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Catégorie : Theologie
(Théologie) sentiments du docteur Luther et de ses sectateurs sur la Religion.

Le luthéranisme eut pour auteur, dans le XVIe siècle, Martin Luther, dont il a pris son nom. Cet hérésiarque naquit à Eisleben, ville du comté de Mansfeld en Thuringe, l'an 1483. Après ses études il entra dans l'ordre des Augustins en 1508 : il vint à Vittemberg et y enseigna la Philosophie dans l'université qui y avait été établie quelques années auparavant. En 1512 il prit le bonnet de docteur en théologie : il commença en 1516 à s'élever contre la théologie scolastique, qu'il combattit cette année là dans des thèses. En 1517 Léon X. ayant fait prêcher des indulgences pour ceux qui contribueraient aux dépenses de l'édifice de S. Pierre de Rome, il en donna la commission aux Dominicains : les Augustins prétendirent qu'elle leur appartenait préférablement à eux ; et Jean Staupitz, leur commissaire général en Allemagne, donna ordre à Luther de prêcher contre ces quêteurs. Voyez INDULGENCE.

Luther, homme violent et emporté, et d'ailleurs fort vain et fort plein de lui-même, s'acquitta de cette commission d'une autre manière que son supérieur apparemment n'avait voulu. Des prédicateurs des indulgences, il passa aux indulgences même, et déclama également contre les uns et contre les autres. Il avança d'abord des propositions ambiguès ; engagé ensuite par la dispute, il les soutint dans un mauvais sens, et il en dit tant, qu'il fut excommunié par le pape l'an 1520. Il gouta si bien le plaisir flatteur de se voir chef de parti, que ni l'excommunication de Rome, ni la condamnation de plusieurs universités célébres, ne firent point d'impression sur lui. Ainsi il fit une secte que l'on a nommé luthéranisme, et dont les sectateurs sont appelés luthériens, du nom de Luther, qui approche du grec, et qu'il prit au lieu de celui de sa famille, qui était Loser ou Lauther. C'était la coutume des gens de lettres dans ce siècle de se donner des noms grecs, témoins Capnion, Erasme, Melanchton, Bucer, etc. Voyez NOMS.

En 1523 Luther quitta tout à fait l'habit religieux, et en 1525 il séduisit une religieuse nommée Catherine de Bere, la débaucha et l'épousa ensuite publiquement. Après avoir attiré l'Allemagne à ses sentiments, sous la protection du duc de Saxe Georges, il mourut à Eisleben, sa patrie, l'an 1546. Voyez REFORME.

Les premiers qui reçurent le luthéranisme furent ceux de Mansfeld et ceux de Saxe : il fut prêché à Kreichsaw en 1521 : il fut reçu à Groslar, à Rostoch, à Riga en Livonie, à Reutlinge et à Hall en Souabe, à Augsbourg, à Hambourg, à Trept en Poméranie en 1522, en Prusse en 1523 ; à Einbech, dans le duché de Lunebourg, à Nuremberg et à Breslaw en 1525 ; dans la Hesse en 1526 ; à Aldenbourg, à Strasbourg et à Brunswich en 1528 ; à Gottingen, à Lemgou, à Lunebourg en 1530 ; à Munster et à Paderborn en Westphalie en 1532 ; à Etlingen et à Ulm en 1533 ; dans le duché de Grubenhagen, à Hanovre et en Poméranie en 1534 ; dans le duché de Wirtemberg en 1535 ; à Cothus dans la basse Lusace en 1537 ; dans le comté de la Lippe en 1538 ; dans l'électorat de Brandebourg, à Brême, à Hall en Saxe, à LÉïpsic en Misnie, et à Quedlinbourg en 1539 ; à Embden dans la Frise orientale, à Hailbron, à Halberstad, à Magdebourg en 1540 ; au Palatinat dans les duchés de Neubourg, à Ragensbourg et à Wismar en 1540 ; à Buxtende, à Hildesheim et à Osnabrug en 1543 ; dans le bas Palatinat en 1546, dans le Mecklenbourg en 1552 ; dans le marquisat de Dourlach et de Hochberg en 1556 ; dans le comté de Bentheim en 1564 ; à Haguenau et au bas marquisat de Bade en 1568, et en 1570 dans le duché de Magdebourg. Jovet, tom. I. p. 460. 461.

Le luthéranisme a souffert plusieurs variations, soit pendant la vie, soit depuis la mort de son auteur. Luther rejetait l'épitre de S. Jacques, comme contraire à la doctrine de S. Paul touchant la justification, et l'apocalypse ; mais ces deux livres sont aujourd'hui reçus par les Luthériens. Il n'admettait de sacrements que le Baptême et l'Eucharistie ; il croyait l'impanation, c'est-à-dire que la matière du pain et du vin reste avec le corps de Jesus-Christ, et c'est en quoi les Luthériens diffèrent des Calvinistes. Voyez CONSUBSTANTIATION.

Luther prétendait que la messe n'est point un sacrifice ; il rejetait l'adoration de l'hostie, la confession auriculaire, toutes les œuvres satisfactoires, les indulgences, le purgatoire, le culte et l'usage des images. Luther combattait la liberté, et soutenait que nous sommes nécessités en toutes nos œuvres, et que toutes les actions faites en péché mortel, et les vertus mêmes des payens sont des crimes ; que nous ne sommes justes que par l'imputation des mérites et de la justice de Jesus-Christ. Il blâmait le jeune et l'abstinence de la viande, les vœux monastiques et le célibat des personnes consacrées à Dieu.

Il est sorti du luthéranisme trente-neuf sectes toutes différentes ; savoir les Confessionistes appelés Miricains, les Antinomiens, les Samosatenses, les Inferains, les Antidiaphoristes, les Antiswenkfeldiens, les Antosandrins, les Anticalvinistes, les Imposeurs des mains, les Bissacramentaux, les Trisacramentaux, les Confessionistes, les Mous-philosophes, les Maionistes, les Adiaphoristes, les Quadrisacramentaux, les Luthero-Calvinistes, les Anmétistes, les Mediosandrins, les Confessionistes opiniâtres et Récalcitrants, les Sufeldiens, les Onandrins, les Stanoanriens, les Antisancariens, les Zuingliens simples, les Zuingliens significatifs, les Carlostatiens, les Tropistes évargiques, les Arrabonaires, les Sucéfeldiens spirituels, les Servetiens, les Davitiques ou Davidi-Georgiens, et les Memnonites. Jovet, tome I. p. 475. Dictionnaire de Trévoux.




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