction après les cinq patriarches, mais sans aucune juridiction sur les métropolitains de leur diocese. L'évêque de Constantinople s'empara aussi de la juridiction des exarques du Pont et de l'Asie : ce dernier exarchat fut, à la vérité, rétabli par un édit du tyran Basilic ; mais l'empereur Zénon, presqu'aussitôt après, rendit au patriarche de Constantinople les droits dont il jouissait sur cette province. Thomass. discipl. eccles. part. j. liv. I. chap. VIIIe

Bingham, orig. eccles. tom. I. liv. II. ch. VIIe §. 2. remarque qu'on appelait autrefois les patriarches exarques d'un diocèse, c'est-à-dire d'un grand gouvernement de la ville capitale duquel ils étaient évêques, et qu'on donnait aux métropolitains le titre d'exarques d'une province ; d'où il conclut que l'exarque était la même chose que le patriarche, ce qui est vrai dans le fond, pour les temps qui ont précédé le concîle de Chalcédoine ; mais depuis, le nom d'exarque n'a plus été qu'un vain titre, leurs honneurs et leur juridiction ayant été attribués aux patriarches.

Le nom d'exarque est encore usité parmi les Grecs modernes, pour signifier un député, un délégué ; par exemple, ceux que le patriarche envoye en diverses provinces, pour voir si l'on y a observé les canons ecclésiastiques, si les évêques font leur devoir, et si les moines sont dans la règle. Goar, in not. ad offic. Constantinop. (G)

EXARQUE, s. m. (Histoire ancienne) dans l'antiquité était un nom que donnaient les empereurs d'Orient, à certains officiers qu'ils envoyaient en Italie en qualité de lieutenans ou plutôt de préfets, pour défendre la partie de l'Italie qui était encore sous leur obéissance, particulièrement la ville de Ravenne, contre les Lombards qui se sont rendus maîtres de la plus grande partie de l'Italie.

L'exarque faisait sa résidence à Ravenne ; cette ville avec celle de Rome était tout ce qui restait aux empereurs en Italie.

Le patricien Boethius, connu par son traité de consolatione philosophiae, fut le premier exarque. Il fut nommé en 568 par Justin le jeune. Les exarques subsistèrent pendant 185 ans, et finirent à Eutychius, sous l'exarquat duquel Astulphe ou Astolphe, roi de Lombardie, s'empara de la ville de Ravenne.

Le père Papebroch, dans son propylaeum ad acta sanct. Maii, a fait une dissertation sur le pouvoir et les fonctions de l'exarque d'Italie à l'élection et à l'ordination du pape.

Heraclius, archevêque de Lyon, descendant de l'illustre maison de Montbaissier, fut créé par l'empereur Fréderic exarque de tout le royaume de Bourgogne : dignité qui jusque-là était inconnue par-tout ailleurs qu'en Italie, et particulièrement dans la ville de Ravenne. Menestrier, hist. de Lyon.

Homère, Philon et d'autres anciens auteurs, donnent pareillement le nom d'exarques au choriste ou maître des musiciens dans les anciens chœurs, ou à celui qui chante le premier : car le mot ou ; signifie également commencer et commander. Voyez CHOEUR. Chambers. (G)