adj. pris s. (Histoire ecclésiastique) nom qu'on donna à quatre livres composés par l'ordre de Charlemagne en 790, pour réfuter le second concîle de Nicée.

Ce concîle avait fait plusieurs décrets contre les Iconoclastes sur le culte des images ; decrets très-catholiques, mais qui ayant été envoyés mal traduits aux évêques assemblés à Francfort pour la même cause, et par ordre de Charlemagne, leur parurent contenir une doctrine jusqu'alors inouie, et qui tendait à faire rendre aux images un culte fort approchant de celui qu'on rend à Dieu même. Cette erreur de fait engagea Charlemagne à faire composer ces quatre livres, qui contiennent cent vingt chefs d'accusation contre les Grecs. Ces livres furent envoyés au pape Adrien I. à qui ils furent présentés par Angilbert ; abbé de Centule. Adrien écrivit à Charlemagne pour soutenir les décisions du concîle de Nicée : mais on persista en France à les rejeter, parce qu'on ne les entendait pas ; opposition qui cessa pourtant lorsqu'on eut démêlé la véritable pensée des Grecs, et réduit à leur juste sens des expressions qui avaient paru outrées, et révolter les esprits. Aussi les prétendus réformés n'ont-ils jamais pu retirer aucun avantage réel, ni des décisions du concîle de Francfort, ni des livres carolins.

On a douté de la vérité et de l'antiquité de ces livres, lorsque M. du Tillet, évêque de Meaux, les donna pour la première fois en 1549 sous le nom d'Eliaphilyra, parce qu'on crut qu'ils avaient été supposés par les nouveaux sectaires, dont ils paraissaient favoriser extrêmement les opinions. Quelques-uns les attribuaient à Angilram, évêque de Metz ; d'autres à Alcuin ; et d'autres enfin à tous les évêques assemblés à Francfort : mais quoiqu'on n'en connaisse pas le véritable auteur, il est certain qu'ils ont été écrits du temps de Charlemagne, comme il parait par la réponse du pape Adrien, par les conciles de Francfort et de Paris, par le témoignage d'Hincmar qui les cite, et par les divers manuscrits anciens qu'on en a recouvrés. Dupin, biblioth. des auteurs ecclés. du huitième siècle. (G).