S. m. (Théologie) nom d'un des livres de l'ancien Testament, ainsi appelé d'un mot grec qui signifie prédicateur, soit parce que l'auteur de l'ecclésiaste y prêche contre la vanité et le peu de solidité des choses du monde, soit parce qu'il recueille, comme un prédicateur, différentes sentences ou autorités des sages, pour prouver les vérités qu'il rassemble.

Les sentiments sont partagés sur l'auteur de ce livre ; le plus grand nombre des savants l'attribue à Salomon : les Juifs ont assuré que c'était le dernier de ses livres, et un fruit de sa pénitence. Quoique l'Eglise n'ait pas adopté cette dernière opinion, elle croit pourtant que l'ecclésiaste a pour auteur Salomon ; fondée, 1°. sur ce que le titre du livre porte que son auteur est fils de David et roi de Jérusalem ; 2°. sur plusieurs passages qui s'y rencontrent, et qui ne peuvent être applicables qu'à ce prince particulièrement. etc.

Grotius s'est élevé contre un sentiment si unanime, prétendant que l'ecclésiaste est postérieur à Salomon, et qu'il a été écrit après la mort de ce prince, on ne sait par quels auteurs, qui, pour donner plus de crédit à leur ouvrage, l'ont publié sous le nom de Salomon, en observant d'y peindre et d'y faire parler ce roi comme un homme touché et pénitent de ses désordres passés, et la preuve qu'il en apporte, c'est qu'on trouve dans ce livre des termes qui ne se rencontrent que dans Daniel, Esdras, et les paraphrases chaldéennes : allégation bien frivole, car Grotius a-t-il prouvé que Salomon n'entendait pas la langue chaldéenne ? Ce prince qui surpassait tous les hommes en science, et qui avait commerce avec tous les potentats voisins de ses états, et avec leurs sages, pouvait très-bien entendre la langue d'un peuple aussi proche de lui que l'étaient les Chaldéens. D'ailleurs la raison de Grotius irait donc à prouver que Moyse n'est pas l'auteur de la Genèse, parce qu'on trouve dans ce livre deux ou trois mots qui ne peuvent venir que de racines arabes ; et parce qu'on en trouve plusieurs dans le livre de Job qui sont dérivées de l'arabe, du chaldéen et du syriaque, il s'ensuivrait donc qu'un Arabe, un Chaldéen et un Syrien seraient les auteurs de ce livre, qu'on n'attribue pourtant constamment qu'à une seule personne, soit Moyse, soit Salomon. Pour revenir à ce mélange si leger du chaldaïque avec l'hébreu dans l'ecclésiaste, quelques-uns croient qu'il pourrait venir d'Isaïe, à qui l'on attribue d'avoir recueilli et mis en ordre les ouvrages de Salomon.

Un professeur de Wirtemberg prétend que la véritable raison qui empêchait Grotius de reconnaître Salomon pour auteur de l'ecclésiaste, c'est qu'il trouvait que pour son temps il parlait trop clairement et trop précisément du jugement universel, de la vie éternelle et des peines de l'enfer ; comme si ces vérités ne se trouvaient pas aussi nettement énoncées dans le livre de Job, dans les pseaumes et dans le pentateuque, dont les deux derniers sont évidemment antérieurs à Salomon.

Quelques anciens hérétiques ont cru au contraire que l'ecclésiaste avait été composé par un impie qui ne reconnaissait point d'autre vie. Voyez le dictionn. de Trév. Moréry, et Chambers. (G)

ECCLESIASTE, Prédicateur : on trouve dans les historiens du XVIe siècle, que Luther, quand il commença à répandre ses erreurs, prit le titre d'ecclésiaste de Wirtemberg ; et à son exemple quelques ministres protestants se le sont aussi arrogé : c'étaient des prédicateurs sans mission légitime. Voyez MISSION. (G)