S. f. (Grammaire et Théologie) terme collectif qui se dit de ceux qui suivent les opinions ou les maximes de quelque docteur ou maître particulier, soit théologien, soit philosophe.

C'est en ce sens qu'on a distingué dans l'ancienne Grèce plusieurs sectes de philosophes, comme les Pyrrhoniens, les Epicuriens, les Platoniciens, les Stoïciens, etc. et qu'on distingue encore aujourd'hui les Péripatéticiens, les Gassendistes, les Cartésiens et les Newtoniens.

Il y a aussi en Théologie différents partis opposés, connus sous le nom de Thomistes, Augustiniens, Molinistes et Congruistes. Voyez chacun de ces noms sous leur article particulier.

Le nom latin secta a la même signification que le nom grec haeresis, quoiqu'il ne soit pas aussi odieux. Cependant on désigne ordinairement les hérétiques sous le nom de sectaires ; et les hérésies, sous le nom de sectes. Ainsi l'on dit, la secte des Marcionites, des Manichéens, des Montanistes ; la secte de Luther, de Calvin, etc. et l'on emploie plus fréquemment le mot école, en parlant des Théologiens de l'Eglise romaine, qui sont divisés de sentiment ; ainsi l'on dit mieux l'école des Thomistes, que la secte des Thomistes.

L'on connaissait parmi les Juifs quatre sectes particulières, qui se distinguaient par la singularité de leurs pratiques ou de leurs sentiments, et qui demeuraient unis de communion entr'elles et avec le corps de la nation. Ces sectes sont celles des Pharisiens, des Saducéens, des Esséniens et des Hérodiens ; nous avons traité de chacune en particulier. Au commencement du Christianisme on voulait faire passer la Religion de J. C. pour une secte du Judaïsme. On croit que les sectes des Philosophes chez les Grecs ont donné naissance à celles qu'on vit paraitre chez les Juifs vers le temps des Macchabées ; et c'est à la même imitation que dès les premiers temps du Christianisme, quelques juifs ou payens convertis, voulant raffiner sur les dogmes reçus dans l'Eglise, formèrent toutes ces sectes de Gnostiques et autres si fréquentes dans l'histoire des premiers siècles.

Nous avons donné dans ce Dictionnaire une idée de chaque secte, des opinions ou des hérésies qui la caractérisent sous le nom de chacune ; le lecteur peut y avoir recours pour s'en instruire, s'il a besoin.

SECTE, (Histoire Philos. et Polit.) tant de sectes et d'opinions fausses, qui se sont perpétuellement succédées en matière de religion, loin de nous aigrir, doivent nous apprendre à reconnaître l'imperfection de notre jugement, et sa faiblesse naturelle ; ce qui n'est pas un leger apprentissage.

Rien ne fit plus de tort à l'état politique du gouvernement de Justinien, que le projet qu'il conçut de réduire tous les hommes à une même façon de penser sur les matières de religion, surtout dans des circonstances qui rendaient son zèle entièrement indiscret.

Comme les anciens Romains fortifièrent leur empire, en y laissant toutes sortes de culte ; dans la suite on le réduisit à rien, en coupant successivement les sectes qui ne dominaient pas.

Ces sectes étaient des nations entières ; les unes, après avoir été conquises par les Romains, conservaient leur ancienne religion, comme les samaritains et les juifs ; les autres s'étaient répandues dans un pays, comme les sectateurs de Montan, dans la Phrygie ; les manichéens, les sabatéens, les ariens, dans d'autres provinces ; outre qu'une grande partie des gens de la campagne étaient encore idolâtres, et entêtés d'une religion grossière comme eux-mêmes.

Justinien qui détruisit ces sectes par l'épée ou par ses lois, et qui les obligeant à se révolter, s'obligea à les exterminer, rendit incultes plusieurs provinces ; il crut avoir augmenté le nombre des fidèles, il n'avait fait que diminuer celui des hommes.

Procope nous apprend que par la destruction des samaritains, la Palestine devint déserte ; et ce qui rend ce fait singulier, c'est qu'on affoiblit l'empire par zèle pour la religion du côté par où quelques règnes après, les Arabes pénétrèrent pour la détruire.

Ce qu'il y a de désespérant, c'est que pendant que l'empereur portait si loin l'intolérance, il ne convenait pas lui-même avec l'impératrice sur les points les plus essentiels ; il suivait le concîle de Chalcédoine, et l'impératrice favorisait ceux qui y étaient opposés, soit qu'ils fussent de bonne foi, dit Evagre, soit qu'ils le fissent à dessein.

L'exemple destructeur de Justinien, ne fut que trop imité dans la suite, les hommes étant toujours portés par eux-mêmes à l'esprit de domination et d'intolérance. Ce n'était pas cependant celui de Pilpay, qui a longtemps regné dans l'Inde ; on en jugera par ce passage tout singulier de ses écrits, que Pachimère traduisit au XIIIe siècle.

" J'ai Ve toutes les sectes s'accuser réciproquement d'impostures ; j'ai Ve tous les mages disputer avec fureur du premier principe et de la dernière fin ; je les ai tous interrogés, et je n'ai Ve dans tous ces chefs de faction, qu'une opiniâtreté inflexible, un mépris superbe pour les autres, une haine implacable. J'ai donc résolu de n'en croire aucun. Ces docteurs en cherchant la vérité, sont comme une femme qui veut faire entrer son amant par une porte dérobée, et qui ne peut trouver la clé de la porte. Les hommes par leurs vaines recherches, ressemblent à celui qui monte sur un arbre, où il y a un peu de miel ; et à peine en a-t-il mangé, que les dragons qui sont autour de l'arbre le dévorent ". Essai sur l'hist. univers. (D.J.)

SECTE DE CENT, (Histoire moderne) Voyez l'article CENT.