ou CAIANIENS, s. m. pl. (Histoire ecclésiastique) nom d'anciens hérétiques qui rendaient un honneur extraordinaire aux personnes que l'Ecriture nous représente comme les plus méchants de tous les hommes. Ils ont été ainsi appelés de Caïn, qu'ils regardaient comme leur père. C'était une branche de Gnostiques, qui soutenaient des erreurs monstrueuses. Ils prétendaient que Caïn et même Esau, Lot et ceux de Sodome, étaient nés d'une vertu céleste très-puissante, et qu'Abel au contraire était né d'une vertu fort inférieure à la première. Ils associaient à Caïn et aux autres du même ordre, Judas, qui avait eu, selon eux, une grande connaissance de toutes choses ; et ils en faisaient une si grande estime, qu'ils avaient un ouvrage sous son nom, intitulé l'évangîle de Judas. S. Epiphane a rapporté et réfuté en même temps leurs erreurs, dont les principales étaient, que l'ancienne loi n'était pas bonne, et qu'il n'y aurait point de résurrection. Ils exhortaient les hommes à détruire les ouvrages du Créateur, et à commettre toutes sortes de crimes, persuadés que les mauvaises actions conduisaient au salut. Ils invoquaient même les anges à chaque crime qu'ils commettaient, parce qu'ils croyaient qu'il y avait un ange qui assistait à chaque péché et à chaque action honteuse, et qui aidait à la faire. Enfin ils faisaient consister la souveraine perfection à dépouiller tellement toute honte et tous remords, qu'on commit publiquement les actions les plus brutales. Ils erraient aussi sur le baptême, comme il parait par Tertullien ; et la plupart de leurs opinions étaient contenues dans un livre qu'ils avaient composé sous le titre d'ascension de S. Paul, où, sous prétexte des revélations faites à cet apôtre dans son ravissement au ciel, ils débitaient leurs impiétés et leurs blasphèmes. Dupin, biblioth. des auteurs ecclés. tome II. Fleury, hist. ecclés. tome I. liv. IIIe (G)