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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Theologie
S. m. (Théologie) du grec , révélation ; c'est le nom du dernier livre canonique de l'Ecriture. Voyez CANON et BIBLE.

Il contient en vingt-deux chapitres une prophétie touchant l'état de l'Eglise, depuis l'Ascension de Jesus-Christ au ciel jusqu'au dernier jugement : et c'est comme la conclusion de toutes les saintes Ecritures, afin que les fidèles reconnaissant la conformité des révélations de la nouvelle alliance avec les prédictions de l'ancienne, soient plus confirmés dans l'attente du dernier avenement de Jesus-Christ. Ces révélations furent faites à l'apôtre S. Jean durant son exil dans l'île de Pathmos, pendant la persécution de Domitien. Voyez REVELATION.

L'enchainement d'idées sublimes et prophétiques qui composent l'Apocalypse, a toujours été un labyrinthe pour les plus grands génies, et un écueil pour la plupart des commentateurs. On sait par quelles rêveries ont prétendu l'expliquer Drabienis, Joseph Mede, le ministre Jurieu, le grand Newton lui-même. Les secrets qu'elle renferme, et l'explication frivole que tant d'auteurs ont tenté d'en donner, sont bien propres à humilier l'esprit humain.

On a longtemps disputé dans les premiers siècles de l'Eglise sur l'authenticité et la canonicité de ce livre : mais ces deux points sont aujourd'hui pleinement éclaircis. Quant à son authenticité, quelques anciens la niaient : Cérinthe, disaient-ils, avait donné à l'Apocalypse le nom de saint Jean, pour donner du poids à ses rêveries, et pour établir le règne de Jesus-Christ pendant mille ans sur la terre après le jugement. Voyez MILLENAIRES. Saint Denys d'Alexandrie, cité par Eusebe, l'attribue à un personnage nommé Jean, différent de l'Evangéliste. Il est vrai que les plus anciennes copies grecques, tant manuscrites qu'imprimées de l'Apocalypse, portent en tête le nom de Jean le divin. Mais on sait que les Peres grecs donnent par excellence ce surnom à l'apôtre S. Jean, pour le distinguer des autres évangélistes, et parce qu'il avait traité spécialement de la divinité du Verbe. A cette raison l'on ajoute, 1°. que dans l'Apocalypse S. Jean est nommément designé par ces termes : A Jean qui a publié la parole de Dieu, et qui a rendu témoignage de tout ce qu'il a Ve de Jesus-Christ ; caractères qui ne conviennent qu'à l'apôtre. 2°. Ce livre est adressé aux sept églises d'Asie, dont S. Jean avait le gouvernement. 3°. Il est écrit de l'île de Pathmos, où S. Irenée, Eusebe, et tous les anciens conviennent que l'apôtre S. Jean fut relégué en 95, et d'où il revint en 98 : époque qui fixe encore le temps où l'ouvrage fut composé. 4°. Enfin plusieurs auteurs voisins des temps apostoliques, tels que saint Justin, S. Irenée, Origène, Victorin, et après eux une foule de pères et d'auteurs ecclésiastiques, l'attribuent à S. Jean l'Evangéliste. Voyez AUTHENTICITE et AUTHENTIQUE.

Quant à sa canonicité, elle n'a pas été moins contestée. S. Jérôme rapporte que dans l'église grecque, même de son temps, on la révoquait en doute. Eusebe et S. Epiphane en conviennent. Dans les catalogues des livres saints, dressés par le concîle de Laodicée, par S. Grégoire de Nazianze, par S. Cyrille de Jérusalem, et par quelques autres auteurs grecs, il n'en est fait aucune mention. Mais on l'a toujours regardé comme canonique dans l'église latine. C'est le sentiment de S. Justin, de S. Irenée, de Théophîle d'Antioche, de Méliton, d'Apollonius, et de Clément Alexandrin. Le troisième concîle de Carthage, tenu en 397, l'inséra dans le canon des Ecritures, et depuis ce temps-là l'église d'orient l'a admis comme celle d'occident.

Les Alogiens, hérétiques du deuxième siècle, rejetaient l'Apocalypse, dont ils tournaient les révélations en ridicule, surtout celles des sept trompettes, des quatre anges liés sur l'Euphrate, etc. S. Epiphane répondant à leurs invectives, observe que l'Apocalypse n'étant pas une simple histoire, mais une prophétie, il ne doit pas paraitre étrange que ce livre soit écrit dans un style figuré, semblable à celui des prophetes de l'ancien Testament.

La difficulté la plus spécieuse qu'ils opposassent à l'authenticité de l'Apocalypse, était fondée sur ce qu'on lit au ch. XIe Ve 18. Ecrivez à l'ange de l'église de Thyatire. Or, ajoutaient-ils, du temps de l'apôtre S. Jean il n'y avait nulle église chrétienne à Thyatire. Le même S. Epiphane convient du fait, et répond que l'apôtre parlant d'une chose future, c'est-à-dire de l'église qui devait être un jour établie à Thyatire, en parle comme d'une chose présente et accomplie, suivant l'usage des prophetes. Quelques modernes ajoutent, que du temps de S. Epiphane le catalogue des évêques et les autres actes qui prouvaient qu'il y avait eu une église à Thyatire dès le temps des apôtres, étaient inconnus à ce père, et que son aveu ne favorise point les Alogiens. Enfin Grotius remarque qu'encore qu'il n'y eut aucune église de Payens convertis à Thyatire quand S. Jean écrivit son Apocalypse, il y en avait néanmoins une des Juifs, semblable à celle qui s'était établie à Thessalonique avant que S. Paul y prêchât.

Il y a eu plusieurs Apocalypses supposées. S. Clément dans ses hypotyposes parle d'une Apocalypse de S. Pierre ; et Sozomene ajoute, qu'on la lisait tous les ans vers Pâques dans les églises de la Palestine. Ce dernier parle encore d'une Apocalypse de S. Paul que les moines estimaient autrefois, et que les Cophtes modernes se vantent de posséder. Eusebe fait aussi mention de l'Apocalypse d'Adam ; S. Epiphane, de celle d'Abraham supposée par les hérétiques Séthiens, et des révélations de Seth et de Narie femme de Noé, par les Gnostiques. Nicéphore parle d'une Apocalypse d'Esdras ; Gratian et Cédrene d'une Apocalypse de Moyse ; d'une autre attribuée à S. Thomas ; d'une troisième de S. Etienne ; et S. Jérôme d'une quatrième, dont on faisait auteur le prophète Elie. Porphyre dans la vie de Plotin, cite les Apocalypses de Zoroastre, de Zostrein, de Nicothée, d'Allogènes, etc. livres dont on ne connait plus que les titres, et qui vraisemblablement n'étaient que des recueils de fables. Sixt. senens. lib. II. et VII. Dupin, dissert. praelim. tom. III. et bibliot. des aut. ecclésiast. (G)




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