S. m. (Histoire ecclésiastique moderne) on nomma Hussites les sectateurs de Jean Hus, et de Hiéronime, disciple et ami de Jean Hus, qui furent brulés vifs au concîle de Constance en 1415.

Tout le monde sait que leur doctrine était qu'il n'y avait qu'une Eglise catholique, qui renferme dans son sein les prédestinés ; qu'un reprouvé n'est pas de cette Eglise ; que les seigneurs temporels doivent obliger les prêtres à observer la loi ; qu'un mauvais pape n'est pas le vicaire de Jesus-Christ, etc.

La flamme étouffa la voix de ceux qui soutinrent cette doctrine, mais ni l'empereur, ni les pères du concîle n'en prévirent les suites ; il sortit en 1419 des cendres de Jean Hus et de Hiéronime, que nous nommons Jérome de Prague, une guerre terrible de la part de leurs disciples. Quand Sigismond voulut succéder en Bohème à Wenceslas son frère, il trouva que tout empereur, tout roi de Hongrie qu'il était, le bucher de deux citoyens lui fermait le chemin du trône de Prague.

Les Hussites, vangeurs de Jean Hus, étaient au nombre de quarante mille : c'étaient des animaux sauvages, que la sevérité du concîle avait déchainés ; les prêtres qu'ils rencontraient payaient de leur sang la cruauté des pères de Constance ; Jean, surnommé Ziska, qui veut dire borgne, chef barbare de ces barbares, battit Sigismond plus d'une fais. Ce Jean Ziska ayant perdu dans une bataille l'oeil qui lui restait, marchait encore à la tête de ses troupes, donnait ses conseils aux généraux, et assistait aux victoires. Il ordonna qu'après sa mort on fit un tambour de sa peau ; on lui obéit : ce reste de lui-même fut encore fatal à Sigismond, qui put à peine en seize années réduire la Bohème avec les forces de l'Allemagne, et la terreur des croisades : ce fut pour avoir violé son sauf-conduit qu'il essuya ces seize années de désolation, et il n'éprouva que ce qu'il méritait. Extrait de l'Histoire générale, t. II. p. 97-105. (D.J.)